Pour ce premier samedi du mois de décembre, Case Départ vous ouvre sa boîte à albums avec de très bonnes histoires. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles à offrir pour Noël : le nouvel album de l’excellente série anthropomorphe Blacksad : Amarillo des talentueux Canales et Guarnido, deux rééditions d’histoires de Maëster : Soeur Marie-Thérèse des Batignolles et Anthanagor Wurlitzer obsédé sexuel, Draculea : une nouvelle aventure de Jhen, la série créée par Jacques Martin, In god we trust : une relecture parodique de la Bible par Winshluss, un sublime recueil de 20 récits du chevalier noir : Batman Anthologie, le troisième et dernier tome du chef d’œuvre de Tsukasa Hojo : Sous un rayon de soleil, Histoires du quartier : une autobiographe de l’adolescence tourmentée de Gabi Beltran, un album pour adultes : Sequence X, le nouveau Dupotutto Max : un recueil d’histoires de la maison d’édition Misma, un album-anniversaire des 10 ans de la sympathique maison d’édition : La Boîte à Bulles en images et le nouvel opus de la série Les Blondes : ça plane pour moi ! Bonnes lectures !
Blacksad : on the road again
Chad Lowell, un jeune lion écrivain est persuadé de tenir entre ses mains le futur best seller de l’édition. Ecrit sur un rouleau comme un parchemin, son ami Abe, un taureau poète ne pense pas comme lui ; il est persuadé que le lion a écrit un mauvais roman.
Aéroport Moissan à la Nouvelle-Orléans. John Blacksad accompagne son ami Weekly pour qu’il rallie la rédaction de son journal à New-York. Le détective confie au petit renard son intention de se ranger des affaires. Il souhaite trouver un job tranquille où personne ne serait tué. Alors qu’il rapporte un portefeuille à son propriétaire, un taureau texan, ce dernier l’embauche pour ramener à bon port sa belle Cadillac jaune. Ce boulot idéal et bien payé, va vite tourner au cauchemar pour Blacksad.
A Tulsa, sa première halte, Chad et Abe lui volent la voiture alors qu’il tentait de s’interposer dans une rixe. Le détective doit alors se dépêcher de récupérer son bien en partant à Amarillo, le lieu où les deux petites frappes ont élu domicile.
Lors d’une soirée très arrosée, Chad, en colère, tue Abe et enferme son corps dans le coffre de la Cadillac. Les deux policiers de Albuquerque en charge de l’enquête sont aussi de vieilles connaissances du chat.
Arrivé à Amarillo, John croise Neal Beato, un mauvais avocat vantard qui lui indique où trouver Chad. Ce dernier a été embauché comme machiniste dans le cirque Sunflower installé à Denver. S’il veut retrouver la voiture, le détective doit rallier au plus vite le Colorado.
Comme pour les précédents tomes, ce Blacksad est une formidable réussite ! Ce polar de Juan Canales est écrit comme un très bon road-movie où se mêle très habillement les meurtres, l’action ou les trahisons, le tout saupoudré d’un bel humour. Les histoires qui s’entremêlent sont très maîtrisés et permettent de distiller un suspens digne des grands auteurs de polar. Le caractère fort des personnages permet de densifier le récit. Pour une fois, le détective subit de plein fouet l’histoire, comme s’il devait courir après ; subissant les événements sans pouvoir les anticiper ni les contrôler. L’ambiance Route 66, blues et jazz est parfaitement restituée notamment grâce au trait agréable de Juanjo Guarnido, comme à son habitude, un vrai régal pour les yeux. Un bel album à offrir pour les fêtes de fin d’année. A Case Départ, on adore !
- Blacksad, tome 5 : Amarillo
- Auteurs : Juan Canales et Juanjo Guarnido
- Editeur: Dargaud
- Prix: 13,99€
- Sortie: 15 novembre 2013
Deux albums de Maëster réédités
pour notre plus grand plaisir
Publié pour la première fois en 1989 chez Audie-Fluide Glacial, ce tome 1 de la série humoristique et irrévérencieuse Soeur Marie-Thérèse des Batignolles va en faire rire plus d’un. Nous retrouvons cette bonne sœur si singulière qui n’aime ni les vieux ni les jeunes. Elle n’a pas la langue dans sa poche et jure à chaque phrase.
