Porte-moi dans tes bras jusqu'au néant
coule-moi profond dans l’eau sans appel du monde
jusqu’à l’oubli sidéral
Caresse-moi jusqu’à m’éparpiller
traverse-moi plus fort que le vent
mélange-moi comme fleuve et mer
blé à la terre
sang contre sueur
sois cette migraine de part en part
cette vrille qui retrace mes frontières
lâche-moi dans tous les fossés
plus loin que leurs pièges
viens cogner tes os contre les miens
tes dents contre mes échardes de verre
passe par-dessus mes douves de chair en colère
secoue mes fagots de mots inavoués
mes mensonges en moisson fanée de mes greniers secrets
je n’ai plus à entretenir mes mystères
j’étouffe dans mes prisons tissées de peurs lourdes
sois l’orage qui casse mes vieilles tuiles
fais claquer mes voiles jusqu’à la déchirure
lézarde les murs et fend les portes
fais de moi des éclats de poussière montant très haut
brise-moi avant que je ne me désagrège
traverse-moi traverse-moi
mais
Porte-moi dans tes bras jusqu'au néant