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Presse touristique: Info ou Intox?

Publié le 08 décembre 2013 par Fouzi53 @fouzi53
Presse touristique: Info ou Intox?

Une maxime célèbre m’interpelle dans la manière d’informer, elle est de Beaumarchais, tirée du Mariage de Figaro et est encore aujourd’hui la devise d’un des plus anciens quotidien français, Le Figaro pour ne pas le citer :« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. »

Dans le secteur du tourisme, les relations entre les professionnels du tourisme, secteur public ou privé et les journalistes, ont à mon sens toujours été chaotiques et ceci est généralement du à une totale incompréhension des deux parties de ce qui est considéré par les uns comme étant stratégique et par les autres du domaine public.

De ce fait, l’information a souvent tendance a être mal traitée, voire pas traitée du tout et cela porte atteinte aux objectifs escomptés en matière de développement dans le cadre d’une stratégie générale qui par manque de transparence, fini par être complètement opaque.

Nous avons un réel besoin de presse spécialisée pour traiter de la chose touristique et éclairer l’opinion publique, qu’elle soit nationale ou internationale sur la réalité de ce chantier dont le Maroc a fait sa priorité depuis quatorze ans.

Pour un pays qui veut se positionner dans le top 20 des destinations touristiques, il n’a aucune chance d’y arriver sans une presse de qualité à même d’interagir entre les différents acteurs, la société civile et les pouvoirs publics pour rectifier le tir à chaque fois que cela est nécessaire. D’ailleurs, les articles 27 & 28 de la constitution donnent aujourd’hui le droit d’accès à l’information à tout citoyen et à fortiori aux journalistes qui ont toute la latitude de la traiter en respectant les principes fondamentaux de la presse, à savoir l’intérêt général, la recherche de la vérité et surtout une indépendance totale de tout pouvoir politique, économique ou idéologique.

C’est à ce titre que la presse peut être qualifiée de 4eme pouvoir à même de jouer le rôle qui lui incombe. Ceci est valable également pour un organe de presse engagé, qui doit viser l’intérêt général tout en exposant de manière claire son parti pris.

Les rares titres qui se positionnent aujourd’hui dans le secteur du tourisme en tant que spécialistes n’ont malheureusement pas les moyens de leurs ambitions et restent tributaires de leurs annonceurs. De ce fait, il ne font plus d’information au sens noble du terme, mais de la communication en ne faisant que relayer le message qu’on a bien voulu leur transmettre. D’autres, tombent dans la médiocrité en menant des attaques contre ceux qui les ont oublié dans la rubrique publicité ou se fourvoient dans des querelles de bas étages. Dans tous les cas de figure, ils n’ont plus de crédibilité donc moins d’audience et finissent par disparaitre du paysage.

Heureusement, certains organes de presse qui sans se targuer d’être spécialistes, arrivent de temps en temps à accrocher des sujets brulants et méritant un débat ou tout du moins une réflexion, mais ils sont peu nombreux , d’apparition sporadiques et sans aucun effet par manque de suivi. Lorsqu’on aborde un sujet, il faut le suivre jusqu’au bout et donner la possibilité aux lecteurs de donner leurs arguments s’ils en ont pour les approuver ou les contredire. Si on s’arrête à l’annonce, il y a frustration et perte de crédibilité encore une fois.

C’est bien dommage, car en ce moment, il y de véritables sujets de débat qui méritent d’être menés par les journalistes justement dans le cadre du tourisme , d’autant plus que la tutelle ne manque aucune occasion de communiquer sur la feuille de route qu’elle s’est tracée.

Par exemple la taxe pour la promotion de l’aérien, fixée à 100 dh par passager quittant le Maroc par voie aérienne. Il serait intéressant de connaitre la position des compagnies aériennes face à cette taxe, notamment les lowcost qui grattent sur tous les postes pour maximaliser leurs marges? Qu’en pense l’ONDA, qui a fait de l’incentive son cheval de bataille pour attirer de nouvelles compagnies sur les aéroports nationaux? Qu’elle est la position de l’IATA, organe sensé donner son accord pour la collecte de cette taxe?

Toujours concernant l’aérien, une circulaire datant de 2004, coordonne l’attribution des créneaux horaires au niveau des aéroports internationaux. Cette opération est menée deux fois par an , en hiver et en été par un comité des spots, au niveau de chaque aéroport. Face à l’arrivée massive des lowcost, comment  fonctionne aujourd’hui ce comité, qui le préside et comment sont répartis les créneaux au niveau de chaque aéroport tenant compte de la densité du trafic et de la concurrence loyale qui devrait régner?

Autre sujet d’investigation pour nos journalistes, qu’elle est la cause de la persistance de la baisse de la contribution du secteur du tourisme au PIB : de 7,3% en 2010 à 7,1% en 2011 et 6,9% en 2012 ? Comment contrer le ralentissement de l’évolution de la consommation intérieure du tourisme (Le tourisme récepteur : de 4,5% en 2011 à 1,1% en 2012 et le tourisme interne et émetteur : de 9,2% en 2011 à 7,9% en 2012)

Le 12 septembre 2013, s’est créée l’Association Marocaine des journalistes et écrivains de Tourisme (AMJET) sous le parrainage de l’AFJET, son homologue française. Cela tombe à point nommé pour accompagner le secteur et lui donner toute la dynamique nécessaire à son développement à condition que cette association se dote des moyens humains et financiers pour mener à bien les objectifs qu’elle s’est fixée. Il existe au Maroc d’excellents journalistes qui ne demandent qu’à s’investir dans le domaine touristique.

Un petit bémol cependant, la plus part d’entre eux sont francophones, à croire que les arabophones se désintéressent de ce chantier ou ne le traitent que de manière marginale. Or le lectorat arabophone est bien plus important et aujourd’hui le tourisme a besoin de tout le monde pour une meilleure compréhension des enjeux. Il serait utopique de croire que cela concerne une « élite ». C’est faux , le tourisme est l’affaire de tous et la presse arabophone doit jouer sa partition.

Lors d’émission radios en direct les professionnels du tourisme ont souvent à  affronter des auditeurs sur des sujets concernant le tourisme en général et le tourisme interne en particulier. A chaque fois on se rend compte du fossé qui nous sépare de nos concitoyens, surtout lorsque l’animateur radio s’érige en redresseur de torts. C’est vrai, il y a un véritable besoin d’information que le citoyen est en mesure d’exiger et c’est aux journalistes de faire les investigations nécessaires pour apporter la vérité.


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