SANTÉ > Le scandale de la "Thalidomide" oublié, les industries pharmaceutiques s’empressent de la re-commercialiser

Publié le 04 décembre 2013 par Fab @fabrice_gil

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Interdite depuis 40 ans, responsable de la naissance de nombreux bébés dépourvus de membres, la Thalidomide sort aujourd’hui des tiroirs de nos pharmacies françaises. De réputation sulfureuse, elle est un médicament dangereux chez la femme enceinte ou en âge de procréer, provoquant de terribles malformations du fœtus. Celui-ci peut perdre tout ou partie de ses membres, quelques doigts terminant de difformes moignons.
Préconisée dans les années 1950-60 comme un sédatif et anti-nauséeux chez les femmes enceintes, la Thalidomide eut des effets dévastateurs sur les fœtus qu’elles portaient. Le traitement avait eu alors la garantie de tous les médecins, veillant scrupuleusement à ce que les petits trafics lucratifs de la pharmacopée chimico-industrielle restent pérennes. On eut pu croire que ces industriels, eussent la décence de ne plus ressortir des poubelles ce type de médications. Erreur. En 2005, la Thalidomideest réapparue discrètement et a bénéficié à partir de 2008 d’Autorisations de Mise sur le Marché en Amérique du Nord, pour ensuite traverser l’Atlantique et s’étendre partout en Europe et en France. On la trouve aujourd’hui dans des traitements anti-cancéreux, là où personne ne fourre son nez ; où sa dénomination Thalidomide apparaît rarement. Le Vidal répertorie toutefois la ThalidomideCELGENE, LAPHAL, et/ou PHARMION. Son nom commercial actuel est le Revlimid. En contre-indication on peut y lire :- Femmes enceintes.- Femmes en âge de procréer, à moins que toutes les conditions requises par le programme de prévention de la grossesse soient remplies (voir rubriques Mises en garde et précautions d'emploi et Grossesse et allaitement).- Hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients mentionnés à la rubrique liste des excipients.
Cependant, dans la contre-indication de la ThalidomideLAPHAL -retirée des ventes sous ce nom depuis le 6 mai 2008- on pouvait lire : - Femmes enceintes ou susceptibles de procréer. En l'absence de moyens efficaces de contraception, la grossesse est une contre-indication absolue au traitement par la Thalidomide qui est le médicament le plus tératogène actuellement connu. Ce traitement impose un moyen efficace de contraception. La survenue, en dépit des mesures contraceptives, d'une grossesse au cours d'un traitement par Thalidomide comporte un risque élevé de malformations graves, environ 30% des grossesses exposées, telles que : ectromélie (amélie, phocomélie, hémimélie) des membres supérieurs et/ou inférieurs, microtie avec anomalie du conduit auditif externe (borgne ou absent), atteinte de l'oreille moyenne et interne (en fréquence moindre), atteinte oculaire (anophtalmie, microphtalmie), cardiopathies congénitales, anomalies rénales. D'autres anomalies sont décrites, leur fréquence est moindre. En cas de survenue d'une grossesse chez une femme traitée : le traitement doit être arrêté, la grossesse déclarée au Centre Régional de Pharmacovigilance et la patiente adressée à un médecin compétent en toxicologie du développement pour évaluation et conseil. - Chez l'homme, tout rapport sexuel risquant d'induire une grossesse est contre-indiqué pendant la durée du traitement et pendant les 8 jours qui suivent l'arrêt du traitement. (Source - www.e-santé.fr)
Non loin de chez nous, la firme allemande qui produisait la Thalidomide(groupe Grünenthal), a publié l’année dernière ses premières excuses aux milliers d'enfants souffrant de malformations après l'usage par leur mère de ce traitement. Il a été estimé qu'environ 10.000 enfants sont nés avec des déformations après que leur mère eut pris la substance durant leur grossesse. Si ce médicament fut vendu dans près de 50 pays (à l'exception de la France, où il n'avait pas eu le temps d'obtenir une Autorisation de Mise sur le Marché) avant d'être retiré en 1961, c'est surtout en Allemagne qu'il fit le plus de dégâts. Un document diffusé par le Sénat belge en février 2010 évaluait alors, en s'appuyant sur plusieurs études, le nombre de victimes à plus de 3000 dans l'ex-Allemagne de l'Ouest, contre environ 350 au Royaume-Uni ou 150 en Suède.
Sous réserve d'une surveillance neurologique et d'une contraception efficace, la Thalidomide pourrait retrouver de nouvelles indications dans un cadre bien défini. Prescrite aussi dans la polyarthrite rhumatoïde, son usage pourrait même devenir fréquent.F/G