Deuxième épisode de notre virée en Provence, à la rencontre des santonniers. Aujourd'hui, on visite la maison Fouque, à Aix-en-Provence, mais Noël oblige, on goûte aussi aux treize desserts...
©V.C.
Les santons Fouque, connus dans le monde entier, c’est d’abord une histoire de famille. Tout commence avec Jean-Baptiste, 1er prix de sculpture des Beaux-Arts en 1892, et 1er prix de peinture l’année suivante. En 1934, Paul Fouque, son fils de 13 ans, modèle ses premiers santons tandis que son frère les peint. Avec leur père, ils commercialisent les figurines d'argile à la foire de la Sainte-Barbe d’Aix-en-Provence.
En 1952, Paul crée le santon qui est aujourd'hui le plus vendu sous la signature Fouque : Le « Coup de mistral », un personnage qui courbe l’échine sous le mistral, ce vent qui souffle parfois durement dans le Sud de la France; il semble avancer coûte que coûte, sa cape s'envolant, la canne dans une main, l’autre tenant fermement son chapeau.
Ce santon-là, breveté, est sans doute le plus prisé des santons de Provence, en dehors des personnages de la Nativité qui sont naturellement très populaires. Il représente à lui tout seul la marque de la maison Fouque : un visage expressif, la justesse du mouvement qui donne l’impression que le personnage n’est pas figé, les détails minutieux du costume…
Dans l'atelier, le " Coup de mistral ", à gauche, attend d'être peint. ©V.C.
Chez les Fouque, les santons sont bien plus que de simples personnages d’argile. « Je n’abandonne aucun sujet », assure Mireille Fouque, maître-artisan, fille de Paul Fouque. Effectivement, le catalogue enregistre plus de 1800 références! Certains personnages sont particulièrement complexes à réaliser et nécessitent plusieurs moules. C’est le cas du « Coup de mistral ». « La création du moule, c’est comme une naissance », glisse Mireille Fouque. Cette femme enjouée dit aimer incarner « la gaieté, la tendresse » à travers la tradition santonnière. « Je ne me verrais pas créer un enfant qui pleure! ».
Comme chaque année, de nouveaux santons viennent enrichir la collection: pour le Noël 2013, on retrouvera le moissonneur, l'homme au foin, le marchand de vin, ou encore le couple d'Alsaciens. On peut les acheter directement à la boutique de l'atelier mais aussi sur la Foire aux Santons d'Aix-en-Provence, qui se tient tous les jours place du Général de Gaulle, jusqu'au 31 décembre.
Mireille Fouque travaille aujourd'hui avec son fils Emmanuel, 4ème Fouque à façonner et peindre à la main des santons provençaux. La maison a obtenu il y a quelques années le label national Entreprise du patrimoine vivant. Ce savoir-faire ancestral ne semble pas près de s'éteindre.
* Santons Fouque : 65, cours Gambetta à Aix-en-Provence. Visite guidée gratuite et exposition-vente sur place toute l’année. www.santons-fouque.com
Les santons Fouque se collectionnent dans le monde entier. ©V.C.
La crèche typiquement provençale
Elle recrée le paysage et les villages de Provence d'autrefois : outre l’étable de la nativité, elle se compose de différents mas (maisons provençales en pierres sèches et toit de tuiles) autour desquels on retrouve les éléments typiques: le puits, le four banal, le moulin, les pins, les oliviers, les animaux domestiques, les gens du village- le curé, le maître d’école, le maire, le paysan ou encore le berger. S'y ajoute tous les représentants des vieux métiers ou figures de la Provence traditionnelle: la fileuse, le meunier, la bouquetière, le navetier (fabricant les navettes provençales, ces biscuits durs parfumés à la fleur d’oranger ou l’anis), le joueur de tambour (tambourinaire)…
Certains santonniers ajoutent aussi à leur production des personnages « clin d’œil » : un parent ou une personnalité haute en couleur de leur village, par exemple.
À Fontaine-de-Vaucluse (84) on peut visiter le Musée du Santon et des Traditions de Provence où sont exposées quelque 2000 pièces uniques, certaines assez anciennes, réalisées dans différents matériaux : argile bien sûr, mais aussi mie de pain, cire, verre filé… On y découvre également des crèches créées par plus de quatre-vingt dix santonniers.
Une très belle collection de santons et crèches du XVIIIème au XXème siècles se trouve par ailleurs au musée du Palais du Roure, en Avignon.
Pas de Noël sans les santons... ni les 13 desserts
Qu'on soit croyant ou non, le mois de décembre est ponctué en Provence par les marchés aux santons et les visites des nombreuses crèches reconstituées dans les églises des villages. Dès le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe, on plante du blé dans une assiette qui germera au temps des fêtes, signe de prospérité à venir.
Le 24 décembre, on prépare le « gros souper »… qui est pourtant un repas maigre fait principalement de légumes. Vient ensuite la dégustation des treize desserts (symbole de Jésus et ses apôtres à l'origine), parmi lesquels on trouve des mendiants aux noix et fruits secs, de la pâte de coing, du nougat blanc et noir, des fruits frais de saison, de la fougasse à l’huile d’olive ou encore des fruits confits. Le choix varie parfois selon les coins de Provence.
Pour goûter à cette tradition en dehors de chaque foyer, il suffit de regarder autour de soi car nombreux sont les villages qui proposent des soirées calendales ouvertes à tous, avec chants provençaux, contes traditionnels... et dégustation des treize desserts.
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* Pour emporter le goût du Noël en Provence, une bonne adresse : les frères Silvain, paysans nougatiers à Saint-Didier, non loin de Carpentras (84) : ils font leur nougat avec leur propre production d’amandes et de miel de lavande. www.nougat-silvain-freres.fr
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