Au cinéma : «The Immigrant»

Récemment, James Gray a collaboré au scénario du film de Guillaume Cannet : « Blood Ties ». C’est cette même année qu’il nous livre son cinquième long-métrage, « The Immigrant ». Il retrouve Joaquin Phoenix, et dirige pour la première fois Marion Cotillard et Jeremy Renner. Le film fût présenté en sélection officielle et en compétition lors du dernier Festival de Cannes. « The Immigrant » sortait dans nos salles le 27 novembre 2013.

Synopsis : Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance et l’espoir de jours meilleurs …

Avec « The Immigrant », James Gray réalise un film dès plus simple aux premiers abords, notamment avec son scénario. La trame narrative ne se veut pas bien compliquée, et l’on suit l’histoire facilement. Cependant, le film va se révéler complexe dans le traitement de ces trois personnages principaux, à la fois tourmentés et perdus dans ce flot d’immigration qu’à connu les États-Unis. En se plaçant dans le contexte du début du XXème siècle, « The Immigrant » devient très classique dans sa forme, ce qui va influencer son traitement scénaristique. Jamais, il n’a la prétention d’innover, bien au contraire, il tente de nous séduire avec une épuration d’effets visuels et de rebondissements grandiloquents. On peut dire que c’est réussi. Ce classicisme a ses qualités et ses défauts, dont celui d’être dénué d’émotions. On ne compatit jamais au destin, pourtant tragique, des personnages, mais qui sont portés avec brio par leurs interprètes.

Marion Cotillard surprend par la puissance de son jeu d’actrice, que l’on avait presque oublié depuis « De rouille et d’os » de Jacques Audiard. S’il y a bien une personne qui porte le film sur ses épaules : c’est elle. Chose qui n’était pas gagné d’avance lorsque l’on découvre toute la subtilité de son personnage. Joaquin Phoenix continu à me faire penser tout le bien de lui. Après sa performance dans « The Master » de Paul Thomas Anderson en début d’année, l’acteur revient en cette fin d’année avec un rôle tout aussi puissant et marquant, que l’on pourrait presque qualifier de gourou. Jeremy Renner, quant à lui, est la véritable surprise du film. Avec sa filmographie, on avait oublié que le jeune homme ne servait pas qu’à faire le gros musclé ! Sa présence à l’écran, presque minime par rapport aux deux autres acteurs, suffit pour convaincre avec ce personnage qui restera sûrement comme le plus touchant du film.

La qualité indéniable de « The Immigrant » repose sur sa technique. Tout est mis en œuvre pour nous ramener, d’outre-tombe, le charme de l’époque. Tous les éléments présents dans le plan vont alors avoir un rôle pour créer une ambiance, très marquante. Les décors new-yorkais sont sublimés par la photographie de Darius Khondji et un charme fou va se dégager du film durant toute sa longueur ! La réalisation de James Gray n’est pas maîtrisée, elle est bien plus que cela : le cinéaste livre des plans cadrés avec une précision hallucinante, ils n’en ressortent que plus beaux. La musique de Chris Spelman s’accorde parfaitement à l’ensemble et participe à cet élan de « charme vintage » que dégage le film. Il est vrai, qu’au final, « The Immigrant » est une superbe œuvre visuelle et technique mais qui va malheureusement s’emprisonner dans cette coquille où les émotions resteront emprisonnées et hors de portées du spectateur …

« The Immigrant » est un film à voir pour ses qualités techniques et pour le talent de ses acteurs principaux. Le fait que l’émotion ne vienne jamais pèse sur le film et le charme, incroyable, ne suffit pas à nous convaincre totalement …

The Immigrant. De James Gray. Avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner, Dagmara Dominczyk, Jicky Schnee, Yelena Solovey, …

Sortie le 27 novembre 2013.