Ah, le Hainaut ! Rien que ce nom provincial évoque des images de safari chez les Bruxellois. Mons, son chef-lieu, est lui l’archétype du lieu de perdition pour tout Flamand. Terre de socialisme et empire baraki, la cité du Doudou s’ouvrait aux nouvelles technologies le troisième week-end de novembre. Tout un programme, toute une expédition !
En tant que régional de l’étape et fier propriétaire d’une demeure du centre-ville montois, l’emplacement choisi pour ces Media Days ne me faisait pas peur. Oui, j’ai déjà tout connu de Mons, goûté aux mitraillettes de toutes ses friteries, participé à ses festivités locales barbares et affronté le samedi après-midi au Carrefour des Grands Prés. C’est d’ailleurs précisément dans cette nouvelle partie de la ville, les Grands Prés, que nous fûmes invités à la présentation du salon destinée à la presse. La PRESSE, celle qui porte un badge et à laquelle on offre une coupe de champagne bien méritée (cf. notre compte-rendu de la Japan Expo). À Mons, les gens sont chaleureux et savent recevoir, ça oui…
On en rigole maintenant, mais on ne savait pas à quoi s’attendre en pénétrant dans le hall des expositions. Les tonnes de préjugés sur les Hennuyers font leur oeuvre, même chez un des leurs… Pourtant, l’organisation nous rassure d’emblée. Visite guidée intéressante (en compagnie du bourgmestre faisant fonction, s’il vous plaît), stands aérés, espaces élégants et grandes marques nous mettent à l’aise. Les Media Days sentent le professionalisme et le respect du visiteur.
Notre premier arrêt se situe devant ces imprimantes 3D si intrigantes. L’exposant répond aimablement à toutes nos questions : Quel est l’objectif à court terme des vendeurs ? La fiabilité est-elle déjà suffisante ? Le matériau employé est-il hypoallergénique et dès lors propice à la fabrication de sextoys (tiens, je ne sais plus si on l’a vraiment posée celle-là…) ? D’une patience d’ange, le représentant nous passionne pour cette innovation.Les grosses télés, vous aimez ça ? Samsung et Sony aussi, et s’échinaient d’aiileurs à prouver le bien-fondé de la 4K sur un écran qui ne rentrera jamais dans votre salon. Cette débauche visuelle suscite encore des réflexions pertinentes chez les membres de Be-Games dépêchés : « Je serais curieux de voir ce que donnerait ma Megadrive là-dessus. Enfin, en RGB évidemment. » Ou quand la technologie se heurte à notre oeil ringard… ou médisant. Quel plaisir malicieux nous prenons en constatant que la télé Sony du futur est reliée à une… Xbox One !Oui, la Xbox One ! En Belgique ! On se jette dessus et on arrête de justesse l’exposant qui s’apprête à enfourner Forza. Non, donne-nous deux manettes et fais péter Killer Instinct ! Beau, très accessible et fun, le jeu de Rare – qui n’est plus un jeu de Rare – fait même fondre nos deux inconditionnels du PC que sont Shortcut et Trunks. Ce dernier, désormais rabiboché avec Microsoft, tire même un numéro gagnant à la loterie organisée par le stand Surface. Il gagne un exemplaire de Forza Horizon, qui a tout du cadeau empoisonné. En effet, notre cher rédacteur ne possède plus de Xbox 360 depuis qu’il l’a revendue pour financer l’achat d’une GCW Zero, à son tour convertie en argent pour acquérir une Nvidia Shield… Mais ne nous égarons pas, Microsoft a conquis l’homme qui dédaigne déjà la PS4 et son Killzone « pas si beau que ça en fait. Et de toute façon, un PC avec une bonne carte graphique… » et patati patata, vous connaissez la chanson.
Admettons, mais comme je demande à voir, je visite les stands proches tenus par deux acteurs majeurs du PC. Avec la puissante gamme ROG d’Asus et les derniers portables de MSI, ça turbine du ventilo chez les deux constructeurs tatoués « gamer ». Néanmois, on ne m’impressionnera pas en me montrant un Fifa 14 tournant à 6000 FPS ou un Counter Strike, encore lui… Bon, le fait est qu’on a un petit jeune avec nous qui touche sa bille à CS et qui veut aller se mesurer à une championne mondiale de la discipline. Vas-y mon gars, amuse-toi. Vite plié, le match (si on peut dire) se solde par le score de 9-1 en faveur de la diva de la souris, qui arbore un joli sourire moqueur. Bien joué, mon petit bonhomme ! Attends un peu, les trentenaires vont te montrer comment on joue.
Tu sais, petit, à notre époque, il y avait des salles d’arcade avec des bornes de course à tous les coins de rue. Alors, ce n’est pas ce petit simulateur de F1 qui va nous résister… Six bornes cockpit reliées, c’est toute notre enfance. Je m’installe confiant sur mon siège et c’est parti ! … enfin pour les autres puisque je me suis crashé dans les stands et que le responsable doit venir me débloquer du mur. Je la ramène moins, mais je me concentre pendant la course et parviens fièrement à finir deuxième. J’en glousse de fierté avant de voir la tête du vainqueur : un gamin de six ans et demi…
« Honnêtement, je n’y crois pas du tout à l’Oculus Rift« . Telle est la phrase visionnaire que j’adresse à mes compères juste avant d’essayer ce casque de réalité virtuelle. Après un test rapide dans un décor de parc d’attraction, je reste fidèle à ma conviction première et j’affirme : « c’est vraiment génial ce truc, c’est l’avenir bordel. » À tête reposée, je ne sais pas si l’Oculus Rift représente l’avenir du jeu vidéo. En revanche, à côté de lui, Kinect et la caméra de Sony sont aussi excitants que le Virtual Boy. Imaginez-vous, portant le casque Oculus Rift et tournant la tête à 360° avec des sensations de vertige inconnues virtuellement. Fantastique, c’est le mot que les visiteurs utilisent tous pour qualifier cette technologie qui fait rêver. Et qu’est-ce que le jeu vidéo si ce n’est du rêve ?
Du spectacle, par contre, il n’y en avait pas réellement sur les nombreuses bornes PS3, Xbox 360 et surtout PS4. La toute nouvelle console de Sony n’aura pas convaincu grand monde avec le seul Assassin’s Creed. Et que dire des anciennes bécanes, bonnes uniquement à afficher du Fifa 14 et du Call of passion canine. Dommage de ne pas profiter de toutes ces consoles pour présenter autre chose que ce que les gens connaissent par coeur, même dans une ville de « province » comme disent les Brusselers.
Ce fut toutefois la seule fausse note de ce salon qui mettait la barre très haut. En termes d’organisation, de confort de visite, d’intérêt des produits présentés et d’amabilité des exposants, la fête du geek à Mons avait fière allure. Alors ne faites plus vos peureuses l’année prochaine et descendez dans le Sud de la Belgique, les Media Days cassent tous les clichés qui vous effraient.