Caresses à Gato et à toutes les chattes et tous les chats que j'ai croisé(e)s le samedi 23
Bonjour et bravo aux bénévoles
Bonjour aux zotres
Du rêve à la réalité
D'un point de vue théorique, adopter un chat abandonné lors d'un salon organisé à cet effet est un jeu d'enfant et une bonne action qui va vous mener tout droit au paradis (je ne sais pas si j'aurai droit à 72 puceaux à mon arrivée que je souhaite la plus tardive possible...) et dont le refuge qui hébergeait jusqu'ici l'animal va forcément vous être gré.
Non, non, non. Que nenni. Ca ne se passe pas du tout comme ça et, à la (courte) réflexion, c'est tant mieux. Pour adopter, il faut montrer patte blanche (ou grise ou rousse ou noire ou tigrée ou écaille de tortue selon le pelage du matou convoité). Il faut passer un véritable entretien de motivation, de capacité et limite apporter le plan de son appart et sa feuille d'imposition.
Ainsi, j'ai dû décliner mon statut personnel, professionnel et logistique, décrire mon appart, mon boulot, mes horaires, rappeler mon amour de toujours pour la gent féline, évoquer mes fréquentations antérieures de ce bel animal, expliquer pourquoi je n'en avais pas encore et pourquoi j'en voulais un maintenant.
La sélection porte donc plus sur l'adoptant(e) que l'adopté(e) et ce jusque sur le plan financier. Ainsi ai-je dû faire "don", pour adopter un matou tout neuf (enfin, d'occasion) de quelques 120 euros que je ne regrette absolument pas mais qui, j'imagine, ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Ce montant correspond à une participation aux frais vétérinaires (incluant la stérilisation) et de bouche de l'animal et puis, si ça peut aider à financer des soins pour d'autres animaux abandonnés, c'est très bien.
A cela se sont ajoutés 15 euros (prix entrée de gamme sur le net) de caisse de transport pour chat parce que, croyez-moi sur parole, il risque de pleuvoir des billets de 500 euros ou de neiger viollet à Conakry au mois d'août avant que le/la commun(ne) des mortel(le)s ne réussisse à faire avancer un chat en laisse. En ville. A Paris. Fatigué et stressé par un environnement bruyant (les chiens c'est con, ça aboie), une chaleur suffocante, une odeur animale insitante, des gens qui te tripotent les papattes, te gratouillent le poil, te tapotent la cage, te dérangent dans ta sieste pour que tu te retournes, que tu les regardes, que leur montre un vague signe d'un début de commencement de réaction qui peut-être, pourrait passer pour un semblant d'intérêt.
Tout le monde a en tête des récits de parents adoptants qui, la larme à l'oeil se souviennent "dès que j'ai vu sa photo/croisé son regard/tenu sa main (selon le degré d'instinct ou d'enjolivage a posteriori) j'ai su que c'était mon enfant". Là, c'est ça et pas ça. Plutôt pas ça d'ailleurs.
On comprend assez vite qu'entre l'idée de départ (2 chatons) et le résultat à l'arrivée (1 seul gros chat adulte), il suffit de quelques minutes et d'un brin de jugeote pour amorcer un virage qui faute d'être totalement à 180 degrés n'en frise pas moins les 153.
Premièrement, de chatons point. Par définition, un chat abandonné/maltraité/en deuil est un chat adulte et tous les chatons du monde sont chouchoutés, poupougnés, enrubannés, nourris à leurs faims et photographiés sur les calendriers de la Poste.
Deuxièmement, les chats ont la particularité d'être affublés de personnalités et, de même qu'il ne viendrait à l'idée de personne d'adopter un doberman dans une chambre de bonne (quoique...), un carlin pour aller chasser ou un yorkshire pour guider des aveugles, de même qu'il existe des rats des villes et des rats des champs, il y a des chats actifs et des chats passifs, des chats d'appart et des chats de maison, des chats voulant un jardin et d'autres un canapé, des chats sociables avec leurs congénères et/ou les chiens et/ou les enfants, des chats ne supportant rien de tout ça, des chats qui collent aux basques et d'autres plus ou très ou trop indépendants.
