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[Critique] STARSHIP TROOPERS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] STARSHIP TROOPERS

Titre original : Starship Troopers

Note:

★
★
★
★
½

Origine : États-Unis
Réalisateur : Paul Verhoeven
Distribution : Casper Van Dien, Denise Richards, Dina Meyer, Neil Patrick Harris, Seth Gilliam, Dean Norris, Michael Ironside, Jake Busey, Clancy Brown…
Genre : Science-fiction/Action/Adaptation
Date de sortie : 21 janvier 1998

Le Pitch :
Dans un futur lointain, Johnny Rico, un soldat de l’infanterie mobile, et ses amis, luttent au cours d’une guerre impitoyable entre la Fédérations et les terribles Arachnides, des extraterrestres particulièrement agressifs…

La Critique :
Starship Troopers fait partie de ces films au statut bâtard. Certains l’encensent, en faisant de lui un monument d’anticipation subversive, d’autres le voient comme un film de propagande stupide, ou pire, comme une critique trop peu subtile pour être efficace ou intéressante. Il est en effet intéressant de se pencher sur la façon dont Paul « le Hollandais Violent » Verhoeven a adapté le fameux roman du tout aussi fameux Robert A. Heinlein, Étoiles, garde à vous !.

Le roman de Heinlein, sorti en 1959, est un pur produit de la Guerre Froide. On y trouve une pseudo-réflexion sur l’usage de la peine de mort et des châtiments corporels (à le lire, on voit très bien que pour l’auteur, il n’y a pas à réfléchir) et surtout un plaidoyer en faveur d’une force militaire puissante et omniprésente, ainsi qu’une critique du communisme (original de la part d’un auteur américain des 50′s hein ?). Bref, autant dire que le fait que ce pamphlet déguisé en space opera ait remporté le prestigieux prix Hugo a de quoi filer la gerbe.

Mais alors, quid de l’adaptation de Verhoeven ? A-t-il suivi le chemin réac’ et sans nuances de l’œuvre originale dans un accès conservateur ? Évidemment que non ! Mais il semble nécessaire de parler ainsi tant certaines personnes semblent s’acharner à ne pas comprendre ce film et les intentions de son réalisateur et ce près de vingt ans après sa sortie. Verhoeven fait partie des cinéastes les plus subversifs de son temps. Ce côté radical apparaît paradoxalement à son arrivée aux USA, ce qui peut sembler étrange vu que Hollywood n’est pas vraiment la capitale du cinéma satirique. Et pourtant, avec des films comme RoboCop ou Total Recall, il va proposer un cinéma de divertissement saignant et particulièrement critique vis à vis de la société contemporaine. Autant dire que la perspective de détourner le roman de Heinlein a du beaucoup l’amuser.

Car oui, plus que d’adaptation (dans les grandes lignes, l’histoire est la même) on doit parler de détournement. Les temps ont changé entre la fin des années 50 et celle des années 90. La Guerre Froide est finie et il est temps de faire le ménage dans les esprits pour les libérer de la propagande reaganienne. Le film reprend donc l’histoire d’un groupe de soldats luttant dans le cadre d’une guerre entre la Fédération et une espèce d’aliens appelée Arachnide. L’imagerie et le discours pro militariste est utilisée de manière outrancière, ce qui a pu dérouter certains critiques, pensant à du fétichisme iconographique. Verhoeven ayant vu tout jeune les ravages de la Seconde Guerre Mondiale dans sa Hollande natale, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une interprétation erronée. Ce côté outrancier est aussi un bon moteur comique, les publicités que l’on peut voir régulièrement à l’écran sont plutôt hilarantes. D’un autre côté, les mécaniques d’embrigadement sont montrées dans tout leur côté insidieux et subtil. On peut donc dire que si l’équilibre est trouvé du côté du réalisateur, il s’agit d’être sur la même longueur d’onde.

Niveau mise en scène, on retrouve la patte du bonhomme. Dynamique et bien dosée, elle donne un certains souffle aux scènes d’actions et renforce l’impression de gâchis lorsque l’on voit tous ces soldats se faire tuer. De ce côté là, c’est à nouveau sans surprise que l’on retrouve des tripes, du sang et des membres sectionnés en quantités industrielles. Le film est donc plutôt gore mais c’est justifié et, en fait, assez drôle, le côté excessif de la chose étant toujours un outil de dédramatisation nous rappelant que l’on est dans un récit critique et pas dans un film réaliste. Les effets-spéciaux sont un peu cheap, même en prenant en compte le temps qui nous sépare de la sortie, même si les arachnides sont des plus convaincantes. Cela donne un charme particulier au film et s’inscrit parfaitement dans l’esthétique créée par Verhoeven. Pareil pour la musique épique et cliché qui colle au propos du film.

Pour incarner toute cette chair à canon, on trouve une galerie de gueules assez réjouissante. D’abord les gueules d’anges Casper Van Dien, Denise Richards et Dina Meyer étant les archétypes d’étudiants populaires de lycée que les séries et le cinéma américain nous servent à longueur de pellicule, comme idéal à atteindre. Sauf que voilà, ces personnages ne sont pas attachants, d’ailleurs, les morts à répétitions montrent bien que le réal’ s’en sert comme des outils de dénonciation (serait-ce du méta cinéma où le réalisateur serait comme les gradés qu’il dénonce ?). À noter que l’on trouve à leurs côtés un jeune Neil « Barney-de-How-I-Met-Your-Mother ? » Patrick Harris en officier scientifique télépathe. Pour les sales tronches, il y aussi quelques perles, comme un Michael Ironside en sergent manchot et badass en diable et un Clancy Brown en instructeur sans pitié. On voit aussi Dean « Hank-de-Breaking-Bad » Norris faire une apparition. Tout le monde s’en tire à merveille en jouant de manière souvent outrancière mais toujours aussi drôle leurs rôles de bidasses avec plus ou moins de galons. Ce ne sont peut-être pas de grands acteurs, mais ils font leur job, et le font bien.

En bref, le film a mis du temps pour séduire le public, qui aujourd’hui l’adore et va parfois jusqu’à réaliser des suites pour continuer à faire vivre son univers. Il a donc acquis un statut d’objet culte et presque iconique chez les amateurs de cinéma de genre. Un statut amplement mérité évidemment.

@ Sacha Lopez

Starship-Troopers-Casper
Crédits photos : Gaumont Buena Vista International


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