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Les auteurs :
Zidrou, scénariste : Né le 12 avril 1962 à Anderlecht (commune de Bruxelles), Benoît Drousie, dit Zidrou, effectue des études d'instituteur et exercera la profession durant quelque six ans, ce qui ne sera pas sans influence sur ses écrits futurs. Son premier scénario publié est illustré par De Brab dans le numéro de Noël 1991 de SPIROU ("La triste fin du Père Noël"). L'année suivante, il fonde une sorte de studio de scénario avec son ami Falzar et commence à assiéger les éditeurs pour placer ses innombrables projets sous le pseudonyme des Potaches.
Dès 1993, ses productions commencent à envahir les pages d'animation et les récits complets du journal de SPIROU. Par ordre chronologique d'apparition de ses illustrateurs, il fournit ainsi de la matière brillante et bien pesée à Wasterlain, Dan, Godi, Ernst, Clarke, Deliège, Evrard, Blatte, Fournier, Darasse, Bercovici, Glem, Jannin, Saive, Lemaître, Midam, Gazzotti, Mandryka, Éric Maltaite, Borrini, Will, Deth, Arenas, Thiriet, Gauthier, E411, Guilhem, Duclozeau, Piroton, Mazel, Bodart, Bosschaert, Wozniak, Plessix, etc.
Rien d'étonnant à ce que certains de ses complices pour quelques pages exceptionnelles s'engagent ensuite sur de plus longs parcours et créent une série en sa compagnie. En 1992, il lance "Margot et Oscar Pluche" avec l'ami Falzar et la dessinatrice De Brab chez Casterman, où la petite fille et son drôle de chien aligneront six albums jusqu'en 1997. Le sympathique duo et toute sa famille en régulière augmentation ! déménageront l'année suivante chez Dupuis et ouvriront une nouvelle série de beaux albums intitulée "Sac à Puces".
En 1995, il propose à Jean-Claude Fournier d'animer une suite de gags gastronomiques, "Les Crannibales", chronique fortement assaisonnée d'humour noir.
Dans le registre de la parodie iconoclaste, il s'en prend peu après au respectable rédacteur en chef de SPIROU et à ses oeuvres. Le dessinateur se trouvera tellement gêné par tant d'impertinence qu'il signera longtemps du pseudonyme de Thelonius ses grossières caricatures du "Boss". Mais c'est son véritable nom que Bercovici signera les albums, assumant la responsabilité de ses compositions graphiques.
Aux Éditions du Lombard, Godi illustre les albums de son "Élève Ducobu", fruits de souvenirs tant personnels que professionnels.
Zidrou est également l'auteur d'une vingtaine de livres pour enfants publiés par Casterman, Nathan et Hachette, dont la série du "Petit Dagobert", illustrée par Godi, dans la "Bibliothèque Rose".
Les dessinateurs : Collectif - Colombo - Cordoba - Gili - Homs - Hureau - Lafebre - Sempere - Siri - Van Beughen
L'histoire :
"Du moment qu'on rit des choses, elles ne sont plus dangereuses." affirmait Raymond Devos.
Comme tous les gens qui savent nous faire rire de nous-même, Benoît Zidrou connaît le poids des choses, la gravité de la vie.
En 1997, Philippe Delerm rencontrait un immense succès avec "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules". L'évocation simple de petits plaisirs suffisait à lui ouvrir le coeur de milliers de lecteurs.
Benoît Zidrou nous invite à un voyage similaire avec les gens qui nous entourent. Qui ose faire connaissance avec la vieille dame d'en face ? Sait-on qu'elle rêve de jouer sur le court central de Roland Garros ? Qui peut dire que cet homme gris et triste, qui a laissé un fossé se creuser entre lui et ses enfants, sera le premier qui prendra dans ses bras ce petit bout d'homme au corps déformé par la maladie ?
Pour mettre en scène ses quinze nouvelles, Benoît Zidrou a cherché des auteurs sachant manier la bonne dose de
réalisme et l'expressivité requise pour être toujours juste : un talent qu'on retrouvait chez tous les auteurs de l'école de Marcinelle (Franquin, Morris, Will...). Les neuf dessinatrices et
dessinateurs rassemblés ici (Colombo, Cordoba, Gili, Homs, Hureau, Lafebre, Sempere, Siri, Van Beughen) ont tous cette qualité propre aux grands auteurs de BD : leurs histoires prennent vie sous
nos yeux. On les lit la larme à l'oeil et le sourire aux lèvres.
On connaissait Benoît Zidrou pour son talent de gagman, on peut désormais savourer son sens de la vie.
Mon avis :
"Des nouvelles qui font du bien", même si elles s'inscrivent dans une réalité sociale peu encline au sourire, comme la vieille dame du titre qui vit seule avec ses animaux en ne sortant jamais de chez elle. Les personnages sont denses, à l'image de ce jeune homme qui sort de prison et vient tenir compagnie à son grand-père pour se réinsérer, dans une bulle de bonheur et de tolérance bercée par la musique de son saxophone. Ou encore cette nageuse qui ne veut pas lâcher prise même si le bonheur lui tend les bras. Tous ces personnages ont en commun une humanité lumineuse, débordante qui les pousse quelquefois à des extrémités délirantes, comme de manger des poulets rôtis à tous les repas ou à retrourner en enfance pour ne pas tournebouler une maman atteinte d'Alzheimer.
Beaucoup de poésie également dans ces pages qui nous rappellent que la vie n'est pas gaie, la maladie, la vieillesse, les erreurs nous tendent des pièges, mais que la résilience est possible, qu'il est possible de rebondir, de repartir, porté par l'amour des autres. Une belle leçon de vie.
D'autres avis :
La vieille dame qui n'avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien, Zidrou et collectif, Dupuis, 2009, 20.50 euros