Troisièmement, le nombre de gentil(le)s humain(e)s recherchant un animal de compagnie semblait, ce week-end là en tout cas, largement supérieur au nombre d'affreux/ses salaud(s)/opes qui les abandonnent. On est avant Noël. J'imagine qu'il en va des animaux-jouets du 25/12 comme des sapins morts pour rien qui font la honte des trottoirs un mois par an : on ne les jette pas avant janvier.
Quatrièmement, raison moins avouable lorsque l'on souhaite apparaître comme l'adoptant(e) motivé(e) et responsable : certains chats proposés à l'adoption sont malades et testés positivement au "sida du chat" (qui n'est transmissible que de chat à chat). Il y avait un borgne et un autre matou était atteint de problèmes de motricité. J'avoue que j'ai d'emblée écarté la possibilité d'adopter un chat nécessitant des soins et, de fait, les bénévoles à qui j'ai parlé m'ont dit qu'ils étaient plus volontiers confiés à des retraités, des personnes disposant de beaucoup de temps pour s'occuper d'un animal.
Entre speed dating et braderie de Lille
Devant chaque cage c'est une cohue comparable aux attroupements devant les vitrines de Noël des Galeries Lafayette et, effet d'entrainement certain, esprit de compétition instinctive sans doute, chacun(e) a la tentation du fameux "je l'ai vu le/la premièr(e) d'un jour de solde" et la peur de passer à côté du matou idéal, de l'âme soeur féline, de la boule de poil parfaite. La fébrilité ambiante m'a rappelé mes expériences de soldes Hermès ou femmes mi-bourgeoises-mi-harpies s'arrâchaient les foulards dans une bousculade hystérique, gardant bien en main (comme monnaie d'échange) telle ou telle pièce d'étoffe conquise de haute lutte et supposée plus recherchée que les autres pour son motif ou sa couleur jusqu'à ce qu'elle trouve Ze carré parfait qui réhaussera à merveille le bel orient de ses rangs de perles.
Sur chaque cage, un mini CV laconique précise le nom, le sexe, l'état de santé et les principales exigences ou traits de caractère de l'occupant(e). Parfois ils indiquent également l'âge et les circonstances qui ont conduit l'animal dans cette cage. Entre les maltraitances, les "cause départ", les déclarations d'allergie, les décès de maîtres ou les abandons purs et durs, on se trouve devant une enfilade de "cas sociaux" assez tristes qui renforce l'envie d'en sortir un de là au plus vite. Parce qu'on n'est pas (tou(te)s des bêtes.
Parce qu'il faut bien se décider
J'ai assez vite compris que je ne choisirais pas vraiment mon chat et qu'à un moment donné, après avoir fait deux fois le tour des cages encore pleines, lu tous les mini CV, écarté les félins malades, fans de chlorophylle, trop jaloux, considérés comme un job à temps plein voire risquant de me séquestrer, il me resterait quelques possibilités se comptant sur les doigts d'une main, peut-être deux et que je ne pourrais pas vadrouiller de l'une à l'autre et hésiter comme on balance entre deux robes ou deux paires de chaussures (ce qui ne m'arrive jamais : dans ces cas là je prends les deux !).
Je savais qu'à un moment donné, il me faudrait m'arrêter devant une cage, m'y cramponner et sans raison apparente, sans début de commencement de preuve d'une éventuelle compatibilité d'humeur, crier plus fort que les zotres ou tendre les bras plus haut ou arborer un regard plus ferme et décidé et dire : "je voudrais adopter ce chat".
Un site associatif d'adoption assez pédagogique avec une FAQ brève mais bien faite
Cages à chats modèles et prix de cages à chat
Wikipedia Sida du chat