AMERICANA - Voilà bientôt 15 ans que Laura Veirs sort ses albums dans le plus grande confidentialité. Malgré 8 albums de très grande qualité, celle-ci reste en effet boudée par les radios et par le public. La voici qui remet le couvert pour une 9e galette : Warp and Weft. Et ce pour notre plus grand plaisir.
Cet album nous propose un ensemble de titres variés aux arrangements riches et lumineux. On peut distinguer deux types de titres : un premier ensemble dont les thèmes s’inspirent de la nature et des saisons comme ‘’Sun Song’’ qui débute l’album. Y sont mélangés des instruments ‘’chauds’’ comme une guitare acoustique et un pedal steel, aux sonorités plus dures de la guitare électrique, à l’opposé de ‘’Shape Shifter’’, une balade subtile qui évoque le froid de l’hiver et le besoin de compagnie.
La deuxième partie des chansons reflète l’empathie naturelle de la chanteuse : ‘’Dorothy of the Islands’’ intègre élégamment le refrain du standard blues qu’est ‘’Motherless Children’’. Ou encore ‘’Sadako Folding Cranes’’ qui fait le récit d’une très jeune survivante du bombardement d’Hiroshima (elle a réalisé mille grues en origami faisant le vœu de la paix dans le monde). Là encore on peut apprécier le travail effectué au niveau des arrangements : mandoline, cymbales et un clavier. Le tout mène au milieu à un solo de voix poignant. Simple et émouvant.
On pourrait continuer à énumérer longtemps tous les titres tant ils sont de bonne qualité et variés. Toutefois on mentionnera seulement ‘’Finster Saw The Angels’’ et ‘’That Alice’’. Le premier rend hommage à l’ouverture d’esprit du Révérant Howard Finster reconverti dans la peinture et connu pour avoir notamment dessiné la pochette d’un album de REM et des Talking Heads. Le deuxième nous offre une mini biographie de la harpiste jazz Alice Coltrane. D’ailleurs cette chanson fait énormément penser à Neil Young car on y retrouve certains éléments de ces titres les plus connus, notamment des solos de guitare qui pourraient porter sa signature s’ils étaient plus longs.
Finalement, on relèvera le titre de clôture, ‘’White Cherry’’ qui fait écho à ‘’That Alice’’ lorsque Veirs nous dit « That Alice made a palace for us ». Ce titre repose sur un magnifique ensemble de harpe, de saxophone et piano, sans oublier la section rythmique qui mélangé en différentes nappes nous emmène vers la fin de cet album dans une espèce d’ambiance nostalgique et cotonneuse.
Si la musique de Laura Veirs est centrée sur un ensemble voix-guitare-paroles, la dénommer simplement sous le terme de songwriter n’est pas lui faire justice. On sent bien que la démarche est artistique avant tout et qu’elle s’inspire de tout ce qui touche à sa sensibilité. Si on s’en tenait uniquement à l’aspect brut du songwriting, ce serait passer à côté de la richesse des arrangements. Ces derniers apportent une atmosphère intemporelle et nous transporte hors de l’espace grâce au soutien qu’ils amène à la voix de Veirs. Bref, un superbe album, le meilleur à ce jour de la chanteuse et donc à écouter d’urgence.