Modeste femme de cette terre, grande Dame d'en haut. Prête tes mains pour accompagner l'enfant indépendant qui ne peut se plier à la condition raisonnable, qui a besoin du Paradis pour achever sa destinée. Chère Dame devant qui la Bête est venue se coucher, harassée de tant de mal, de couteaux levés pour assumer le forfait le plus absolu. Sang des petits, chair profanée et cris ininterrompus, se donnant la main avant l'anéantissement.
Toi, la plus grande Amie, tu cueilles tout drame et tout pollen dans ton tablier pour qu'Il les change en lumière vive. Mots, mots lancés dans un cri. Merci.
Contemplation comme celle de l'Ange aux plumes de feu. qui va, volant, tournant son regard vers ce qui est incarné. Ces beautés du monde: oranges, ô hirondelles et libellules, ô bêtes douces. Chant des arbres et fleurs de la miséricorde. Poissons, insectes si peu importants, atomes mouvementés. Charme, parfum, abondance, surabondance.
Aller de la bergerie à l'azur en colorant tout avec le vermillon, les cadmiums et le plus bleu des bleus de Naples. Ces fleurs impériales dans le vase, qui reposent. Fleurs que personne n'a jamais contemplées.
Amen.
Michael Lonsdale, Oraisons (coll. Souffle de l'Esprit/Actes Sud, 2011)
image: Ajoncs sous la neige (tataflo.over-blog.fr)