Les investissements dans les startups civiques américaines en pleine explosion

Publié le 09 décembre 2013 par Pnordey @latelier

Depuis 2011 plus de 431 millions de dollars ont été investis dans ce nouveau secteur en plein essor, soutenant des entreprises opérant dans des activités variées mais unies par un même souci d’amélioration de la vie des citoyens au quotidien. Le rapport réalisé conjointement par la Knight Foundation et le cabinet d’études Quid basé à San Francisco détaille cet écosystème complexe et notamment les profils des investisseurs à l’origine de cette croissance soutenue. Les auteurs cherchent ainsi à apporter plus de visibilité à ce marché encore marginal en apportant une définition large des entreprises y opérant. Est ainsi considéré comme telle toute startup permettant aux citoyens d’échanger plus efficacement avec leurs gouvernements, favorisant le dialogue démocratique et permettant de promouvoir plus de transparence et d’ouverture dans la gestion des affaires publiques. Ces entreprises offrent le plus souvent des services s’appuyant sur des mécanismes de crowdfunding et de récolte d’informations, des réseaux collaboratifs ou encore des plateformes de technologie peer-to-peer.

Une croissance portée par le peer-to-peer

Les auteurs ont examiné près de 177 opérations d’investissements destinées à plus de 100 entreprises à vocation civique et sociale et y ont identifié plusieurs tendances de fond. Entre 2008 et 2012 le secteur des entreprises civiques a enregistré une croissance de plus de 23% par an, passant de 83 à 112 entreprises. Parmi celles-ci, les entreprises de peer-to-peer enregistrent la plus forte croissance, près de 36% sur 3 ans et levant près de 240 million d’euros. Des investisseurs aux profils variés soutiennent cette tendance, souvent issus de la Silicon Valley ils comptent ainsi Google, Marissa Mayer et de prestigieuses agences de capital-risque. De Janvier 2011 à Mai 2013 ceux-ci ont investi près de 431 million de dollars dans des start-ups à vocation civique. Le spectre adopté reste cependant très large, d’Airbnb à Nextdoor en passant par Code for America qui a récemment levé près de 10 millions de dollars, les services offerts et leur impact social réel peuvent sensiblement varier.

Simplifier le dialogue avec les autorités publiques

Selon Mayur Patel, l’un des auteurs de l’étude, les entrepreneurs ont intérêt à se concentrer sur les opportunités liées à une demande de plus de transparence et de responsabilité des gouvernements locaux notamment, les services permettant de collecter et partager des requêtes directement ou d’améliorer les procédures de vote en ligne sont notamment des secteurs clés. Déjà évoqué par l’Atelier il y a quelques mois, SeeClickFix propose à ses utilisateurs de signaler directement aux autorités concernées des détériorations constatées dans la ville. Autre segment déterminant, les services de simplification du vote en ligne, le rapport identifie environ quatre startups opérant sur ce marché comme TurboVote ou Votizen. Selon Jon Stotsky, directeur de la Knight Foundation il s’agit là d’une tendance motivée par l’offre de plus en plus sophistiquée à laquelle se sont habitués les consommateurs américains. Ceux-ci de fait veulent retrouver la même simplicité et performance dans l’exercice de leur citoyenneté. Le récent fiasco d’Healthcare.gov, plateforme en ligne supportant le déploiement de l’Obamacare tombée en panne après quelques jours d’utilisation n’a fait qu’entretenir cette dichotomie croissante entre la performance technologique des services publiques et celle des startups et entreprises privées. Plusieurs développeurs de la Silicon Valley ont ainsi dévelopé en un week-end un site comblant certaines lacunes de la plateforme gouvernementale, baptisé HealthSherpa il permet notamment aux Américains de comparer directement les différents types d’assurances disponibles.