Pologne, 1942.
Félix a dix ans et vit dans un orphelinat, en attendant le retour de ses parents (disparus depuis trois ans). Ces derniers, libraires, parcourent le pays pour sauver les livres et éviter qu'ils terminent au bûcher. Félix patiente en écrivant des histoires. Il a une imagination débordante, pas du tout conscience du danger et clame sa candeur à longueur de pages. Quelque part, c'est drôle et très attachant, même si cette naïveté fait un peu froid dans le dos. Car tout ce que nous raconte le garçon ne masque pas la terrible réalité : l'occupation allemande, l'horreur nazie, l'holocauste, etc.
Un jour, Félix décide de quitter l'orphelinat pour retrouver ses parents. En chemin, il sauve une fillette de six ans, Zelda, d'une maison en feu et entreprend de continuer l'aventure avec elle. Ils seront, hélas, arrêtés et conduits au ghetto juif où un vieux dentiste, Barney, va les prendre sous son aile. Nouvelles arrestations, autres tentatives de fuite, bref les péripéties ne manquent pas ! Et notre cœur bat à tout rompre.
Ce petit roman est extraordinaire. Il alterne les émotions fortes aux séquences légères et désopilantes, puisque l'histoire est racontée par Félix lui-même. Rappelez-vous, il est jeune, dix ans seulement, et d'une naïveté confondante. Mais son innocence fait aussi tout le charme du livre ! Confronté à la réalité du terrain (les fusillades sauvages, les convois vers la mort, la délation, le vol des biens d'autrui, etc.), l'enfant sera meurtri et déçu, mais conservera cette volonté de toujours se raconter des histoires, pour oublier la laideur qui l'entoure et se donner du courage.
Cette lecture, c'est vraiment une petite perle de douceur (et d'humour) dans un univers de brutes ! C'est un livre adorable et attachant, qui devrait d'ailleurs être indispensable dans toutes les bibliothèques des écoles.
éditions (Les Grandes Personnes), janvier 2011, traduit par Valérie Le Plouhinec, illustration de couv. : Henri Galeron