L’âne et l’éléphant par French Fry
Les chiffres ne mentent pas. Ceux de mardi dernier, pour les primaires en Caroline du Nord sont éloquents : Mr. O sort vainqueur avec 56% contre 44 % de voix pour Lady H. Dans l’Indiana, les résultats ont été moins contrastés et au final Hillary l’a difficilement emporté avec 51 % contre 49 pour Mr. Smile.
Ces résultats sont un tournant dans la campagne et dans une partie très serrée où chaque point compte. La preuve est faite que notre Lady H. ne parvient pas à trouver l’élan d’une succession de victoires. La voici redescendue au pied de la montagne. Notre B.O, en revanche, conforte son avance et se rapproche de 2025, délégués évidemment. Il fait aussi depuis une paire de semaines la preuve de son souffle et desa « toughitude » (résistance) : sang froid dans l’affaire du pasteur, maintien d’un cap, noblesse sous la critique, calme.
Mr Smile a cumulé à ce jour 1840 délégués et 256 super D’s. Hillary en compte 1684, avec la cerise sur le gâteau de 271 super D’s. Pour atteindre le cap délivrance, il ne manque que 185 délégués tandis que 341 font défaut à Lady H. Il reste 6 élections primaires ( 217 délégués au total à répartir). Avec le système de répartition à la proportionnelle, il est donc peu probable que l’un des deux candidats parvienne à l’emporter. Toutefois Barack ne fait pas mentir son avance depuis le début dans cette campagne et la ténacité d’Hillary -que tous se sont plus à saluer ces dernières semaines- est en passe de se muer en entêtement dans l’esprit de l’opinion.
Elle le sait très bien. Pour rester crédible, notre Iron dame a sorti deux jokers : les super D’s d’une part, et deux états exclus de la comptabilité d’autre part. Je rappelle – mais vous l’avez certainement désormais bien en tête- que les super D’s ne sont pas tenus de suivre les votes populaires et militants. Ils restent totalement libres de leur choix, comme un « conseil des sages » en quelque sorte. Même si Hillary se targue d’être dépositaire de la confiance des « cadres » du parti, Mr. O a rattrapé le retard qu’il comptait il y encore quelques mois dans ce domaine. Environ 280 d’entre eux doivent encore se prononcer. Le vent favorable à Lady H. a brusquement changé de direction depuis mardi. Tous s’interrogent sur la pugnacité d’Hillary. McCain en ligne de mire, les super délégués sentent que cette bataille doit désormais s’achever. La pression est forte sur les épaulettes de tailleur de Lady H et il y a fort à parier que certains vont vouloir peser pour la raisonner. Déterminée et consciente des dangers, Lady H. vient de faire un nouveau prêt personnel de 6,4 millions de $ à sa propre campagne portant sa participation financière à 11 millions de $ !… Elle montre ainsi qu’elle croit au produit. Elle espère également réamorcer la pompe : ses ressources s’amenuisent dangereusement. Second joker : les états de Floride et du Michigan. Souvenez-vous, ces deux états sont pour le moment out, à la suite d’un accord (octobre dernier) entre la campagne Clinton et la campagne Obama. Ils avaient refusé de respecter le calendrier des primaires et ont été exclus des comptes. Pourtant, un vote « symbolique » a eu lieu en janvier à l’issue duquel Hillary est arrivée largement en tête puisque -conformément à l’accord- Obama n’avait pas fait campagne. Lady H. a décidé de revenir sur cet accord et souhaite désormais réintégrer les résultats dans la comptabilité des primaires. Son argument est simple, la convention nationale du parti ne peut pas se dérouler avec seulement 48 des 50 états. Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont déplacées pour voter dans ces deux états en janvier dernier, ce serait « anti-démocratique » de ne pas en tenir compte. Elle omet tout simplement son engagement d’octobre, et néglige le fait que Mr. O. n’avait pas eu la possibilité de faire campagne dans ces états, à un moment où sa notoriété en avait besoin.
Forte de ces deux cartes, Hillary réaffirme aussi constamment qu’elle est plus expérimentée, plus à même de construire une large coalition, plus forte devant McCain. Sans détours (pour une fois, elle oublie son politically correct…), elle affirme que les blancs et les pauvres ne votent pas pour Obama.Une manière « douce »de rappeler que Barack est quand même un peu noir et qu’il est là parce les Afro-américains votent pour lui…
Et Hillary alors ? qui lui donne ses voix ? Son noyau électoral a été analysé très finement :
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personnes blanches
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plus de 65 ans
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résidants dans les états du Sud
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issus des zones rurales ou zones urbaines pauvres.