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Une petite...sportive.

Publié le 05 décembre 2013 par Dubruel

 Une petite...sportive !

Nous étions quatre amis dont l’orgueil 

Etait de posséder à Argenteuil

Une barque baptisée à l’Envers.

Nous nous amusions tant naguère

Qu’il me parait difficile de se distraire plus.

Il y avait là Poussez-repu.

Tomahawk, le plus spirituel.

N’a qu’un œil, portant monocle

Et daignant peu toucher aux pelles.

Moi, on m’appelait Basocle.

Nous formions une équipe joyeuse.

Un seul regret : l’absence de barreuse.

Elle est indispensable sur une yole.

Et puis une femme pimente, affriole.

Un samedi en fin de soirée,

N’a qu’un œil, nous présenta l’équipière désirée.

Mouche était vive, blagueuse,

Piquante et excellente barreuse.

Dès le lendemain, nous l’adoptions

Pour toutes ces raisons.

N’a qu’un œill’asseyait sur ses genoux

Et l’embrassait devant nous.

Mouche fut vite jugée :

Elle n’avait aucun préjugé.

Pourquoi eut-elle été fidèle ?

Les dames de la société le sont-elles !

Avec nous trois, elle trompa N’a qu’un œil.

On la lui laissait les dimanches à Argenteuil

Mais des lundis aux samedis,

Nous en profitions à Paris.

Ce qui pour des canotiers dissipés

N’était presque pas tromper !

Quand nous lui avons demandé :

« D’où vient ton surnom de Mouche ? »

Elle ne sut quelle raison inventer.

Alors, N’a qu’un œil ouvrit la bouche 

Et nous expliqua : « Elle papillonne

Et se pose sur toutes les charognes ! »

Trois mois après,

Mouche nous parut désemparée.

Elle devenait nerveuse, irritable

Parfois même désagréable.

Sans cesse, on la questionnait :

-« Qu’est-ce que tu as ? »

Elle répondait : 

-« Rien. Laissez-moi. Ça va. 

Je suis enceinte.» Alors,

D’un commun accord,

Nous lui avons promis d’adopter le bambin.

Mouche nous serra la main

Et s’écria : -« Oh !, mes amis,

À vous quatre, un grand merci ! »

Depuis ce jour, elle nous appela

‘’Mes quatre papas’’.

Un matin, notre belle aventurière

Voulut sauter à terre

Avant même que nous ayons accosté.

Elle heurta le rebord du quai

Et disparut dans l’eau.

Nous la repêchions aussitôt

Mais ensuite elle eut d’atroces douleurs.

La fausse couche dura des heures.

Elle supporta sans murmure

D’abominables tortures.

Émus de la voir tant souffrir

Nous lui avons dit, sans rire :

-« Console-toi, petite Mouche chérie,

Nous t’en ferons un autre. Promis ! »

(d'après 'Mouche' de Maupassant)


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