Dîner entre amis (9) hier soir au Laurent où le Grand Jacques, zwingliste notoire à son corps défendant, nous porta deux topettes qui furent servies à l'aveugle, histoire de remettre à leur juste place certains crus méritants.
On le sait (ou on devrait le savoir) la convivialité ne peut connaître un réel épanouissement qu'accompagnée d'un menu de saison, et si possible autour d'une pièce maîtresse ayant des lettres de noblesse.
Ceux qui connaissent Alain Pégouret savent à quel point ce diantre de chef est capable d'interprétations sublimes en la matière.
Au fait…
QUELQUES IMAGES POUR ILLUSTRER LE PROPOSMais venons en aux vins. En entrée, une des toutes dernières bouteilles de sauvignon d'Henry Marionnet, millésime 89, qui a été, chez lui, un sommet jamais égalé sur ce cépage. Dans ses jeunes années, ce fut une bombe permanente, une sorte d'accident céleste. Là, maintenant, on est clairement sur le chant du cygne, mais quelle musique ! Oui, le champignon est bien présent… mais avec élégance et propreté. Pas du tout le style trop terreux qui illustre trop souvent de vieux millésimes. Oui, le vin avait gardé une densité et une harmonie étonnante pour un cépage pas vraiment référencé parmi ceux qui vieillissent "alla grande". Même si son vigneron émet des réserves et chipotte ceci ou cela, je n'en ai cure : ça me botte un max de tels vins !
Le ton était donné : on allait le constater avec les suivants. Vous me direz que continuer avec un Ste Hune 2007 c'est évident, sinon facile. Chacun réclama discrètement une seconde lecture ce qui confirmera aux amateurs qu'avec plus de 8 convives, vaut mieux envisager des paires que des solitaires. Le Pithiviers a eu son compagnon naturel en beaujolais et le Vieilles Vignes de Burgaud, 2011, a été à la hauteur. Vinrent ensuite les deux topettes du Grand Jacques. Sur le premier vin, je partis in petto en grand cru de la Côte de Nuits, avec force mention des plus beaux noms comme Rousseau ou Mugnier… et quand le Grand Jacques, très délicatement, pour ne pas vexer mes fausses certitudes nous dit que ce n'était point un pinot noir, le mot Rayas a fusé en évidence.
Boum ! Erreur fatale mais indication de la bonne AOC. Et oui, cette cuvée centenaire 1995 des sieurs Brunel était simplement magique. Fan de zou ! Il n'y a dons pas que Rayas qui est dans le sublime dans ce Rhône solaire ! Pour bibi, une découverte époustouflante qui fait que plus jamais je ne traiterai cette AOC de "vin de chasseur". Toutes mes excuses aux zeus que j'ai pu choquer par ce propos totalement inadéquat. Derrière, un cru qui, manifestement, a besoin d'une respiration minimale, tant sa puissance concentrée requiert, pour exprimer son élégance, de tempi andante molto sostenuto.
PS : niveau éducation, Oliv m'informe de la sagesse italienne : ICI Il y a des fois où on se sent un peu con-con en France !