Zulu // De Jérôme Salle. Avec Forest Whitaker, Orlando Bloom et Conrad Kemp.
Film de clôture du Festival de Cannes, Zulu jouissait déjà du salut des personnes présentes dans la salle quand il avait été présenté pour la première fois.
Réalisé par le français Jérôme Salle (Anthony Zimmer, les 2 Largo Winch), Zulu parvient à casser plus ou moins les codes en
nous offrant un film ultra violent, secoué qui laisse le spectateur sur le carreau. Jusqu’à un certain moment où le film se cherche peut-être un peu trop. Mais fort heureusement que derrière le
talent de Forest Whitaker (qui se doit d’avoir un Oscar pour son rôle dans Le Majordome) prend l’accent zoulou et nous emporte avec une
prestation sans aucune fausse note. Même Orlando Bloom (Pirates des Caraïbes) plutôt cantonné au rôle de beau gosse aux abdos en béton nous offre une prestation
étincelante, alors que l’acteur nous prend un accent anglais prononcé pour nous mener encore un peu plus au fond du film et de son horreur. Le tout fonctionne particulièrement bien, notamment
quand Zulu tente d’ajouter une bonne dose de politique dans tout ça (l’éradication de la population noire par la création d’une drogue qui va mener à la création par la suite
d’une autre drogue, « tik », causant la folie dans l’esprit de quiconque en prendrait un peu trop).
Dans une Afrique du Sud encore hantée par l'apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d'une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses
villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.
La plus grande force de Zulu réside à mon humble avis dans la prestation de son casting, impeccable du début à la fin. Si le talent de Forest Whitaker n’est plus
à démontrer, c’est Orlando Bloom qui remporte tous les suffrages avec une prestation surprise. On peut même se demander d’où il sort ce talent tant c’est réellement surprenant.
Je ne m’y attendais pas du tout. Mais cela fonctionne là aussi, et plus d’une fois. Et puis derrière il y a la réalisation de Jérôme Salle. Une réalisation lumineuse et brute à
la fois. Ce dernier n’hésite pas à nous montrer le sang qui coule sur le sable chaud. C’est sec mais cela ne veut pas pour autant dire que Zulu ne se permet pas parfois quelques
écarts émotionnels particulièrement troublants (notamment le passé du personnage de Forest Whitaker qui en secourra plus d’un). Le tout fonctionne donc très bien et nous offre
l’occasion de voir quelque chose de réellement singulier, surtout que l’on n’a pas l’habitude de voir l’Afrique du Sud dépeinte au cinéma (la dernière fois c’était pour Véhicule
19 avec feu Paul Walker).
Je me demande si Zulu n’est pas le meilleur film du jeune réalisateur français. Il parvient à nous plonger dans une sordide histoire qui ne peut pas finir bien. En tout cas la
violence est très souvent là, venant accabler le téléspectateur un peu plus. Le but n’est pas de faire dans la dentelle ou encore de se laisser séduire par le terrible happy end. Malgré tout
cela, le script manque parfois de certaines choses. Je dirais que c’est de rythme. On a parfois l’impression de passer trop lentement d’une scène à une autre au milieu du film. Mais ce reproche
n’en est finalement pas un dans le sens où le casting vient à rattraper le tout avec quelque chose de flamboyant à l’écran qui donne un sens assez différent au film. Zulu c’est
aussi une sorte de tableau de l’Afrique du Sud post-apartheid. Quelque chose de brut qui permet de voir que finalement tout n’est pas forcément terminé. J’ai ruminé un peu après ce film dans le
sens où il pose tout un tas de questions intéressantes sur la politique du pays ou encore le problème persistant du racisme.
Note : 9/10. En bref, un film noir, très noir, et pourtant le sang et le paysage désertique donne une impression de chaleur. C’est violent à souhait mais bien dosé et toujours
justifié.