S.H.I.Z.U.K.A.
We Are Empty
(Chez Kito Kat)
Il n’y a pas que chez nos voisins anglais que l’on sait concocter de l’IDM qui frappe les neurones, à l’mage du deuxième album, We Are Empty, d’Anthony Dokhac aka S.H.I.Z.U.K.A.. Son univers tout en sonorités saturées pousse les mélodies hantées à franchir les barrières de l’indicible, là où des fantômes robotiques semblent errer sur des terres à la radio-activité permanente, surchargées d’une électricité dévastatrice qui aime déranger l’auditeur de par sa noirceur nucléaire. Si la connexion avec certaines oeuvres sorties chez Warp au milieu des années 90 semblent évidentes (Aphex Twin, Squarepusher, Boards Of Canada), S.H.I.Z.U.K.A. développe un univers singulier qui n’hésite pas à emprunter à l’indus, au hip hop voir à la cold wave, déployant tout un arsenal de tournures minimalistes à la richesse évocatrice qui ne sombrent jamais dans la redondance, jouant avec les sens et les mini-modulations sinusoïdales appuyées par des loops entêtants, créant des paysages dévastés où la lumière se résume à quelques zébrures synthétiques à la mélancolie romantique poisseuse et contagieuse, qui ne sont pas sans évoquer Speedy J, Techno Animal ou Dälek. Un album de fin du monde intransigeant et brillant, aux envolées cinématographiques subjuguantes. Vital.
Roland Torres