Il était une fois une princesse qui vivait dans un royaume enchanté. Elle avait tout ce qu’elle désirait, mais se lamentait. Aucun des princes qu’elle avait rencontré n’avait fait battre son cœur. Et ses parents inquiets commençaient à se faire pressants pour qu’elle trouve un fiancé. Eléonore car tel était son nom s’enfermait souvent dans sa chambre et accoudée à sa fenêtre rêvait d’un prince qui saurait la rendre heureuse.
Comme souvent, une invitation arriva au château, la reine d’un royaume proche organisait une fête et toutes les familles royales étaient invitées à s’y rendre. Eléonore n’avait aucune envie d’y aller, mais devant l’insistance de ses parents elle s’y rendit à contrecœur. Juste avant de partir son père lui parla.
- Ma petite fille, tu as bien grandi. Tu sais que nous ne vivrons pas éternellement, et il te faut trouver un mari. Je t’en conjure, n’éconduis pas tous les princes que tu croiseras ce soir. Essaye de faire connaissance, et puis peut être feras tu une belle rencontre?
La jeune femme haussa les épaules. Ces petites fêtes se terminaient toujours de la même façon. Son père lui faisant la morale dans le carrosse lors du retour au château.
La reine qui avait invité tous les royaumes des alentours vivait dans un immense château. Elle avait trois filles et s’occupait du fils de feu son royal époux. C’était une femme dure et méchante, et elle reprochait à ce jeune homme de lui rappeler son mari disparu. Aussi lui faisait-elle faire les corvées et l’obligeait elle à travailler avec les domestiques de la maison. Le jeune prince Arthur d’un naturel bon et sensible n’allait pas contre sa belle-mère. Son père était mort dans d’étranges circonstances quelques années plus tôt et depuis il se méfiait de cette femme qui semblaient avoir des pouvoirs magiques. Aussi se pliait-il aux règles qu’elle imposait et se comportait-il en domestique comme elle le souhaitait. Le château était en effervescence, la reine accueillait tout le gratin des environs et espérait qu’elle ferait en sorte de marier ses filles avec de bons partis. Arthur savait qu’il devrait passer inaperçu parmi la foule. La reine ne pouvait le cacher ou le faire travailler ce soir-là certains rois et reines le connaissant et sachant qu’il était de sang royal. Mais il avait ordre de ne pas faire de vagues et surtout de ne pas séduire la moindre princesse. La reine en effet n’avait aucun désir de céder une part de son royaume dans un mariage pour ce garçon qu’elle ne gardait que pour les apparences dans son entourage.
Lorsqu’Arthur eut terminé ses corvées, il se rendit dans sa petite chambre qui jouxtait l’aile des domestiques et découvrit un costume neuf que la reine avait mis à sa disposition. Etonné par ce cadeau, il se changea et se surprit à se trouver fort élégant. Une fois prêt il se regarda dans la glace en pied hérité des affaires de son père. Il ressemblait réellement à un prince, une vérité qu’il n’avait pas vus depuis longtemps déjà. Il s’approcha de sa table de nuit, un coffret à bijoux ouvragé prenait la poussière. Soulevant le couvercle il prit le seul bijou qu’il renfermait. Une magnifique broche ouvragée en or qui entourait une pierre polie semblant attirer la lumière. Une magnifique chaine permettait de la porter comme un médaillon. N’osant la porter trop visiblement, il la glissa dans le col de sa veste. Ainsi son père serait près de lui en cette soirée particulière. Refermant le coffret il se rendit dans la salle de réception.
Eléonore n’était guère princesse à être surprise devant l’étalage de richesses. Au contraire elle avait tendance à fuir ceux qui ostensiblement mettaient en avant leurs biens plutôt que leur personnalité. Le château où se tenait la réception était immense mais semblait dépourvu d’âme. Son père tenait sur un bras son épouse et sur l’autre Eléonore alors qu’ils arpentaient les couloirs précédés par un majordome. Une fois à l’orée de la salle de réception, l’homme pénétra et d’une voix forte, aidé d’un parchemin sur lequel figurait les noms et titres il annonça le cortège qui entra. De nombreuses têtes se retournèrent pour les regarder entrer. Eléonore s’était fait un nom en refusant les avances de bon nombre de princes des environs. Quelques personnes se mirent à chuchoter. Ce qui amusait encore plus ces gens-là que la richesse, c’était la rumeur. Alors elle devina qu’ils devaient s’en donner à cœur joie. Elle-même faisait le tour des visages qu’elle reconnaissait. Souriant de manière narquoise lorsqu’un ancien prétendant lui faisait la courbette. Son père lui lâcha le bras et disparu dans la foule son épouse toujours accrochée. Celle-ci se tournant vers Eléonore lui souffla du bout des lèvres:
- Ne fait pas de bêtises, et surtout essaye de t’amuser!
