Hommage : Nelson Mandela, un héros du XXème siècle.

JOHANNESBURG : jeudi 05 décembre 2013, à l’âge de 95 ans s’est éteint un grand homme, qui a consacré sa vie à la lutte pour la paix, la liberté et l’égalité des peuples : Nelson Rolihlahla MANDELA. Annoncé par le président sud africain Jacob Zuma en direct à la télévision, son pays et le monde entier sont en pleurs "la Nation a perdu son fils le plus illustre", a déclaré le chef de l’État sud-africain.

#Diesemag souhaite évidemment lui rendre un dernier hommage en reprenant les grands axes de sa vie, la vie d’un homme dédiée à la liberté de son pays, un parcours difficilement identifié par la nouvelle génération.

Un destin exceptionnel

Débuts politique : l’ANC (Congrès national africain) a été fondé en 1912, Mandela est entré en politique en 1944 afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale menée par celle-ci. Très vite il devient l’un des principaux leaders. C’est aussi cette année là que Mandela se marie avec Evelyn Ntoko Mase sa première épouse avec qui il eut 4 enfants. En devenant en 1951 le premier avocat noir de Johannesburg, il participe à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid et il mène des campagnes non-violentes jusqu’au massacre de Sharpeville, en 1960.

Rappelons que lors de cette journée du 21 mars 1960, des manifestations sont organisées pour protester contre le port obligatoire du pass (documents d’identité imposés par le régime pour limiter et contrôler les déplacements des Noirs), lorsque la police ouvre le feu massacrant plus de 60 personnes et provoquant 180 blessés, pour la plupart des femmes et des enfants. A la suite du drame l’ANC est bani par le gouvernement, c’est alors que Mandela poursuit sa lutte clandestinement à travers actions de sabotages et de grève générale. Le 5 août 1962 il est arrêté puis condamné en avril 1964 à la prison à vie avec la majorité de ses compagnons.

Matricule 46664 :  c’est au large du Cap, au bagne de Robben Island, que les prisonniers sont envoyés. Mandela étant un prisonnier de classe D (la plus basse classe), il n’a droit qu’à un visiteur et une lettre tous les six mois. Les conditions de vie dans la prison sont très rudes, il ce n’est qu’en 1979, que Nelson Mandela peut enfin revoir sa deuxième femme, Winnie, épousée en 1958 avec qui il eut 3 enfants. Elle-même subit séjours en prison, assignation à résidence et bannissement. En octobre 1989, le président De Klerk fait libérer des dirigeants de l’ANC et annonce sa légalisation. Les exécutions capitales sont suspendues. Nelson Mandela est libéré le 11 février 1990 à l’âge de 71 ans après vingt-sept années d’emprisonnement. L’île prison se visite aujourd’hui comme un musée.

Madiba Président : le 27 avril 1994 les premières élections générales multiraciales sont largement remportées par l’ANC avec 62,6 % des voix.  Dans son discours d’investiture, Nelson Mandela célèbre la fin de l’apartheid dont "doit naître une société dont toute l’humanité sera fière", le retour de l’Afrique du Sud dans la communauté internationale et l’amour commun du pays et l’égalité raciale seront le ciment de la nouvelle "nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde". Ses deux vice-présidents sont alors Thabo Mbeki (ANC) et Frederik de Klerk (NP), ce n’est qu’à partir de 1996 que Mandela laisse à Thabo Mbeki la gestion quotidienne du pays et en décembre 1997 quitte la présidence de l’ANC.

Après un divorce douloureux avec Winnie en 1996, il se remarie le jour de ses 80 ans avec la veuve du président mozambicain Samora Machel, Graça Machel. Nelson Mandela affaibli par l’âge était souffrant depuis plus de 2 ans notamment d’une infection pulmonaire. Son état de santé "critique mais stationnaire" montrait des signes d’amélioration bien que ses apparitions publiques étaient devenues rares depuis 2004. 

Un homme de mots, ses phrases ont d’ailleurs fait le tour du monde :

Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes… C’est vivre de manière à respecter et renforcer la liberté des autres.

L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde

Les grands artisans de la Paix sont tous des gens intègres, honnêtes et humbles.

N’oublie pas qu’un saint est un pêcheur qui cherche à s’améliorer.

– Nelson Mandela

En 1993, il reçoit le prix Nobel de la paix pour avoir conjointement et pacifiquement mis fin au régime d’apartheid et jeté les bases d’une nouvelle Afrique du Sud démocratique

Mandela publie son autobiographie Un long chemin vers la liberté en 1995 où il raconte son enfance, son engagement politique, ses longues années de prison et son accession au pouvoir. Ce film sera sur grand écran le 18 décembre prochain en France, nous avons eu le privilège d’assister à son avant-première lundi dernier à l’ONU. "Mandela : un long chemin vers la liberté"

Des Hommages  se succèdent depuis hier soir dans le monde entier et monde politique. Un portrait géant du défunt a été accroché ce vendredi matin au quai d’Orsay. Ses funérailles devraient être célébrées d’ici une semaine.

Le président français François Hollande lui a également rendu hommage voyant en lui "un résistant exceptionnel" , "un combattant magnifique", selon un communiqué de l’Elysée. Nelson Mandela a été "l’incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l’Afrique", déclare le président français.

"Le monde a perdu l’un des êtres humains les plus influents, les plus courageux et les plus sincèrement bons" a dit Barack Obama jeudi soir. L’ex-président Bill Clinton a déclaré  : "Nous nous souviendrons de lui comme d’un homme à la grâce et à la compassion exceptionnelles, un homme pour qui renoncer à l’amertume et embrasser ses adversaires n’était pas seulement une stratégie politique mais une façon de vivre".

Au Royaume-Uni, la reine Elizabeth II se dit "attristée" : "La reine a été profondément attristée d’apprendre la mort de Nelson Mandela la nuit dernière. Il a travaillé sans relâche pour le bien de son pays. Son héritage est l’Afrique du Sud pacifiée d’aujourd’hui", a indiqué un communiqué du palais de Buckingham.

 Le président chinois Xi Jinping a salué les "extraordinaires contributions qu’il a apportées au développement de l’humanité", tandis que le Premier ministre indien Manmohan Singh l’a qualifié de "vrai Gandhien", en référence au mahatmah Gandhi.

Le dalaï Lama a déclaré avoir perdu avec Nelson Mandela "un ami cher" et a salué "un homme de courage, de principes et à l’intégrité incontestable".

Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a ainsi salué l’un des "plus grands libérateurs" de l’histoire.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a salué en Nelson Mandela "une source d’inspiration pour le monde". "Nous devons nous inspirer de sa sagesse, de sa détermination et de son engagement pour nous efforcer de rendre le monde meilleur", a-t-il déclaré à la presse au siège de l’ONU.

"Madiba nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun", a salué un autre héros de la lutte anti-apartheid et prix Nobel de la paix, l’archevêque anglican Desmond Tutu.

Frederik De Klerk, qui l’avait fait sortir de prison en 1990, a déclaré "Je crois que son exemple lui survivra", avant d’ajouter "Tata (Père, ndlr), vous allez nous manquer. Mais sachez que votre esprit et votre exemple seront toujours là pour nous guider vers la vision d’une Afrique du Sud meilleure et plus juste".

#RIPMADIBA 1918-2013