Moins de la moitié des patients recevant un diagnostic de cancer, arrêtent de fumer après le diagnostic. Cela peut paraître une évidence, cette étude de l’Institut de prévention du cancer de Californie le confirme : La cigarette après un diagnostic de cancer augmente considérablement le risque de décès. Mais le point positif est qu’il n’est pas trop tard pour arrêter de fumer après le diagnostic.
Alors que de patients atteints de cancer pensent que, finalement, le mal étant fait, il est inutile d’arrêter, que de nombreux professionnels ne vont pas s’attarder sur ce point au moment de l’annonce du diagnostic, cette étude fait bien de mettre en évidence l’impact crucial du tabagisme sur la survie. Les auteurs rappellent en effet que seule une petite partie des patients recevant leur diagnostic vont recevoir le conseil formel de cesser de fumer de la part du médecin ou des autres soignants. Moins de la moitié de ces patients arrêteront de fumer après le diagnostic.
Pourtant, les chiffres sont là : les hommes qui ont continué ou se sont mis à fumer, après un diagnostic de cancer, présentent un risque accru de décès par rapport à ceux qui ont arrêté, et l’augmentation du risque n‘est pas anodine puisque de 59%, de toutes causes confondues et après ajustement pour les facteurs de confusion possible (âge, type de cancer, type de traitement).
Quant aux hommes qui fumaient déjà au moment du diagnostic, pour ceux qui ont poursuivi, l’augmentation du risque est de 76%.
La grande majorité des fumeurs poursuivent après diagnostic : Ces conclusions sont issues de l’analyse des données de l’étude de cohorte de Shanghai, qui examine l’association entre le mode de vie et le risque de cancer de 18.244 hommes de Shanghai, âgés de 45 à 64 ans et suivis durant au moins 20 ans. Ces participants ont renseigné par questionnaire leurs habitudes tabagiques et de consommation d’alcool, leur régime alimentaire et leurs antécédents médicaux. En 2010, 3.310 d’entre eux ont été diagnostiqués avec un cancer. Parmi ces participants, 1.632 ont été retenus pour l’analyse.
· 57% sont décédés
· 20% étaient non-fumeurs,
· 33% avaient cessé de fumer avant le diagnostic,
· 46% étaient fumeurs au moment du diagnostic,
· Et, sur ces fumeurs au moment du diagnostic,
· 29% ont arrêté après le diagnostic,
· 26% ont poursuivi,
· 45% ont poursuivi « par intermittence ».
Le diagnostic, une fenêtre d’opportunité d’intervention auprès des fumeurs: Le Dr Li Tao, de l’Institut de prévention de Californie explique que ces résultats varient avec les différents types de cancer. Ainsi, pour le cancer de la vessie, le risque de décès est quasiment multiplié par 3, du poumon et du cancer colorectal, par plus de 2. Il y a, concluent les chercheurs une grande latitude d’amélioration de la survie après diagnostic, par le seul contrôle du tabac chez ce groupe de patients fumeurs, au moment du diagnostic.
Source: Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention December 2013 22 doi: 10.1158/1055-9965.EPI-13-0805-T Impact of Postdiagnosis Smoking on Long-term Survival of Cancer Patients: The Shanghai Cohort Study
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