L’essentiel des livres d’Ayn Rand : Nous les vivants
Publié Par Johan Rivalland, le 7 décembre 2013 dans LectureÀ l’approche des fêtes de fin d’année, une bonne idée cadeau : les romans d’Ayn Rand. Aujourd’hui, premier volet avec une présentation de « Nous les vivants », un roman paru pour la première fois en 1936.
Par Johan Rivalland
Nous les vivants est probablement le meilleur roman que j’ai jamais lu. Le type de livre qui ne quitte pas votre esprit pendant un certain nombre de jours ou de semaines après sa lecture (et dont on se rappelle encore les sensations plusieurs années après).
Inspiré par le propre vécu de l’auteur, un plongeon dans l’atmosphère lourde des premières années de la révolution de 1917 en Russie, comme si on y était. La montée rapide du totalitarisme et de la perversion des consciences ; le renoncement des uns, le désespoir des autres et la condamnation sans appel des réfractaires.
Nul autre ouvrage ne m’a paru aussi efficace pour mieux faire comprendre les processus menant à l’extinction des libertés individuelles, le lavement des cerveaux, le profond désespoir, l’anéantissement des volontés les plus farouches.
La description des sentiments, des psychologies individuelles et collectives est très fine ; les trahisons, corruptions des élites autoproclamées bien mises en lumière.
Où l’on voit que la corruption l’emporte largement sur l’idéologie, les « purs » se trouvant dépossédés de leurs illusions, même de leur vie. Un monde absurde, où l’on comprend mieux ce que représente l’idée de liberté et où il ne fait pas bon venir d’un milieu trop favorisé, ni avoir des pensées personnelles. Seule la collectivité compte, écrasant toute velléité personnelle. Chacun doit y consacrer sa vie entière, corps et âme, prêt à dénoncer n’importe quel proche ou membre de sa famille et à convertir ses rejetons dès leur plus jeune âge.
Effrayant et pourtant authentique ô combien…
Et malgré tout cela, au-delà de tout cet environnement déprimant et impitoyable, où chacun semble lutter pour sa propre survie et n’est plus que l’ombre de lui-même, une sorte de mort vivant… une touche d’espoir, une petite lueur quelque part qui raccroche encore à la vie ; et une belle histoire d’amour. Car c’est aussi la force de ce roman, qui vous emporte littéralement et vaut vraiment la peine d’être ardemment conseillé.
Au-delà de l’histoire elle-même, une occasion d’imaginer l’enfer soviétique des premières années, la montée en puissance du totalitarisme, les ressorts d’un système annihilant.
Pas si anodin, dans un monde où les idées simples ont encore à gagner les esprits et les libertés fondamentales sont sans cesse menacées.
— Ayn Rand, Nous les vivants, Rive Droite, mars 1996, 463 pages.
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