Prévisions alarmistes, allait-on revivre le désastre du 31 janvier 1953, la presse annonçait ...La tempête Xaver a frappé jeudi de plein fouet l'Ecosse et plusieurs régions de l'Angleterre, provoquant la mort d'un chauffeur routier, la suspension de nombreuses liaisons ferroviaires et l'annulation de plusieurs vols. Elle s'approche de la côte belge...
Avec Jprock on a décidé de braver les éléments et de se taper Louvain.
75' pour traverser Bruxelles, au ralenti sur la E40, des bourrasques de vent et de pluie, et, comme d'habitude, les problèmes de parking dans le centre historique, pas le manque de place, non, mais en refilant tes pièces à l'horodateur tu n'as droit qu'à une heure de stationnement et la taxe est due jusqu'à 21h, comment font les clients des restos?
Le 30 CC Schouwburg, un admirable théâtre comme il n'en existe plus à Bruxelles, 650 sièges confortables, des hôtesses aimables, un espace bar magnifique, la vedette du jour, Chrysta Bell était d'accord avec nous...what a great venue!
Une sonnerie t'invite à quitter le salon pour t'installer dans la baignoire, JP est au balcon, l'autre JP, muni de ses objectifs est aux pieds du podium..
Le support est confié à Few Bits!
Décidément, tu n'arrêtes pas de croiser Karolien Van Ransbeeck!
A trois ce soir, Karolien, son acoustique et son phrasé Mazzy Star- et deux guitares électriques: le fidèle Steven Holsbeeks et Nico Jacobs (The Go Find).
35' de laidback lo-fi indie tendance alt.country, dont tu finis par connaître tous les titres.
Louvain a apprécié, pendant la pause et après le set de Miss Bell, CD's et vinyles se vendaient comme des petits pains au chocolat un dimanche matin dans une boulangerie de Montmartre.
Comme avant Tom Odell, Few Bits démarre avec le fragile 'One night friend', suivi par le single 'Shell', que ta voisine affirme avoir entendu sur FM Brussel.
'Sweet Warrior' de l'Americana d' inspiration Chopin... Eine kleine Nachtmusik...
Subtil!
Demain c'est Saint-Nicolas, Zwarte Piet, désormais c'est politiquement incorrect, l'âne est resté dans l'étable, c'est moi qui vous refile du chocolat et du massepain.
Attrape, Swatje, pan, sur son nez!
Sorry!
Le caressant ' Could it be'
Yes, c'est arrivé, ma chère!
Pour Koen, en coulisses, c'est son anniversaire, l'alt.country ' Pick you up', puis 'People', du slowcore délicat.
La setlist mentionne 'Tricky You', l'épisode lancer de friandises ne lui permet pas de le jouer, timing serré, la dernière sera la berceuse 'Night, night'.
...don't weep, babe, moon has come...
Le bébé fera de beaux rêves, demain dans son chausson, du spéculoos, du massepain et des pièces en chocolat!
Ouverture musicale opulente, sur l'écran, David Lynch en esthète/annonceur introduit Chrysta Bell.
Sur scène un trio de musiciens compétents: aux keyboards/electronics, Rodrigo Castro - basse ou guitare, Christopher English Smart et a new drummer, prénommé Jason.
Des oohs admiratifs émanent de la salle lorsque la sculpturale égérie du génial metteur en scène fait son apparition: longue, des formes généreuses, mises en évidence par une robe se soirée moulante et des gants assortis, une chevelure de feu, un teint blanc aristocratique, une démarche de mannequin... pas étonnant que le dandy se soit transformé en Pygmalion pour s'impliquer dans la production de l'album 'This Train'.
Et la voix, demandes-tu?
A l'avenant, monsieur... du velours chaud et soyeux!
'Real love', langueur, crooning jazzy, a bluesy trip hop waltz sur fond de visuels urbains.
Bienvenue dans l'univers noir, énigmatique et oppressant de David Lynch.
'This train' , un contralto étonnant pour ce lent et intrigant voyage ferroviaire vers the great unknown.
D'une beauté spectrale.
'Friday night fly', un mix Portishead ( ils sont nombreux les critiques à évoquer Beth Gibbons), David Bowie et Annie Lennox, toujours sur un tempo engourdi.
D'un geste de diva à la Rita Hayworth, Chrysta se débarrasse des longs accessoires couvrant mains et poignets, on lui tend une guitare.
This is the first song I ever wrote with David, la lovesong sensuelle, 'Right down to you'.
On vient de sortir un disque trois titres, c'est la première fois que ' Slow', écrit par Christopher, est interprété sur scène, du surf rock aux couleurs Chris Isaak.
Effets sonores insolites, des flammes dansant sur l'écran, ' Up in flames' sur le soundtrack de 'Wild at Heart'.
... I fell for you baby like a bomb
Now my love's gone up in flames...
Pas la peine de comparer avec Julee Cruise, la version de la rousse incendiaire est incandescente!
Another new song, ' All the things', a song about love and longing, an unusual concept ajoute-t-elle sans sourire!.
Un slow incroyable te renvoyant à la glorieuse époque des sixties.
En dehors des longs-métrages de Lynch, s'il fallait citer un autre film, on opte pour 'The Hot Spot' de
Dennis Hopper, mêmes climats moites et charnels.
Veine dramatique pour le slow 'Down in Babylon' , claviers somptueux, guitare métallique, voix cathédrale intense, tu frissonnes sur ton fauteuil!
Quelle nana!
Troisième nouveauté, ' The truth is', composé par David Lynch en plein trip méditatif.
On vous joue ce trip hop sans parachute.
Titre emballé, un grand sourire, that was it!
Elle se complaît en mode chill-out, tel pendant le théâtral et troublant 'Angel Star', avant d'attaquer un des morceaux les plus énergiques de la soirée, une ode à sa ville, Austin, et à son bar préféré où on peut danser all night long, le bluesy 'Swing with me'.
On était plus de cinquante à vouloir répondre à l'invitation to swing with her.
T'avais même compté le pognon qu'il te restait, t'aurais pu lui payer un Bourbon bien tassé!
Chrysta, quand t'en auras marre de David Lynch, passe nous un coup de fil!
Thank you, Leuven, la dernière, l'incroyable 'Sycamore trees' ( David Lynch/ Angelo Badalamenti) chanté par Jimmy Scott dans Twin Peaks.
Presqu' aussi fort que Billie Holiday chantant 'Strange Fruit'.
Un concert et une femme, plastique et voix, admirables!
Photos: JP DANIELS