Portée sur la bonne bibine, elle succombe aussi aux délices de la drogue, comme la marijuana. Tout le monde d’ailleurs se demande comment elle a bien pu devenir religieuse tant ses vices sont nombreux, notamment les plaisirs charnels qu’elle partage avec Jésus, le jardinier du couvent, un portugais avec un très fort accent. Pas à une bêtise près, elle joue du coup de poing ou du coup de Rangers dans les dents quand elle est titillée.
Tour à tour, infirmière pour petits vieux pervers, elle passe son temps dans les bistrots ou parfois dans les boîtes gays où elle se fait jeter parce qu’elle n’aime pas les tatoués homosexuels. Elle est aussi en prise avec sa mère supérieure Yolande, caricature militaire, qui a passée ses plus jeunes années dans la Hitlerjugend et qui essaie de se débarrasser d’elle coûte que coûte. Enfin Léopold, le curé, lui confie même une mission, celle d’aller chercher son fils embrigadé dans une secte.
Sœur Marie-Thérèse des Batignolles, la bonne sœur la plus rock’n'roll du 9e Art est de retour. Elle injurie tout le monde, déteste tout le monde et adore tous les plaisirs de la chaire. Anticlérical à souhait, cet album est parfaitement hilarant. A la limite de la bienséance, ce tome 1 est irrévérencieux mais jubilatoire. Le trait de Maëster est fantastique, très soigné et fourmille de détails. Ce grand caricaturiste sème dans toutes ses cases, des petits dessins amusants que le lecteur a le plaisir de chercher. A noter, qu’un cahier graphique de 10 pages est adossé à l’album.
- Soeur Marie-Thérèse des Batignolles, tome 1
- Auteur : Maëster
- Editeur: Glénat
- Prix: 13,90 €
- Sortie: 27 novembre 2013
Loser en amour, Athanagor Wurlitzer voit ses aventures se dérouler en petites histoires courtes surréalistes mais très amusantes. Dans cet intégrale, le lecteur pourra scruter un dossier intitulé Genèse d’une obsession reprend des crayonnés, des recherches de personnages, des esquisses de couvertures, des scènes coupées et autres notes de Maëster.
- Athanagor Wurlitzer, obsédé sexuel, l’intégrale
- Auteur : Maëster
- Editeur: Gallimard, collection Bayou
- Prix: 25,50 €
- Sortie: 4 décembre 2013
Jhen rencontre Vlad Dracul
Jhen Roque est un jeune maître sculpteur et architecte qui parcourt les routes du Royaume de France à la fin de la Guerre de 100 ans.
Alors que Jhen et ses compagnon de voyage Venceslas et Liviu doivent rejoindre le Château de Targoviste dans les Carpates, ils croisent le chemin de Vlad III Basarab, le fils du Prince de Valachie, Vlad Dracul. Les 3 hommes font une halte dans une auberge afin de se restaurer et goûter aux plaisirs de la chaire pour Venceslas Sverak. Au détour d’une conversation, le jeune sculpteur découvre que les habitants sont terrorisés par de mystérieuses disparitions d’enfants et de jeunes femmes dans la région. Une vingtaine de personnes se sont évanouies dans la nature sans laisser de nouvelles.
Arrivés au Château pour y apporter des transformations demandées par le Prince, les deux hommes sont les témoins de la mort d’une personne tombant du chemin de ronde ; c’était Mathias, le précepteur du fils du Prince. Ils sont ensuite amenés à Vlad Dracul, qui les flattent et leur promet une forte somme d’argent s’ils réussissent leur mission. Le propriétaire des lieux propose même à Jhen de remplacer le professeur de Vlad III, décédé le jour d’avant ; ce qu’il accepte.