Eléonore lui répondit par un sourire désabusé. S’amuser ici? Elle se sentit bousculée par quelqu’un et se retournant découvrit les filles de la reine qui organisait le bal.
- Eléonore, quel plaisir! Nous ne te voyons guère lors des goûters organisés par les princesses des environs. Nous avions même cru que tu avais enfin trouvé un époux et que tu étais partie pour un lointain royaume. Mais il faut croire que ça n’est pas le cas n’est-ce pas?
Elle pouffa de rire, imitée par ses deux sœurs. Plus grandes, plus belles, plus girondes qu’elle, les princesses se moquaient d’elle parce qu’elle était devenue la princesse inaccessible comme on la surnommait. Réprimant un soupir elle s’excusa et se rendit près d’une fontaine magnifique d’où jaillissait un jus délicatement coloré. Elle aimait la magie, et regrettait qu’aucun de ses parents ne soit en possession de pouvoirs. Elle-même n’ayant pu en hériter. Tellement obnubilé par la fontaine elle trébucha sur un jeune homme qui se tenait là et qui se servait un verre.
- Pardonnez-moi s’excusa t’elle les yeux baissé. Je crois que j’étais trop concentrée sur cette magnifique fontaine.
- Ne vous excusez pas, il est vrai qu’elle est belle. Encore un tour exceptionnel de la maitresse de maison. Puis je vous remplir un verre?
- Oh oui merci c’est très gentil à vous.
Lorsqu’Eléonore avait buté sur lui, Arthur n’avait pas remarqué que son médaillon était sorti de son col. Se tournant vers la jeune femme il lui tendit une coupe emplie du jus vermillon. Eléonore prit la coupe et de son autre main souleva la broche pour la regarder.
- Ce bijou est magnifique, tellement simple mais tellement précieux. On dirait que la pierre renferme une âme.
- C’était un cadeau de mon père, bredouilla Arthur en essayant de la reprendre pour la cacher avant que d’autres personnes ne la remarque.
- Pourquoi cachez-vous un tel trésor?
- Parce que comme vous venez de le voir elle attire l’attention. Et qu’il ne m’est pas vraiment autorisé d’attirer l’attention. Pardonnez-moi jeune dame, mais je dois vous quitter.
- Non de grâce restez, pour une fois qu’un prince ne cherche pas à attirer l’attention, ni à faire étalage de sa richesse, je serais vraiment déçue que vous vous retiriez ainsi!
Arthur rougit, il était mal à l’aise. Cherchant ses sœurs et sa mère des yeux il n’arriva pas à se rassurer. Il avait autorisation de serrer des mains, voire de discuter mais il savait que si sa mère le voyait en train de parler avec une princesse il serait probablement puni pour une durée assez longue. Eléonore trouvait ce garçon fort attirant. Il était mignon, mais surtout tellement intimidé qu’elle se sentait séduisante et non pas un parti qu’il fallait à tout prix conquérir. Usant de ses charmes, elle essaya de voir si elle pouvait lui plaire. Arthur ne savait plus que faire pour s’en sortir. Cette princesse semblait être séduite. Et il fallait bien reconnaitre qu’elle plaisait énormément au jeune prince. Ses balbutiements et maladresses étaient pour elle des douceurs et plus il tentait de s’en défaire plus il avait l’impression qu’elle s’accrochait à lui. Levant les yeux il vit une de ses sœurs le regard horrifié qui disparut dans la foule. Son cœur se mit à battre la chamade. La princesse s’était rapprochée de lui, à tel point que sans s’en rendre compte leurs lèvres se touchèrent et un éclair sembla foudroyer leurs deux corps. Arthur sut alors que cette jeune femme était celle avec qui il voulait fonder un foyer. Eléonore sentit ce frisson au plus profond de son cœur. Elle avait attendu tant d’années de trouver l’homme qui saurait la chavirer. Leurs lèvres restèrent coller un temps indéfini, mais une voix forte les fit sursauter.
