Sarkozy comme Churchill, traumatisé ambitieux

Je trouve dans la biographie de Churchill par François Bédarida quelques traits de personnalité attribuables aujourd’hui à notre président Sarkozy. Loin de moi l’idée de comparer le grand Breton au petit Parisien ; les origines, l’éducation, les circonstances historiques ne sont évidemment pas les mêmes. Mais la façon dont se sont forgées les deux personnalités ouvrent des rapprochements inattendus.

« Au point de départ il y a le trauma psychologique remontant à la première enfance et provoqué par le défaut d’affection et le sentiment de déréliction dont a souffert profondément et profondément le petit Winston. » p.46 Même chose pour le petit Nicolas, si l’on en croit la biographie de Catherine Nay : une enfance marquée par le divorce des parents, la disparition du père. L’âge de Nicolas lors de la séparation et sa position en second dans la fratrie l’ont rendu plus conscient et plus sensible à la fois. Il a besoin qu’on l’aime, il fait tout pour se faire remarquer. Si on le considère, il est capable de succès inouïs. Tout comme Winston : « En compensation de ce manque d’amour, et comme pour surmonter une impression persistante d’insécurité, le jeune homme a développé une farouche volonté de réussir par tous les moyens, afin de faire la preuve, à coup d’exploits – aussi bien à ses propres yeux qu’aux yeux des autres – de ses capacités et de ses talents. » p.46

D’où la carrière cyclothymique et l’art de se mettre en valeur de Winston Churchill. Il fut même ministre de l’Intérieur en 1910 ! Nicolas Sarkozy est forgé à la même trempe. Une différence, peut-être, la nature dépressive de Winston dont Nicolas ne semble pas affublé. A moins que les épouses, celle fort aimée et unique de Churchill (nous étions dans le puritanisme Victoria), et les épouses successives de Sarkozy (dont il semble avoir un un vital besoin), ne servent de refuge, de faire-valoir et d’antidépresseur aux deux hommes ?

Reste ce danger qui a guetté Winston Churchill et qui guette Nicolas Sarkozy : « A attirer constamment la foudre sur sa tête sans se garantir le moindre paratonnerre, est-il si étonnant qu’il ait fini par être foudroyé ? » p.151. Une leçon à méditer pour le Président qui aime les biographies des grands hommes.

Catherine Nay, Un pouvoir nommé désir, biographie de Nicolas Sarkozy, Grasset janvier 2007, 476 pages.
François Bédarida, Churchill, Fayard 1999, 572 pages.