Les temps sont durs, l’hiver est long et très froid, mais le plus délicat pour le Prince, c’est la rivalité qui l’oppose à Mircea Israti, un baron dont la demeure se trouve à quelques lieues de Targoviste. Ce dernier est accusé des enlèvements qui ont cours depuis quelques mois dans la région, ce qu’il réfute avec insistance, accusant à son tour Vlad de ces kidnappings.
Le scénario de ce nouveau tome de Jhen est signé à quatre mains par Jerry Frissen, auteur de World War X et de Jean-Luc Cornette. Le récit teinté de fantastique, est écrit comme une véritable enquête mêlant l’aventure et l’action. Le lecteur est sera agréablement surpris par cette histoire qui se lit d’une traite. Alors que les reprises de Alix de Jacques Martin sont poussives et peu enthousiasmantes, celles de Jhen sont plutôt réussies. Le dessin classique de Jean Pleyers, le dessinateur original de la série, est très maîtrisé et rend parfaitement bien l’ambiance de cette histoire au fin fond des Carpates.
- Jhen, tome 14 : Draculea
- Auteurs : Jean Pleyers, Jean-Luc Cornette et Jerry Frissen d’après Jacques Martin
- Editeur: Casterman
- Prix: 10,95 €
- Sortie: 27 novembre 2013
La sainte Bible selon Winshluss
Le livre est découpé en plusieurs chapitres, introduits à chaque fois par un narrateur extérieur à la Bible : Saint Francky « patron des amateurs de houblon et de bande-dessinée« . Avec une belle malice, le personnage nous raconte entre autre : la genèse, Adam et Eve [qui] goûtent au fruit défendu, Le sacrifice d’Abraham, The amazing story of Moïse in 3D, Secret love l’amour impossible et éternel entre Dieu et Marie, Jean Paul II, Né sous X mort en croix, Le mystère de la résurrection enfin élucidé ou encore God vs Superman.
Des épisodes très connus entrecoupés par de fausses publicités signées Cizo, comme pour faire un pont entre les mini-récits. Anticlérical, impertinent, parodique et très amusant, l’album de Winshluss est punk et un peu trash à souhait. Tout le monde en prend pour son grade, c’est insolent mais rafraîchissant et les personnages de la Bible (Dieu, Marie, Jésus…) sont confrontés à des situations contemporaines pour permettre des situations cocasses et quiproquos. Cela permet à l’auteur de Smart Monkey de dénoncer l’individualisme ou encore la société de consommation, des thèmes qui lui sont chers. Winshluss tord les codes des comics, de la parodie, du dessin naïf ou encore les affiches publicitaires et par la même occasion d’utiliser différentes pratiques graphiques : les aquarelles, les gravures ou encore les pastels. A noter que les éditions Requins Marteaux ont soigné la présentation de cet ouvrage : couverture bleue simili-cuir avec un marquage doré, pages épaisses et qualité des couleurs. Délirant et absurde ! Tel un missel à offrir, un très beau cadeau de Noël pour les hérétiques !
A noter que In god we trust fait partie de la Sélection Officielle du Festival BD d’Angoulême 2014.
- In god we trust
- Auteur : Winshluss
- Editeur: Les requins marteaux
- Prix: 25 €
- Sortie: 15 novembre 2013
Une magnifique anthologie sur Batman
Comme pour les deux précédentes publications, le livre est composé de chapitres qui décryptent les différentes époques du héros, des informations sur le récit présenté et des petites biographies des auteurs. Ce travail très documenté est important et permet d’apprendre une foule de choses sur Batman.
Première partie : Dynamique duo (1939-1948)
En 1939 apparaît pour la première fois Batman après le succès impressionnant de Superman l’année précédente. Les éditions DC cherchent à renouveler l’expérience et lancent une deuxième grande star dans son catalogue. Superman agit à visage découvert, est habillé de couleurs primaires et montre ses talents extraordinaires, alors que Batman sera son exact opposé : il portera un masque, sera habillé de noir et gris et restera un homme normal.
