Car Frédéric Péchenard était avant tout un "pro". Il aurait dû rester en fonction. Il fallait oublier qu'il était l'ami d'enfance de Nicolas Sarkozy, et nommé à ces hautes fonctions par l'ancien monarque après 2007. Avec Michel Gaudin et Bernard Squarcini, Frédéric Péchenard complétait le trio de tête qui dirigeait les forces de l'ordre du pays.
Le premier, préfet de police de Paris entre mai 2007 et mai 2012, a rapidement suivi son ancien mentor. Dès l'été 2012, le voici directeur de cabinet de l'ancien monarque. Le second est encore en réserve, toujours mis en examen dans l'affaire des fadettes. Le troisième vient donc d'annoncer qu'il se lançait dans la campagne municipale à Paris, pour le compte de l'UMP.
Quelle surprise ! Pouvions-nous, avec 6 années de retard, rappeler combien la police version Sarkofrance, était dirigée par l'UMP ?
" je n’ai pas ma carte à l’UMP, même si j’en partage les idées"Le gars, pour annoncer sa candidature dans les colonnes du JDD ce 8 décembre, n'y va pas par quatre chemins. Son entrée "officielle" en politique n'est pas innocente.
Votre ami d’enfance Nicolas Sarkozy est-il intervenu?Sur Paris, il a plein d'idées. Bizarrement, dans cette capitale dont la sécurité est du ressort d'une police nationale qu'il dirigea un quinquennat durant avec son ancien compère Michel Gaudin, le voici qu'il considère qu'elle s'est dégradée depuis ... 18 mois.
Nous nous connaissons depuis longtemps, Nicolas Sarkozy et moi : nous habitions dans la même rue et nos mères sont très amies. Quand cette idée de candidature a commencé à germer, je suis allé lui en parler, pour avoir son sentiment. Il m’a fortement encouragé.
Plus grave, car le sujet est grave, il lâche toutes sortes d'incantations sans lendemain. On ne comprend qu'une chose, la candidature de Péchenard est un gadget politique.
Primo, il souhaite que les 3.000 inspecteurs et agents chargé de la circulation et du stationnement soient réaffectés à la surveillance de proximité. L'idée est cocasse. L'artisan de la destruction de la police de proximité, pour le compte d'un Sarkozy qui préférait les bruyantes interventions de la BAC ou de forces spéciales, donne des leçons de réaffection d'effectifs. Quand on l'interroge sur les 1.500 suppressions de postes dans la capitale, il masque d'abord ("Quand j’étais DGPN, la police française a supprimé environ 5.000 postes, essentiellement dans les fonctions supports, mais aucun à la préfecture de police"), puis se contredit ("aujourd’hui, le problème de la police n’est pas le nombre de policiers mais sa paupérisation.") et enfin élargit: "60% des délits commis à Paris sont le fait de délinquants venus de banlieue (...). Il faut regarder les chiffres globalement, à l’échelle du Grand Paris". On ne comprend plus. Est-ce donc la faute de l'actuel maire de Paris ?
Pour clore le débat sur son propre bilan, il attaque donc: "Le maire de Paris dit que "Paris n’est pas le Bronx" ; à certains endroits, ça commence pourtant à y ressembler sérieusement." Et il délimite le problème aux 18 derniers mois.
C'est plus facile, à défaut d'être convaincant. Il aurait fallu rappeler que les atteintes aux personnes n'étaient "que" 33 657 en 2007, pour grimper à 34 402 en 2008, puis 35 386 en 2009, et encore 38 695 en 2010. En 2011, elles baissent enfin à 35 743, puis 35 450 en 2012, sans toutefois retrouver le niveau d'il y a 6 ans.