ou, la dictature des crétins !!
" Sur les marchés sont négociés de plus en plus des opérations de couverture de risques sur les produits financiers dits dérivés ou secondaires. Une même créance peut donner lieu à des transactions - donc à des spéculations ou "arbitrages", selon que l'on regarde la prise de profit pour le profit, ou la prise de profit pour une "raison" plus ou moins saine - sur plusieurs marchés. Elle peut être traitée en tant que telle, puis traitée dans un système de couverture de risque, puis de couverture de couverture du risque, dans un empilage, une irrationalité et une anarchie proprement effrayants. Mais quel est ce capital dont le montant atteint des sommes astronomiques* ?
Du " capital fictif " ? L'air de la bulle , Du vent ? De la richesse ? Mais s'il s'agit de richesse, il faut qu'elle se réalise, qu'elle s'échange contre du concret, marchandise ou service... Or il semble qu'elle n'existe que tant qu'elle n'est pas réalisée, comme l'équilibre du cycliste qui n'existe que tant qu'il pédale. Tant qu'on spécule et accumule en vase clos, ce capital donne l'illusion d'exister. Au-delà, il risque d'apparaître pour ce qu'il est : des lignes d'écriture sur des disques dur d'ordinateurs qui seront nettoyés aussi rapidement qu'ils ont été remplis...
Les opérateurs sont un cercle. En boucle. John achète parce que Tom achète parce que bill achète parce que John achète. Au bout du compte John achète parce qu'il achète, mais croit qu'il achète parce que les autres achètent. Les opérateurs sont des étourneaux qui se prennent pour des aigles.
N'empêche que ce cercle où l'on chante "vendons-achetons" crée de la valeur... Il faut donc admettre que les opérateurs boursiers négocient autre chose, en plus des actions, représentatrices des profits espérés des entreprises. Ce quelque chose s'appelle l' "incertitude". On négocie en Bourse des fluctuations de taux d'intérêt, de monnaies, de valeurs boursières elles-mêmes, bref, de l' "avenir". La bourse crée de la valeur, tant que les boursiers y croient, leur croyance se fondant sur leur propre opinion, c'est dire si c'est du solide !...
L'opérateur de marché obéit à une logique qui n'appartient qu'à lui, laquelle est déterminée par ce qu'a fait son voisin qui s'est fondé sur la réaction impulsive d'un troisième. " Exubérance irrationnelle des marchés" ( Alain Greenspan ). 100 000 analphabètes qui font les marchés ( Alain Minc, adorateur néanmoins du marché)**.
Certains révèrent la Cité des Savants, d'autres la République des philosophes, Alain Minc préfère la dictature des crétins..
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philippe labarde
Philippe Labarde/ Bernard Maris : extrait de " Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie !" Albin Michel 1998
* 12.000 milliards de dollars env.(1998). Il est intéressant de constater que les auteurs de ce livre publié donc en 1998, s'effrayaient déja de ce qui allait nous conduire entre autre à la crise des subprimes en 2007/2011.
** " la victoire du marché est irréversible, et les secteurs qui lui résistent finiront par se soumettre"(Alain Minc : la mondialisation heureuse)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Labardehttp://