Dans ce chapitre, on découvrira donc la première aventure de Batman (L’affaire du syndicat de la chimie – Detective Comics 27, Bill Finger et Bob Kane, 1939), la première apparition de Dick Grayson alias Robin (Robin, le garçon prodige – Detective Comics 38, Bill Finger, Bob Kane et Jerry Robinson, 1940) ou encore l’arrivée de Vicky Vale et Le chapelier fou (Le scoop du siècle – Detective Comics, Bill Finger et Sayre Scwartz, 1948).
Deuxième partie : Croisé en cape (1955-1967)
C’est le « silver age » de Batman entre 1956 et 1969, avec l’arrivée de Julius Schwartz qui réinvente les personnages du catalogue : Green Lantern, Atom ou Flash. Il intègre des notions de science-fiction dans les récits de Batman, qui rencontre des extra-terrestres et invente des personnages secondaires Batwoman et Bat-Girl.
Dans ce chapitre, on découvre la première alliance Batman/Superman (L’origine de l’équipe Batman/Superman – World’s Finest Comics 94, Ed Hamilton et Dick Sprang, 1964) ou la première apparition de Batgirl (Les débuts fracassants de Batgirl – Detective Comics 359, Gardner Fox et Carmine Infantino, 1967).
Troisième partie : Créature de la nuit (1970-1980)
Les histoires sont toujours supervisées par Julius Schwartz. Batgirl et Robin ont leur propre série. Les récits sont plus complexes, plus travaillés, s’étalant sur plusieurs épisodes. Les relations entre Batman, Vicki Vale et Catwoman évoluent.
Dans ce chapitre, on découvre la première association du célèbre duo d’auteurs sur une histoire de Batman (Le secret des sépultures vacantes – DC 395, Dennis O’Neil et neal Adams, 1970), ou encore la première histoire réalisée par Frank Miller (On recherche le Père Noël : mort ou vif – DC Spécial Série 21, Dennis O’Neil et Frank Miller, 1980)
Quatrième Partie : Chevalier noir (1987-2006)
Les mensuels sont revigorés par le nouveau ton des récits de Frank Miller, plus sombres, plus violents avec des incises de monologue à la place des récitatifs classiques. A noter l’arrivée de one-shot réalisés par de grands noms : Alan Moore, Grant Morrison ou Dave Mc Kean. Les ventes sont aussi boostées par les deux films de Tim Burton (1989 et 1992).
Dans ce chapitre, on se demandera si Bruce Wayne est le véritable Batman (Crise d’identité – DC 633, Peter Milligan et Tom Mandrake, 1991) ou encore une enquête dans les hautes sphères de la société de Gotham City (Les belles gens – DC 821, Paul Dini et JH Williams III, 2006)
Cinquième Partie : Renaissance (2012-2013)
Grant Morrison reprend le mensuel Batman en 2006 et fait rencontrer le super-héros et Damian, le fils qu’il a eu avec Talia et qui devient le nouveau Robin. Il l’oppose au Docteur Hurt, un mystérieux méchant qui se pare des habits de Thomas Wayne, le père de Bruce. A noter que le chevalier noir réorganisera ses alliés dans un réseau international de justiciers Batman Incorpored, titre de l’ultime série du scénariste.
Dans ce chapitre, il y a deux histoires, celle où Damien remplace Bruce dans le costume de Batman ( Batman impossible – Batman and Robin annual 1, Peter J. Tomasi et Ardian Syaf, 2012) et les liens restreints qu’entretient Batman avec sa ville de Gotham City (Année Zéro : cité secrète, partie 1 – Batman 21, Scott Snyder et Greg Capullo, 2013).
- Batman Anthologie : 20 récits légendaires du chevalier noir
- Auteurs : Collectif
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 25 €
- Sortie: 6 décembre 2013
Sous un rayon de soleil :
le chef-d’œuvre de Tsukasa Hojo
Dans le premier tome, Sarah Nishikujo, une petite fille à l’apparence normale, vit avec son père Hayato, fleuriste. Elle le suit à chacun de ses déménagements. Pourtant la jeune fille a deux lourds secrets : elle peut ressentir les émotions de tous les végétaux et communiquer avec eux mais aussi le fait de ne jamais vieillir et donc être contrainte de vivre dans un corps d’enfant alors qu’elle a une âme d’adulte.
