Souvenez-vous, c'était en 2010, l'affaire avait alors fait grand bruit, l'hebdomadaire américain Newsweek, un titre de renommée mondiale, choisissait pour faire face à la baisse continue de ses ventes, d'abandonner sa version papier et de ne plus paraître que sous format numérique. Cela avait été interprété comme une preuve supplémentaire de la mort imminente de la presse papier. Pourtant, à peine 3 ans plus tard, et dans une discrétion relative, Newsweek annonce un retour au papier pour ses abonnés, s'inspirant de The Economist.
Cet épisode vient rappeler que la presse n'a pas trouvé son modèle économique, qu'elle cherche encore entre le numérique gratuit, le numérique payant, ou la vente au numéro et par abonnement. A cela sont venues s'ajouter les tablettes, et le plus souvent, c'est un mélange de tout cela qui cohabite. Paradoxalement, depuis l'arrivée d'internet, le nombre de lecteurs de presse a considérablement augmenté. Ce sont aujourd'hui des millions de lecteurs qui lisent la presse en ligne. Mais dans le même temps, les journaux continuent de perdre de l'argent.
Pourtant, des modèles économiques qui fonctionnent, il y en a, et curieusement, ils ne sont pas ou peu mis en avant. En France, on peut en compter au moins deux qui se partent relativement bien : Le Canard Enchaîné et Médiapart. Deux modèles économiques très différents et qui ont pourtant des points communs importants :
- Le choix de n'être diffusé que sur un seul support, papier pour le Canard, numérique pour Médiapart
- L'absence totale de publicité permettant ainsi une indépendance claire des milieux économiques.
- Les deux titres ne sont pas adossés à des grands groupes ou à des holdings, renforçant là encore l'idée d'indépendance.
- Une ligne éditoriale claire, indépendante de tout pouvoir.
Je crois que la vraie réponse à la crise que connaît la presse écrite ne réside pas dans son mode de diffusion, mais dans son indépendance éditoriale et surtout dans le fait qu'un journal doit d'abord et avant tout servir à informer et non pas à enrichir des actionnaires.