Caresse à Gato (alias Tigris)
Bonjour aux zotres
Voir l'épisode 1 - Le contexte ici - Lundi 25/11/13
De Hercule...
Autant que je vous l'avoue tout de suite parce que ça pèse sur ma conscience déjà pas mal chargée, Gato ne fut pas mon premier choix. Voilà c'est dit. Et uniquement parce que j'ai la certitude que mon coloc ne lit pas mon blog et la conviction que cela fait partie des choses qui ne changeront pas dans son comportement. Ce chat n'est pas un intello. Loin de là.
J'avais eu un super mega bon feeling avec un certain Hercule, un énoooorme matou, prototype tigré pépère super débonnaire qui ondulait mollement sur le dos et se laissait gratouiller les papates entre les coussinets en ronronnant d'aise. Il avait tout pour plaire et semblait aussi sympathique qu'il était beau. Il en va du choix d'un coloc comme du choix d'un partenaire humain : si à court terme l'apparence physique est primordiale, à moyen ou long terme, sans pour autant oublier totalement l'aspect extérieur, c'est la beauté intérieure qui compte et visiblement, ce chat était cool, sympa, facile à vivre (je dis ça mais si ça se trouve il a Beirouthisé l'appart où il a aterri 2 heures après y avoir posé les pattes).
J'ai donc levé la main et gesticulé pour tenter d'attirer l'attention d'un(e) des bénévoles présent(e)s qui, curieusement, passaient le plus clair de leurs temps en cercle à chuchoter ou le dos délibérément tourné vers le public. et puis voilà, j'ai entendu "excusez-moi"... Patatras. Une jeune femme douce et timide avait déjà jeté son dévolu sur la bête et j'avais deux options : lui casser la figure et m'enfuir avec la cage ou lui laisser l'animal. J'étais de bonne humeur et j'ai préféré m'incliner après une dernière interaction tactile avec Hercule. Je suis partie sans me retourner.
(ce n'est pas lui sur la photo mais il lui ressemble vachement... enfin... félinement quoi !)
J'ai repris ma ronde devant les cages où, de plus en plus fatigués par la chaleur et le bruit, la plupart des chats dormaient, inertes, en apparence indifférents et j'ai ressenti la même impression qu'au salon de l'agriculture : la conviction qu'aucun de ces animaux n'était fait pour vivre ça, que leur présence était un stress, un effort, voire pour certains une souffrance subie avec plus ou moins de patience et de panache.
A un moment donné, un chat gris déjà entrevu précédemment s'est retourné dans sa cage et m'a gratifié d'un regard rapide et dédaigneux. Pas intimidée pour autant, je me suis approchée de la cage et j'ai passé un doigt à travers les barreaux comme on tremperait un orteil dans l'eau d'une piscine pour en tester la température. C'était chaud. C'était doux. C'était bon. C'était Tigris.
En passant par 50 nuances de doute
Tigris est comme son nom d'origine (moche) l'indique un chat "gris" ou, comme son nom d'origine ne l'indique pas mais son carnet de santé si, un mâle européen à la robe bleue. Je veux bien mais quand je regarde mon chat puis le ciel, puis mon chat je vois bien que ce n'est pas tout à fait la même couleur.
A part ça, peu d'infos sur la bête à part une date de naissance incomplète "07/2008" (pfeuh, je ne sais même pas s'il est lion ou cancer !) et peu d'informations complémentaires de la part de la bénévole qui m'a (peu... donc) renseignée. Tigris était un chat trouvé et c'est à peu près tout. A un détail près mais quel détail ! Mon interlocutrice m'a demandé si j'étais sûre de le vouloir !
- Moi (méfiante) : Heu, pourquoi ? Il y a un problème ?
- Elle : Non. Enfin si. Enfin peut-être.
- Moi (encore plus méfiante) : Ah bon ?
- Elle : En fait, il a déjà été adopté et la personne l'a rapporté le lendemain.
- Moi (jetant un coup d'oeil suspicieux vers la cage) : Ah bon ?
- Elle : Oui. Il avait hurlé toute la nuit. Mais vraiment hurlé. Crié quoi...
- Moi (décidément à cours de vocabulaire, jetant un coup d'oeil interloqué vers la cage et ayant soudain un flash ) : ah bon ?
- Elle : Oui. Il est très peureux. Mais bon, normalement il ne devrait pas y avoir de problème.
- Moi (optimiste) : ah bon ? Il a l'air plutôt calme là.
- Elle : Il est fatigué plutôt. Mais bon, c'est vrai qu'une fois au refuge il a été stressé par un soin et il a vraiment eu une réaction surprenante. Ah oui, vraiment surprenante.
- Moi (inquiète) : ah bon ?
- Elle : mais il n'y a pas de raison. Ca devrait bien se passer. Mais bien, faut vous attendre à ne pas dormir cette nuit (petit rire nerveux).
- Moi (en mode oiseau de nuit, ex-clubbeuse invétérée qui n'est plus à une nuit blanche près) : bah, s'il n'y a que ça se n'est pas grave !
- Elle : faudra peut-être prévenir vos voisins
- Moi (se demandant si le plus boulet des deux c'est le chat qui crie ou la nana qui le décrit) : ça ne peut pas être si terrible
- Elle : vous verrez bien (nouveau petit rire agaçant)
- Moi (décidant de ne plus m'adresser à la folle mais d'interroger directement le suspect) : ça ne peut pas être si terrible que ça, hein ?
- Elle : vous le voulez toujours
- Moi (après un silence. Fixant la cage et tentant de voir le monstre derrière le masque débonnaire du mâle stérilisé et bedonnant) : oui !