« Le moment le plus fort, comme il le faisait toujours à l’époque, est Cyprus Avenue, extrait d’Astral Weeks. Après être venu à bout des paroles, il pousse la chanson, l’orchestre et lui-même vers un terme qui est devenu depuis une de ses marques de fabrique, et une fin de concert classique du rock. Avec une dynamique consommée qui lui permet, en un souffle, de sauter d’un phrasé bâclé indescriptiblement excentrique à la passion pure, il fait monter la musique d’un crescendo à l’autre, s’arrêtant, repartant, s’arrêtant, repartant, à n’en plus finir, il impose comme des points d’interrogation géants de longs silences maniaques entre les arrêts et les départs, et domine la salle par la tension pure, pour en arriver à un cri : It’s too late to stop now ! Et alors que vous pensez que ça va encore monter, il s’interrompt net, glacial et mort, au creux d’une explosion assassinée, balance le micro et quitte la scène à pas lents. C’est vraiment une des choses les plus perverses que, de ma vie, j’aie vu faire par un interprète. Et bien entendu, c’est sensationnel : nos tripes sont nouées, nous sommes à moitié fous, nous nous agrippons aux accoudoirs pour en réclamer davantage, mais nous savons fichtrement bien que nous avons vu et ressenti quelque chose. » (Lester Bangs, Psychotic reactions et autres carburateurs flingués)
« Le moment le plus fort, comme il le faisait toujours à l’époque, est Cyprus Avenue, extrait d’Astral Weeks. Après être venu à bout des paroles, il pousse la chanson, l’orchestre et lui-même vers un terme qui est devenu depuis une de ses marques de fabrique, et une fin de concert classique du rock. Avec une dynamique consommée qui lui permet, en un souffle, de sauter d’un phrasé bâclé indescriptiblement excentrique à la passion pure, il fait monter la musique d’un crescendo à l’autre, s’arrêtant, repartant, s’arrêtant, repartant, à n’en plus finir, il impose comme des points d’interrogation géants de longs silences maniaques entre les arrêts et les départs, et domine la salle par la tension pure, pour en arriver à un cri : It’s too late to stop now ! Et alors que vous pensez que ça va encore monter, il s’interrompt net, glacial et mort, au creux d’une explosion assassinée, balance le micro et quitte la scène à pas lents. C’est vraiment une des choses les plus perverses que, de ma vie, j’aie vu faire par un interprète. Et bien entendu, c’est sensationnel : nos tripes sont nouées, nous sommes à moitié fous, nous nous agrippons aux accoudoirs pour en réclamer davantage, mais nous savons fichtrement bien que nous avons vu et ressenti quelque chose. » (Lester Bangs, Psychotic reactions et autres carburateurs flingués)