06 décembre 2013
Pas besoin de posséder pour admirer.
Voir cette magnifique exposition (qui couvre de la seconde moitié du XIXème siècle aux années 1970) donne la pêche et on en sort avec des étoiles plein les yeux.
Pas étonnant qu’elle se tienne juste avant Noël, des fois que cela donne des idées à nos maris. .. Je blague, mais Claude a autant admiré que moi ces objets fascinants, alliant richesse inimaginable (par exemple l’émeraude de 143 carats qui orne le collier « Bérénice », clou de l’exposition des Arts Déco de 1925) et surtout la virtuosité, la créativité artistique, la beauté enfin à l’état pur …
La maison Cartier est pourtant d’une grande discrétion. Un joaillier visionnaire, qui a fondé cette griffe en 1847 à Paris, a su conquérir une clientèle de riches industriels avides de paraître, puis les altesses de l’Europe avant de séduire les héritières américaines, les actrices, les maharadjas et les princesses du monde entier. Une réussite à l'échelle mondiale malgré les crises économiques et politiques, une performance ...
Et surtout un moment d'histoire de l’art à part entière, qui marche de concert avec la mode : Cartier s’associe très vite avec le couturier Worth, puis avec Jeanne Lanvin … s’impose auprès de la Princesse Mathilde, l’Impératrice Eugénie … des "locomotives" du luxe à leur époque.
Au début du XXème siècle, il adopte le style néo-Louis XVI, quintessence du bon goût français, crée des tiares de diamant à la mode russe. Plus tard, il adopte les codes du style Art Déco en jouant sur la mode du noir et blanc, avec l’utilisation de l’onyx, des lignes droites. Dans l’entre-deux guerres, avec l’enchérissement du platine, on adoptera l’or jaune, et les formes moins complexes, les motifs animaliers comme la fameuse panthère …
L’exposition est installée dans le salon d’honneur, une immense salle plongée dans la pénombre, où scintillent les joyaux. Spectaculaire ...
Les explications éclairent le visiteur, selon une progression chronologique didactique mais limpide : à travers les chefs-d’œuvre d’assemblage des pierres précieuses, l’originalité des motifs, la technique d'articulation des bijoux (certains sont séparables, on peut les porter en collier, en cabochons, en bracelets ..), conçus avant tout pour être portés par les plus belles femmes : Daisy Fellowes et sa prédilection pour la ligne « Tutti-frutti », Marjorie Merryweather-Post, Gloria Swanson, Elizabeth Taylor, Wallis Simpson, Barbara Hutton, Maria Felix … sans oublier Grace de Monaco et la Reine d'Angleterre dont on peut admirer une broche « fleur » et, « en vrai », le diadème « Halo », que portait Kate Middleton, Duchesse de Cambridge, lors de son mariage, et que j'ai trouvé particulièrement discret.
On reste saisi d'admiration devant la collection des pendules mystérieuses dont on bconnaît aujourd'hui le secret : les aiguilles de diamants sont incrustées dans des disques de cristal transparent qui tournent grâce au mécanisme niché dans le cadre, une merveille d'ingéniosité.
On a toutes une âme de midinette. Mais là, on est au contact avec l'art appliqué dans ce qu'il a de plus accompli, une part du génie français.
Voulez-vous me citer un nom de joaillier allemand de niveau international ? Et nous n'avons pas que Cartier !
Cartier : le style et l'histoire, exposition au Grand Palais, 3 avenue du général Eisenhower, jusqu'au 16 février., sauf le mardi. 11€