Ah le plaisir des avions et de la promiscuité qu’ils procurent ! Après m’être retrouvée aux côtés d’un dragueur de montre, voilà que je me retrouve cette fois-ci, assise à côté de Monsieur Sans-Gêne !

Vol SN3721 à direction de Madrid, Barajas.
La cinquantaine bien avancée, belge flamand, costume bleu nuit strict mais élégant, chaussures propres mais de simple fabrique, un style somme toute banal, mais…accro à son smartphone.
Ce jour-là, nous avons dû patienter une heure et 14 minutes, installés dans l’avion, avant de pouvoir enfin décoller.
Question de comparaison de données entre ordinateurs de bords nous dit-on. Oui, un avion, c’est bourré de technologies et d’électronique embarquées. Dès qu’un des systèmes déconne, il faut vérifier tous les autres. C’est parfois long…très long.
Nous sommes donc tous confortablement installés, prenant notre mal en patience. Mais voilà que mon gentil voisin dégaine son iphone 5 et commence à passer ses coups de fil, comme s’il était chez lui, c’est à dire, en parlant fort et beaucoup. Sans aucune gêne.
Cet avion, c’est le sien.
Moi, sa voisine, je ne suis rien.
Les gens autour, ils n’existent pas.
Seul au monde.
C’est lui le boss !
Dois-je vous décrire aussi ses autres tares ?
Ben, entre deux phrases, il renifle, avalant sa morve à chaque 10 mots.
Beurk.
Ah, et aussi, il se cure les deux narines, et une fois à droite, une fois à gauche. Et vas-y que je me tire enfin les poils du nez.
Beurk. Re-beurk.
Enfin, nous sommes prêts à décoller, les ordinateurs de bords se sont enfin réconciliés, les données sont les mêmes pour les ingénieurs au sol et le commandant de bord. Enfin, Monsieur Sans-Gêne arrête et ses conversations et ses désagréables auto-manipulations.
Je vous le dis, il m’en faut des heures de méditation et de pleine conscience pour garder mon calme et ne pas lui crier tout le mal que je pense de lui, à cet instant.
Keep calm and think positive



Photos : Coline se raconte // Jumper from Zara (here) – Skirt by Sandro – Boots by Isabel Marant – Cuff by Aurélie Bidermann