Le lendemain suivant notre arrivée à Oman, je me suis réveillée avec des yeux reposés (quel soulagement!) et décidée à en voir plus du pays. J'avais été profondément déçue par la première journée. Elle avait commencé avec une attente prolongée à l'aéroport, puis j'ai eu l'impression de prendre beaucoup de taxis pour ne pas voir grand chose. En plus, j'ai été assez déboussolée par les tarifs pratiqués par les chauffeurs. Nous avons payé entre 3 et 6 Rials pour des courses simples, sachant que nous avons payé 3 Rials pour le trajet le plus long et 6 Rials pour le trajet le plus court! Je sais bien que ça permet à des gens de vivre, mais j'ai toujours l'impression d'être arnaquée avec les chauffeurs de taxi (surtout quand ils n'ont pas de compteur). Bref, j'étais contente de démarrer cette nouvelle journée, car nous allions recevoir notre 4x4 de location et devenir autonomes au niveau de nos déplacements.
Le 4x4 en question était un Land Cruiser et c'était la première fois que j'avais une voiture plus haute que moi! C'est ainsi que nous avons pris la route de la Grande Mosquée. Nous ne pouvions pas y aller la veille, car elle ne se visite que le matin, ce qui est déjà bien, étant donné qu'elle est accessible aux non Musulmans. Cette mosquée est tout simplement époustouflante. Elle est tout neuve (débutée en 1995, la construction s'est achevée 6 ans plus tard) et ses dimensions sont impressionnantes. La partie la plus étincelante est sans conteste la salle principale de prière. Elle contient un tapis persan de 70mx60m en 28 couleurs, qui pèse 21 tonnes et a été fabriqué par 600 ouvrières iraniennes pendant 4 ans! Mais ce qui retient tout de suite l'attention, c'est l'immense lustre en cristal au plafond : mesurant 14m de hauteur et 8m de largeur, il est pourvu de 1122 lampes !!! La pièce est magnifique. Le reste de l'édifice est également très agréable à regarder par sa hauteur et par l'élégance de son marbre blanc. Il se dégage de la sérénité et en même temps de une assurance tranquille du bâtiment. C'est vraiment très beau. Je dois même dire que l'aspect pratique n'a pas été oublié. Comme la capacité totale est de 20 000 personnes, les casiers à chaussures sont numérotés pour pouvoir les retrouver plus facilement!
Cependant, quand je repense à cette visite, je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au coeur. Pour pouvoir entrer dans la mosquée en étant une femme, il faut être vêtue jusqu'aux poignets et aux chevilles. Il faut aussi porter un foulard pour se couvrir les cheveux. Les hommes, eux, peuvent très bien porter des chemises à manches courtes et ça ne dérange personne, même si les autochtones ont tendance à porter de larges vêtements les couvrant jusqu'aux poignets et chevilles. Je me suis donc pliée à l'exigence, mais la tenue est devenue très vite pesante, car à 10h du matin, il faisait déjà plus de 30°C et j'avais extrêmement chaud. Et puis, par cette expérience, j'ai compris l'oppression quotidienne et silencieuse faite à ces femmes, qui doivent cacher leur corps et subir la chaleur sous prétexte de religion et de culture. Je mets un point d'honneur à respecter les cultures autres que la mienne, mais je me pose vraiment des questions concernant cette pratique édictée par des hommes et imposée à des femmes. Et puis, autant la salle de prière masculine brillait par sa magnificence, autant la salle de prière féminine (nettement plus petite et située dans un bâtiment séparé) brillait par sa sobriété. Les femmes ont tout juste le droit d'assister au service religieux à l'aide d'écrans de télévision. C'est comme si elles devaient rester cachées et étaient à peine tolérées.