Lu en format numérique (que décidément j'aime carrément moins que le papier !)
Au fin fond du Danemark, on trouve des guêpes, bien sûr, comme chez nous. Mais quand elles s’entassent autour du cadavre d’un adolescent, c’est déjà plus bizarre, surtout en plein hiver, et d’autant plus que le garçon a été torturé et qu’on lui a soigneusement découpé les lèvres. Un psychopathe serait-il à l’œuvre ? Pourquoi les lèvres ? Une allégorie du silence ?
Quand la même nuit, un patient disparait de l’hôpital psychiatrique du coin, on ne s’inquiète tout d’abord pas trop, même s’il est hanté par des visions d’une petite fille et de guêpes. Il faut dire qu'il est déjà sérieusement fracassé de la cafetière... Mais le commissaire Trokic sent malgré tout qu’il y a quelque chose de bizarre dans ces deux histoires, sans arriver à les lier l’une avec l’autre au départ. Voilà un nouveau commissaire que je n’ai pas trouvé spécialement sympathique au premier abord, mais qui est pourtant un peu atypique, ce qui est agréable dans l'univers des polars. Il a un caractère assez froid et renfermé et met du temps à se dévoiler. Il faut dire qu’il est d’origine croate et que sa famille a connu les horreurs de la guerre des années 90, ce qui n'aide pas à être un joyeux drille, on en convient. C’est d’ailleurs de Croatie qu’il revient en catastrophe pour enquêter sur ce meurtre, aidé par ses coéquipiers Lisa et Jasper. Le lecteur les suivra pas à pas dans leurs interrogations et leurs déductions, mais aussi un peu dans leur vie personnelle qui on s’en doute, n’est pas vraiment rose. Quand aura-t-on dans un roman un commissaire normal, comme vous et moi ? Cela est-il seulement possible ? Ou bien ce métier difficile les rend-il tous à moitié timbrés ? Enfin, celui-ci n’est pas un poivrot invétéré et sort un tant soit peu des clichés que l’on rencontre trop souvent dans de nombreux romans policiers, et c’est un très bon point pour lui !
L’intrigue est bien ficelée et le tueur découpeur de lèvres ne sera pas facile à identifier, ni pour le lecteur ni pour le commissaire. L’auteur a bien campé ses personnages, qui ne tombent pas trop dans les clichés habituels et le suspense est soutenu jusqu’à la fin. J’ai cependant un peu regretté de ne pas plus rentrer dans l’âme du pays. En effet, j’ai eu l’impression qu’on ne parlait que peu du Danemark et que l’action pourrait être transposée un peu partout. Par ailleurs, le ton de l’auteur est assez détaché de l’émotionnel et je dois dire que si cela évite de tomber dans le grandiloquent, c’est aussi un peu sec à mon goût. Mais la lecture de ce roman est agréable et fluide au final et ce fut un bon moment de lecture. Il faut ajouter que ce policier traite de l’enfance abimée par la méchanceté des hommes, et de ce que cette enfance malheureuse pourra engendrer à l’âge adulte. Des histoires de famille, encore et toujours, mais celles-ci sont assez atroces pour avoir marqué à jamais une pauvre âme et pour la transformer en âme noire et maudite… Un sujet, vous en conviendrez, qui ne peut laisser personne indifférent !
Parution mars 2013 - Éditions Mirobole
Un grand merci à Sophie de Lamarlière pour m’avoir envoyé ce roman et pour 'avoir eu la patience d’attendre trèèèès longtemps mon billet ! À noter que les couvertures des romans publiés par cette jeune maison d’édition sont magnifiques !
Un roman lu par Jacques, Sandrine, Enna, Canel, Mrs B, Clara...