Alors qu’elle et son père ont de nouveau changé de ville, pour ne pas éveiller les soupçons concernant son don, elle aperçoit Tatsuya Kitazaki, un jeune garçon qui essaie de couper un magnifique arbre. Il est malheureux car sa petite sœur est infirme après une chute de l’arbre. Il le rend responsable de ce handicap. Elle réussit à mettre un fuite le garçon et comprend sa rancune en communicant avec l’arbre incriminé. Dans le même temps, il découvre le secret de la fille mais décide de ne pas le dévoiler et devient son ami. Au contact de Sarah, il s’ouvre de plus en plus à la nature qui l’entoure.
Dans le deuxième tome, Tatsuya chemine et parvient petit à petit à se pardonner de l’accident tragique de sa petite sœur. Cette dernière réapprend à marcher dans un centre où elle rencontre un jeune garçon qui comme elle, a le même rêve.
Le professeur Ooki décide d’enquêter sur Sarah pour laquelle il éprouve des doutes. Grand passionné de photographie, il découvre qu’il possède une photo de la jeune fille prise dans le passé. Dans un premier temps, il la considère comme une sorcière mais rapidement il va revoir sa position et ne pas dévoiler son secret, voyant en elle, la femme parfaite.
Dans le dernier tome de la saga, un petit châtaignier a pris possession du corps de Sarah. Son but : avertir le petit-fils de Shigaki Jigoro, le roi de la forêt qu’un danger le guette. Sarah doit donc habiter l’esprit de Takehiko. La jeune femme, le professeur Ooki et Tetsuya sont alors en prise avec un promoteur véreux, qui détruit par centaines, les arbres d’une sublime forêt.
Teinté de fantastique, le récit magistral de Tsukasa Hojo est mélancolique et poétique. Maniant un bel humour très fin, l’auteur de Le temps des cerisiers dont Case Départ vous a parlé, découpe ses mangas en plusieurs chapitres dont le point commun est la jeune Sarah, son secret, son passé. La lecture très fluide permet de passer un agréable moment. Invitant le lecteur a réfléchir sur l’environnement et la planète, cette fable onirique est formidable. Le talentueux auteur de Cinty Hunter ou Cat’s Eye possède un trait précis fourmillant de détails et très expressif. Soignées, les planches sont très équilibrées et le jeu d’ombres et de lumières sont parfaites. Cette saga est touchante et tout en sensibilité. A noter le bel effort de Ki-Oon pour la réédition de Sous un rayon de soleil : jaquette à grain avec une magnifique illustration, un papier épais et des encres de qualité. Beaux dessins, belle histoire : on vous recommande vivement ce manga plein de charme !
- Sous un rayon de soleil, tome 3/3
- Auteur : Tsukasa Hojo
- Editeur: Ki-Oon
- Prix: 7,90 €
- Sortie: 27 novembre 2013
Dans la moiteur de Palma de Majorque
Dans les années 80. Palma de Majorque. Gabi, un ado de 14 ans, vit dans le quartier des prostituées avec sa mère, femme au foyer et son père qui sombre dans l’alcool après avoir vu son meilleur ami chuter mortellement d’un échafaudage de son chantier.
Gabi, dessinateur à ses heures perdues, a un ami Benjamin avec lequel il fait les 400 coups. Pour gagner un peu d’argent, ils indiquent les lieux de prostitution aux marins américains en permission sur l’île. Moyennant quelques dollars et quelques pesetas de la part des prostituées, ils s’achètent à manger ou quelques cigarettes.
Gabi est un gentil garçon serviable, il fait les courses pour Monsieur Paco, un homme âgé qui a des difficultés pour se déplacer. Tous les matins alors que l’adolescent lit une bande dessinée, le vieil homme l’appelle pour aller faire remplir ses deux bouteilles de vin blanc. Le garçon se prend d’affection pour cet homme si mystérieux, jusqu’au dernier jour de sa vie.