- Alors jeune homme! Ne deviez-vous pas vous tenir à l’écart des problèmes?
Autour d’eux la foule était figée. Mais pas de façon naturelle. Arthur mit un bras devant lui et repoussa Eléonore derrière lui.
- Ho mais mon petit c’est un peu tard pour penser à ça non?
La femme psalmodia et Arthur fut projeté quelques mètres plus loin sur le carrelage. Eléonore comprit que cette femme était une sorcière et qu’elle avait figé le temps autour d’eux.
- Mais qui êtes-vous?!
- Je suis ton pire cauchemar ma toute belle. Vois-tu je pensais en organisant cette réception que mes filles trouveraient enfin des époux et que je pourrais augmenter la surface et la puissance de mon royaume. Au lieu de quoi, ce petit imbécile fait palpiter le cœur de la princesse inaccessible. Comme c’est touchant n’est-ce pas? Sauf qu’il est absolument impensable que je laisse ce freluquet se marier avec vous. Ce royaume m’appartient et m’appartiendra tant qu’il n’aura pas trouvé femme. Et comptez sur moi pour qu’il ne trouve jamais femme…
Eléonore était effrayée. La femme devant elle souriait de manière cruelle. Elle comprit que la situation était particulièrement compliquée. Et lorsque la femme d’une voix gutturale laissa jaillir des sons étranges, elle comprit qu’un sort s’abattait sur elle. Et sa conscience partit dans des tourbillons de couleurs d’où elle savait qu’elle ne pouvait s’extraire seule.
Arthur s’était relevé. Sa belle-mère était près du corps d’Eléonore, il voulut hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Sa mère posa discrètement son index sur ses lèvres. Puis se penchant sur la princesse elle s’exclama.
- Vite cette jeune femme vient de faire un malaise! Qu’on fasse venir un médecin et un sorcier. Son teint est si pâle, j’ai peur qu’on ne lui ai jeté un sort!
Les rois et reines la connaissant bien lui demandèrent d’utiliser ses propres pouvoirs pour tenter de briser le sortilège ou d’en comprendre la nature. Se faisant prier un peu, elle se pencha sur la jeune femme et par des mouvements délicats et sensuels sembla prendre la mesure du mal qui frappait Eléonore. La reine jubilait. Elle avait réussi à devenir le centre de l’attention de la soirée tout en se séparant de cette petite peste et du risque qu’elle représentait de lui voler son royaume.
- Cette jeune princesse vient d’être victime d’un sortilège maléfique! Qui donc a pu lui vouloir du mal? Elle ne pourra retrouver la vie que si le prince qui fait battre son cœur lui dépose un baiser.
Arthur entendit ça et voulut se jeter en avant, mais il se rendit compte qu’il n’était plus maître de son corps. Figé il regarda la foule qui chuchotait et qui semblait paralysée de frayeur. Les invités commencèrent à quitter précipitamment les lieux de peur que d’autres maléfices ne soient jetés. Certains princes profitèrent de la confusion pour tenter de réveiller Eléonore mais hélas personne n’y arriva. Arthur sentit ses jambes le mener contre sa volonté hors de la salle de réception et jusqu’à sa chambre. Il quitta ses atours de prince, et reprit sa tenue d’employé de maison. Seule sa broche qui était restée sur lui se retrouvait maintenant sur sa peau nue sous sa chemise et diverses couches de vêtements. Puis il s’allongea et plongea dans un sommeil sans rêves.
Arthur se rendit compte qu’il reprenait petit à petit le contrôle de lui quelques jours après que la malédiction aie frappée Eléonore. Malheureusement dès qu’il tentait de sortir du château il faisait demi-tour à son insu et retournait dans sa chambre. Un soir pleurant sur son lit la voix douce de son père sembla résonner dans sa tête.
- Arthur mon enfant pourquoi donc es-tu si malheureux?
