Pendant la matinée qui suit, une certaine presse s'emballe de commentaires en conjectures. Le plus furieusement ridicule de la séquence fut atteint et dépassé sur RTL, un peu avant 8 heures. Jean-Michel Aphatie recevait le premier ministre. Et voici qu'avec Laurent Bazin, l'animateur de la tranche, le journaliste s'inquiète, et mitraille Ayrault de la même interrogation: "mais étiez-vous au courant de cette opération ?" Laurent Bazin s'inquiète: "quand on parle de prostate, vous savez qu'on peut craindre le pire..."
Car Aphatie a cette obsession. Il tient "le" bon sujet. Le scoop était chez le concurrent de France Info, mais labourer cette exigence - la transparence absolue - est un "vrai" truc de "journaliste d'investigation". On peut lâcher de "gros" concepts très porteurs: "vérité", "exigence", "promesse".
Après cette interview-vérité - où Jean-Marc Ayrault est resté interloqué qu'on l'interroge sur une opération médicale sans importance 15 mois avant l'élection présidentielle - Aphatie se filme sur le site de RTL, face caméra comme c'est désormais l'habitude. Et il enfonce, il s'enfonce.
La prostate ! Encore la prostate !
On touche le fond.
Le soir sur les chaînes d'information, le "débat" continuait, sur ... le même faux sujet, la transparence de la santé du Président. Car il fallait se pincer pour le croire: François Hollande, à l'époque de cette opération sans gravité, n'était ni candidat désigné ni même président. Pire, les sondages le donnaient à 3% de popularité.
Au Grand Journal de Canal+, Jean-Michel Aphatie en remet une couche. L'émission a même pour premier thème, dans sa première partie, "Santé des politiques, doivent-ils tout dire ?". On invite un "expert" qui a publié un ouvrage sur le sujet de la santé des candidats et des présidents. On boise et déboise. Un autre expert déboule pour nous resituer ce qu'il se passait en ce funeste mois de février 2011.
Ce jour de décembre, il fallait se réfugier sur ARTE, et France Culture, pour trouver quelques journalistes qui trouvaient autre chose à commenter dans le triste monde qu'une opération datée, bénigne et sans rapport avec la présidence.
Merci donc à eux.