Gabi a un autre ami, Arnaud, un beau garçon aux yeux bleus, intelligent et doué en natation. Le jeune ado, contrairement au dessinateur en herbe, est issue d’une famille aisée ; il n’éprouve donc pas le besoin de vendre les journaux comme pourrait en avoir besoin Gabi. Ce dernier récupère d’ailleurs le surplus à vendre. Mais Arnaud a un terrible secret, il est battu par son père.
Depuis un certain temps, autour de Gabi s’agglutine des ados moins fréquentables dont Le chat, un gitan mais aussi Le Terraga et Joaquin. Ces deux derniers embarquent les deux plus jeunes pour faire les guetteurs alors qu’ils dévalisent une droguerie. Pour les récompenser Gabi se voit offrir une passe dans un des bordels de la ville. Peu impressionné pour son âge, le jeune garçon aura par la suite de nombreuses conquêtes féminines.
Cet album se décompose en six histoires sur plusieurs pages qui racontent une jeunesse espagnole à la dérive dans un lieu si festif : le quartier populaire de Palma de Majorque. Cet enchaînement de scénettes ne permet pas d’avoir une grande unité dans le récit, même si les personnages et le lieu sont identiques. De plus le récitatif souvent trop présent n’amène pas assez de lisibilité à l’histoire. Une histoire complète aurait été plus intéressante à développer. En effet, les caractères des personnages – notamment celui de Gabi qui évolue vers l’âge adulte au fil des pages – sont parfaitement maîtrisés et l’ambiance bien restituée. Le lecteur perçoit bien cette atmosphère si particulière à l’île mais aussi celle de soufre lorsque les ados dépassent les limites. Le scénario sensible de Gabi Beltran apporte beaucoup d’émotions et le trait agréable de Bartolomé Segui apporte du rythme au récit.
- Histoires de quartier
- Auteurs : Gabi Beltran et Bartolomé Segui
- Editeur: Gallimard, collection Bayou
- Prix: 18 €
- Sortie: septembre 2013
Sequence X : 10 aventures coquines
(album pour adultes)
Dans Heure de pointe, un jeune femme voluptueuse décide de prendre le métro pour rejoindre son amoureux, moyen de transport qu’elle n’a pas utilisé depuis longtemps. Un endroit particulier où les gestes déplacés des hommes sont nombreux et où l’on se plaît à rêver à un paradis dyonisiaque.
Dans Joyeux anniversaire, le lecteur découvre que les nombreuses années de vie commune avec le même homme peuvent émousser le désir et l’imagination d’une jeune femme. Pour cela, sa conscience lui propose un projet novateur, inédit et torride : une nuit avec une femme.
Dans Rencontre, une femme et un homme se livrent à une petite partie de jambe en l’air en apesanteur dans un vaisseau spatial. C’est alors qu’un gros extra-terrestre vert arrive dans le cockpit de l’appareil…
Dans Insomnie, un homme n’arrive pas à dormir à cause de la fête que ses voisines font dans l’appartement mitoyen. Mais étrangement ces 4 jeunes et belles femmes avaient intentionnellement fait du bruit pour que le gentil papi célibataire vienne les voir, pour qu’il continue la fête avec elles.
Tournage d’un film avec une Momie et une belle actrice. Le comédien qui incarne l’homme aux bandelettes annonce qu’il aime la jeune femme. Mais cette dernière est plutôt par les personnes du même sexe qu’elle.
Un Chevalier servant passe près d’une tour où une femme à moitié nue est retenue contre son grès. Après avoir récupéré une clef dans un coffre, l’homme commence à gravir le mur. Fatigué, il cède néanmoins aux charmes de la belle rousse.
Les petits récits de l’espagnol Alfonso Azpiri sont dynamiques et coquins plutôt que sulfureux. L’auteur se joue des codes de la bande dessinée érotique en glissant quelques pointes d’humour bienvenues. Entre l’enfer du métro, les amours intersidérales, les fêtes entre filles, il s’en donne à cœur joie y compris en utilisant un univers qu’il apprécie particulièrement : l’Enfer et ses démons. Graphiquement proche des mondes de la science-fiction et de l’héroïc-fantasy ou des auteurs comme Crisse et Danard, son trait est sensuel et léger. Ses couleurs pétillantes et lumineuses à l’aquarelle enchantent ses belles planches.
