Une prolongation d’un an jusqu’en 2015, une revalorisation salariale. Comme d’autres avant lui, l’OM se frotte les mains d’avoir engagé cet entraîneur sans cheveu qui ne coûte pas tellement plus qu’une casquette au départ. Mais c’est après qu’il faut faire attention. Et c’est après que jamais personne n’a fait attention. A par Le Vestiaire bien-sûr. C’était le 10 août et notre spécialiste avait écrit ça.
Par notre spécialiste foot Jeff Charnier
Episode 1, à Saint-Etienne en 1994. C’est sans autre expérience que celle du centre de formation de Toulouse qu’Elie arrive dans le Forez. Mais il a déjà assez de bouteille pour être là quand Santini s’en va en 1994. Sa première année est un désastre mais le maintien de l’OM en D2 le sauve lui et l’ASSE, la seconde encore pire et il la finira avant les autres un soir de défaite à Gueugnon. De là, Elie va retenir que la première impression compte toujours.
Episode 2, à Bordeaux, saison 1997-98. Guy Stephan le prend avec lui comme adjoint au début de la saison 1997-98. Encore une fois Baup a de l’intuition puisqu’à Noël il faut trouver un remplaçant à Stephan. Elie lève la main. Se doute-t-il que Bernabia et Micoud le feront se rouler par terre au Parc un soir de mai 1999 ? Son titre de champion de France est un laisser-passer pour la suite de sa carrière, y compris à la télé. Moins pour son palmarès. Dans la foulée du titre, Dugarry et sa grande gueule reviennent pour terroriser les défenses de D1. Ils ne terroriseront que Baup et le parcours du club en Ligue des Champions, qui termine la seconde phase avec autant de buts encaissés qu’un club lituanien. Mais cela n’a déjà plus d’importance : Baup a déjà breveté son 4-4-2 avec les créateurs excentrés, et tant pis si ça s’annonce moins bien avec Ziani et Wilmots dans les années suivantes. La vérité est beaucoup plus simple : quand Wiltord et Pauleta sont dans une équipe avec un scapulaire, l’équipe avec un scapulaire marque des buts. C’est donc avec deux belles 4e places, une 6e, puis encore une 4e que Baup ne redécouvre pas la Ligue des Champions. Mais le passé ressurgit : son adjoint Michel Pavon finit par prendre sa place et lui devient entraîneur général du club, c’est-à-dire rien du tout. Comme il l’avait fait à Stephan en son temps, mais c’était pas une raison pour bien prendre la chose.
Il y avait pourtant une vie après Bordeaux. Elle l’a conduite à Saint-Etienne en 2004 pour l’épisode 3, là où sa carrière et ses limogeages avaient commencé. Nous sommes cinq jours après qu’Antonetti ait été remercié pour avoir fait remonter le club, il ne lui pardonnera jamais, mais qui aurait refusé de sauter sur une place libre ? Pas Baup qui s’y connaît en adaptation express. Saint-Etienne, promu, termine 6e, avec Zokora, Hellebuyck et Piquionne et Feindouno qu’il fait venir. La magie opère lors de la deuxième saison, comme toujours. Avec les mêmes joueurs plus Mazure et Helder Postiga, donc avec les mêmes joueurs, Saint-Etienne confirme par une 13e place pas si belle. Du coup il s’en va parce que le recrutement lui convenait pas.
Et coup de chance, il a mieux. Toulouse l’attire en 2006 pour l’épisode 4 et grâce à lui et Elmander qui marque but sur but, le Tef séduit jusqu’aux plus sceptiques supporters de Vic Bigorre. 3e, ça veut dire Ligue des Champions, mais en fait ça veut dire deux défaites au tour préliminaire contre Liverpool. Le charme agit encore, Toulouse remplace Elmander par Gignac qui est nul à chier et finit 17e avec une équipe renforcée. Ben oui pour la Ligue des Champions. C’est donc l’heure de s’en aller à un an de la fin de son contrat, donc avec une légère indemnité de départ, parce que le recrutement lui convient pas. Il restera en bon terme. Et lui qui a connu l’inverse, comment pourrait-il en vouloir à son adjoint ? Ce serait déplacé.
Voilà qui nous conduit à Nantes deux mois plus tard en septembre 2008, c’est l’épisode 5. Appelé au bout d’un mois après un licenciement, alors qu’il se trouvait fortuitement dans les parages, il attaque sa première saison comme une deuxième puisque sa nouvelle équipe est déjà sclérosée. Trop sans doute ; il n’allait quand même pas sauver le club. C’est l’effet Baup : la première impression du président est bonne, la dernière un peu moins. Une indemnité d’un an de contrat et quelques salaires de consultant plus tard, sans oublier les allocations, Marseille se profilait avec son contrat de deux ans. La deuxième année vient de se terminer. C’était donc l’épisode 6.
En fait la carrière de Baup est une malencontreuse succession de mauvais concours de circonstances : les joueurs de foot prennent le melon après une bonne saison, ils veulent plus d’argent et de temps de jeu et ça finit par partir en couille. C’est quand même pas à l’entraîneur de gérer ça, il doit déjà faire l’équipe, préparer ses discours, monter une académie de gardiens avec Barthez et appeler ses avocats pour prendre des nouvelles des procédures en cours.
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