En ce jour du 22 novembre 1963, JFK, en tournée préélectorale au Texas s'attendait à passer une rude journée. Dallas était le point final de ce périple. Cette ville du sud traîne une sombre image de violence et de racisme, hostile à toute forme d'idée libérale. Les jours précédents des marques d'hostilité à JFK inondent la ville. Pourtant dès sa descente d’avion, l'accueil fut chaleureux, les rues son bondées de texans qui ovationnent le plus jeune président des Etats-Unis. À 12h 30, le cortège s'engage sur Dealey Plaza une fusillade retentie, JFK est tué, Conally blessé. Seul un agent du secret service, courant vers la voiture présidentielle, réagit. Quelques heures après, un suspect Oswald est arrêté accusé d'un meurtre de policier, il sera désigné comme le meurtrier présumé du président. Deux jours, plus tard il est lui même bizarrement assassiné par un mafieux Ruby poussé par « une fièvre patriotique ». L'Amérique est abasourdie et ce jour là a perdu son innocence. La commission Warren avalisera la thèse du tueur solitaire. Pourtant, les preuves écartées, les témoins éliminés vont prouver rapidement le contraire. 50 après, l'Amérique n'a pas soldé le mythe JFK. Honni par les uns, adulé par les autres ; qui est réellement JFK ? Fils d'un catholique irlandais de Boston enrichi par le trafic d'alcool. Le passé trouble du père Joe, ainsi que ses prises de position isolationniste au début de la seconde guerre mondiale, seront des boulets pour JFK. Le patriarche des Kennedy avait tracé l'avenir de ses fils : l'aîné Patrick serait président. Tué à la guerre, c'est son cadet John qui reprit ce lourd flambeau. En 1960, après avoir gravi toutes les marches de l'ascenseur politique, JFK est élu président à une très courte majorité. Déjà, on parle de fraude à Chicago. On sait désormais que Joe a négocié l'appui de Giancanna pour acheter les suffrages de la ville. Une avance suffisante qui pèsera dans le décompte final. A peine intronisé, JFK doit subir le lourd échec de la baie des cochons, une opération mal ficelée par la CIA. JFK en assurera courageusement les conséquences politiques. Il s'aliénera les mouvements anti-castristes, le milieu du renseignement et des forces militaires ; certains éléments n'auront de cesse de vouloir sa peau. Pourtant, lors de l'affaire des missiles JFK sera faire preuve d'une grande fermeté face au bloc soviétique et de sang froid face aux faucons américains. Le mandat de JFK sera une alternance du yin et du yang. Côté face, il essayera de se rapprocher de Castro, tout en soutenant l'opération mangouste en coulisse (opération de la CIA visant à tuer Castro). Son frère Bobby mène une lutte acharnée contre la mafia, mais cela n'empêche pas les Kennedy de conserver des liens sulfureux avec elle. JFK mène un discours progressiste en matière des droits civiques et des droits sociaux, mais il reste très timoré face aux attaques que subissent les défendeurs des droits civiques dans le sud. En 1964, il devait être largement réélu. Il comptait mener à bien une politique sociale. Il aurait sans doute agit avec plus de prudence sur la question du Vietnam, contrairement à son successeur.
À l'automne 1963, des rumeurs de complots circulent, un projet d'assassinat est déjà déjoué à Miami. Pourtant, aucune mesure particulière de protection ne sera prise à Dallas. Le rapport Warren conclura donc à la thèse du tireur isolé. Thèse rapidement battue en brèche par des chercheurs sérieux l’avocat Mark Lane, Robert Groden, le procureur Garrison..... Les assassinats de Martin Luther King, Bobby Kennedy, la guerre du Vietnam, l'affaire du Watergate ont ouvert les yeux du peuple américain. Face aux pressions de l'opinion publique, une commission sénatoriale sera contrainte de conclure à l’existence de complots pour les assassinats de JFK et MLK. Car complot il y a bien eu malgré l'acharnement des instances officielles, ou de certains chercheurs à défendre l'impossible jusqu'à l'absurde. Même si nous ne serons jamais réellement le « qui » est l’auteur : nous savons au moins désormais comment !
Le mythe JFK perdure toujours, mais des analyses plus objectives permettent de resituer un homme complexe dans son époque.