- Sequence X
- Auteur : Alfonso Azpiri
- Editeur: Tabou BD
- Prix: 15 €
- Sortie: 21 novembre 2013
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Dopututto Max 5
Pour ce dernier numéro de l’année, le cinquième, 17 auteurs sont au programme de ces 128 pages, avec deux grandes boucles de 16 pages couleurs : Roope Eronen, Delphine Panique l’auteur de Orlando dont Case Départ a chroniqué l’album le samedi 31 novembre, Ed, Paul Paetzel, Nylso-, Bapton, Anne Simon, Simon Hanselmann, Franky Bartol, Claude Cadi, Sandrine Martin, Amandine Meyer, Yoon-Sun Park, Esther Pearl Watson, El don Guillermo et Émilie Plateau.
Anouk Ricard, auteure de Plan-Plan culcul dont Case Départ vous a parlé la semaine dernière, est l’invitée d’honneur du numéro 5 de ce recueil, un laboratoire de la bande dessinée de demain.
- Dopututto Max 5
- Auteur : Collectif
- Editeur: Misma
- Prix: 10 €
- Sortie: 22 octobre 2013
La Boîte à Bulles en images
Une belle plongée au cœur d’une maison d’édition à la ligne éditoriale très cohérente et qui offre de très bons albums dont Case Départ vous a parlé : Le musée insolite de Limul Goma : Hautes œuvres de Simon Hureau, L’ours Barnabé de Philippe Coudray, Quitter Saïgon de Clément Baloup, Trahison Algérie Eté 62 de Fawzi Brachemi, Les jardins du Congo de Nicolas Pitz, Mirador tête de mort de David Cenou, Cachés de Mirranda Burton, Ainsi se tut Zaratoustra de Nicolas Wild (dans la Sélection Officielle d’Angoulême 2014), Les métiers secrets de la bande dessinée de Jean-Luc Coudray et Emmanuel Reuzé, (A)mère de Raphaël Terrier, Intrus à l’étrange de Simon Hureau ou encore Kaze de Vincent Dutreuil. Des histoires que nous avons souvent beaucoup appréciées.
Aux débuts de la Boîte à bulles, en 2003, son éditeur avait l’ambition de créer une planche dessinée pour présenter chacune de ses publications. Le principe : se mettre en scène avec humour pour présenter le livre aux journalistes, en faisant dessiner ladite page par un auteur différent de celui de l’album. L’initiative a tourné court à la 10ème fiche.
10 ans plus tard, il se lance le défi de prolonger les planches déjà existantes pour raconter les heures radieuses et orageuses traversées par cette petite maison d’édition : les festivals, les prix, les désillusions, les rumeurs internet, les tentations de tout plaquer…
Entrez dans les coulisses d’une maison d’édition au travers de la présentation de 46 ouvrages, présentations qui constituent autant d’occasions de raconter un bout de l’histoire de La Boîte à bulles.
- La Boîte à Bulles en images
- Auteurs : Collectif
- Editeur: La Boîte à Bulles
- Prix: 2 €
- Sortie: novembre 2013
Les Blondes, tome 19 : ça plane pour moi !
Dans ce numéro 19, nous retrouvons les ingrédients des albums précédents, à savoir Vanessa, la blondes et ses copines, blondes elles aussi, dans des situations les plus folles et les plus cocasses les unes que les autres. Dans ces gags en une planche, les blondes attirent toujours autant les catastrophes à cause de leurs frasques un poil idiotes. A réserver aux fans de blagues sur les blondes, les autres : passez votre chemin.
- Les Blondes, tome 19 : ça plane pour moi !
- Auteurs : Gaby et Dzack
- Editeur: Soleil
- Prix: 10,50€
- Sortie: 20 novembre 2013