- La femme que j’aime a été victime des pouvoirs de ta femme et maintenant elle est comme prisonnière de son propre corps et seul un baiser de ma part pourra la réveiller.
- Et bien pourquoi ne vas-tu pas le faire?
- Parce que ta femme m’en empêche. Savais tu que c’était une sorcière?
- Bien sûr mon petit. J’ai même essayé de la rendre meilleure et de la sauver de son côté noir. J’étais un magicien moi aussi même si tu ne l’as jamais su. Mais il faut croire que le mal est trop ancré en elle, et qu’elle l’a légué à ses filles d’ailleurs. Bref à elles quatre elles ont réussi à mettre mes protections à bas puis à me tuer.
- Alors que puis-je faire!
- La magie de l’amour mon garçon, et la broche d’Amphisius que tu portes sur toi. Crois en toi et en ton amour pour cette jeune femme. Tu es prêt à recevoir mes pouvoirs mon garçon, fais en bon usage surtout.
Arthur sentit une sorte de chaleur qui irradiait sur sa poitrine à l’endroit où la broche pendait. Une chaleur qui devint vite désagréable pour se transformer en brulure. Arrachant sa chemise il découvrit que la broche avait pénétré ses chairs comme s’il n’était qu’une motte de beurre percée par un couteau chauffé au rouge. Seule la pierre était encore visible au milieu de son sternum. Et sa peau semblait parcourue d’éclairs rouges allant et venant, palpitant en son sein. Arthur sentit qu’une force puissante essayait de rentrer dans son esprit pour voir ce qu’il faisait. Et comme s’il avait toujours su comment faire il la berna. Lui faisant croire qu’il dormait profondément. La présence disparue aussitôt le laissant désespérément seul. Sa chambre était au premier étage du château aussi, déchira t’il quelques draps pour les nouer entre eux et en faire une corde. Il les attacha au pied du magistral lit en bois puis les laissa tomber par la fenêtre et s’enfuit dans la nuit.
Il ne savait pas où vivait la princesse qu’il cherchait. Mais à force de persévérance et de temps il découvrit le royaume qu’il cherchait. Plusieurs fois ses sœurs et sa belle-mère tentèrent de pénétrer son esprit pour essayer de découvrir où il avait disparu. Mais il avait fini par les convaincre qu’il était mort et même si au début elles n’y crurent pas. Après plusieurs jours d’essais elles finirent par cesser leurs sorts. Arthur savait qu’elles fêtaient probablement ce qui devait être pour elle une très bonne nouvelle. N’ayant suivi aucune formation magique il était incapable d’altérer son apparence ou même de lancer un sort. Tout au plus arrivait il à se protéger des attaques magiques. Aussi lorsqu’il arriva au pied du château il semblait être un vagabond. Ses vêtements en loque, il était livide, exsangue et surtout une barde broussailleuse lui mangeait le visage. Les gardes refusèrent de le laisser rentrer. Mais se décidant à rester devant les grilles autant de temps que nécessaire il finit par attirer l’attention de la maisonnée.
- Mais enfin, pourquoi ne pas laisser entrer ce voyageur et l’écouter?
- Parce que je ne veux pas qu’un pouilleux entre à ma cour s’exclama le roi!
Depuis des semaines maintenant tout ce qui se fait de prince est venu ici. Les uns après les autres ils ont tentés de réveiller Eléonore. Je t’avoue que j’en ai plus qu’assez de voir tous ces libidineux et avides se pencher pour poser leurs lèvres sur les siennes!
- Alors pourquoi ne pas laisser entrer ce garçon et l’écouter?
- Parce que les gardes me disent qu’il prêtant être celui qui réveillera Eléonore. Non mais as-tu vu cet homme? Ce n’est pas parce que tous les princes ont échoués que je vais laisser les vagabonds et autres va nu pieds venir faire des courbettes et embrasser ma fille!
La reine n’insista pas. Son cœur pourtant lui disait que l’homme qui attendait jour et nuit devant les grilles du château n’était pas un mauvais bougre. Faisant venir le meilleur magicien du royaume à l’insu de son époux elle lui demanda de pénétrer le cœur de l’homme devant les grilles et de lui dire s’il était vraiment un prince. Le magicien bien entendu se heurta à une force bien supérieure à la sienne. Tout d’abord étonné, il avoua son impuissance. Mais proposa à la reine d’aller lui parler.
Alors qu’il s’approchait d’Arthur il sentit la puissance de la broche d’Amphisius. Au point que courbé sur son bâton de marche il faillit s’affaisser sur le pont de l’autre côté des grilles. Arthur qui vit ce pauvre vieil homme faire un malaise réussit à se faire ouvrir les grilles et se précipita pour l’aider. Le vieil homme le remercia et plongeant prestement la main sous ses vêtements en lambeaux toucha la pierre.
- Ainsi tu es Arthur n’est-ce pas? Je connaissais bien ton père. Je suis désolé qu’il soit mort ainsi, j’ai tout fait pour l’aider mais elles étaient trop fortes…
- Vous me connaissez? Vous savez pour mon père?
- Oh oui mon enfant. Viens, accompagne moi à l’intérieur veux-tu?
Faisant signe aux gardes il leur indiqua qu’il n’y avait rien à craindre et qu’il connaissait ce jeune homme. Ceux-ci haussèrent les épaules, contents d’être débarrassés de ce voyageur puant.
- Écoute-moi, tu n’auras qu’une seule chance de réveiller Eléonore. Tu es sûr que tu es l’élu?
- Oui c’est ma mère qui l’a ensorcelée parce que nous venions de nous embrasser.
- Alors mon garçon sauve Eléonore, pour moi, pour son père et sa mère. Pour venger ton père.
Arthur se rendit compte qu’il portait désormais une tunique magnifique et qu’il était peigné et rasé de frais. Une douce odeur de parfum l’enveloppant. Le vieux sorcier le présenta comme un prince d’une très lointaine contrée qui avait vu Eléonore dans ses rêves. Le vieux roi désabusé fit un signe de la main afin de donner son accord sans même accorder le moindre regard à Arthur. Celui-ci pénétra dans la chambre de sa bien-aimée et resta comme suspendu un instant en la regardant. Son cœur battant la chamade il avança vers elle. Il sentit alors une étreinte tenter de l’arrêter. Puis une autre, et une autre encore. Et enfin sa belle-mère se matérialisa face à lui.
- Où donc crois-tu aller?
- Sauver Eléonore! Et vous ne pouvez pas m’en empêcher.
Les sortilèges de ses sœurs meurtrissaient ses chairs. Pourtant Arthur continuait d’avancer. Sa tunique fut déchirée par des lames invisibles. Son corps lacéré se couvrit de sang. Sa belle-mère le laissa approcher suffisamment puis tendant sa main elle approcha de sa poitrine. Des ongles inhumains poussèrent et commencèrent à rentrer dans sa chair autour de la pierre d’Amphisius. Arthur contraint au silence par un sortilège se figea. Il ne sut pourquoi, mais il laissa faire sa belle-mère, tentant même de se rapprocher d’elle un peu plus. Et lorsque ses doigts se refermèrent telle une serre sur la pierre, celle-ci se mit à l’absorber. Une puissance telle rayonna qu’on aurait dit qu’un soleil pulsait dans la poitrine d’Arthur. Toutes les forces du mal enfermée dans la pierre et lui donnant son pouvoir désagrégèrent l’âme de la méchante sorcière qui vint s’ajouter et augmenter encore la puissance du joyau. Ses filles perdirent leurs pouvoirs et disparurent telles des ombres sous une lumière éclatante.
Arthur s’avança alors en titubant vers Eléonore, et se penchant vint déposer un baiser sur ses lèvres. La jeune femme ouvrit les yeux et ne put réprimer un cri de surprise en voyant le jeune homme presque dénudé et couvert de blessures.
Son père à ce cri pénétra dans la pièce l’arme au poing et manqua presque se précipiter sur Arthur. Mais voyant Eléonore qui le regardait avec surprise, assise sur son lit il tomba à genoux et se mit à pleurer.
Arthur et Eléonore eurent un très beau mariage, et dans le grand château dont Arthur hérita ils décidèrent de créer une école de magie ainsi qu’un orphelinat accueillant tous les enfants malheureux qu’ils purent et qui vécurent avec leurs propres enfants dans une harmonie des plus parfaites.