Les lentilles d'or 2013 du Festival de la photographie culinaire, festival international au demeurant, ont été décernées aujourd'hui au Carrousel du Louvre.
Je me suis déjà trouvée dans des contextes difficiles à photographier, comme le musée du Quai Branly et ses vitrines qui renvoient le moindre rayon de lumière. Ou un défilé de haute-couture dans un noir absolu criblé de flashs quelques nano-secondes. Mais ce soir je ne m'attendais pas à pareille complexité, avec des éclairages curieusement disposés dessinant un oeil de pirate à chaque lauréat, des plaques de verre qui coupaient la scène, ne permettant que d'en saisir une moitié, un écran de projection ne mettant pas en valeur les réalisations des primés ... le tout est plutôt inattendu s'agissant d'un festival de photographie !
Dans un tel contexte on se débrouille, sans oublier de s'amuser un peu. Pour la soirée d'inauguration j'avais consacré l'essentiel du billet à ce qu'il y avait de délicieux à grignoter, le thème étant l'apéritif à la française, histoire aussi de faire un clin d'oeil au qualificatif "culinaire" du festival. Mais ce soir ce sont aux photographes que je voulais faire la part belle.Quelques invités s'attardaient devant les clichés avant l'annonce du palmarès, se hasardant à des pronostics, se félicitant réciproquement, ou se jalousant ... Il y avait une certaine appréhension sur certains visages.
Car pour beaucoup d'entre eux les clichés sont le résultat d'un travail colossal, entrepris par une équipe très fournie, dans un atelier de plusieurs centaines de mètres carrés. On est loin du clic impromptu que le bloggeur amateur déclenche avant de planter la fourchette.
Pour son 5ème anniversaire le festival avait sélectionné 34 photographes venant de 7 pays différents, dont pour la première fois la Pologne. Le thème du luxe et de la fête a conduit à l'originalité, la rareté et l'excellence.
Frederic Anton a relu la déclaration qu'il avait faite à la soirée de lancement avant de s'éclipser prestement pour assumer ses fonctions de chef au Pré Catelan.
Première lentille pour Dorian Nieto, du blog Mais pourquoi est-ce que je vous raconte çà ... pour la photographie qu'il a faite d'un produit désormais classé au patrimoine culturel et gastronomique de la France, le foie gras. Invité à prononcer quelques mots Dorian a spontanément laissé parler son appareil en nous faisant entendre le bruit qui le réveille chaque matin.
Pour qui le connait ce trait d'humour n'est pas une grande surprise et on peut se réjouir que la qualité de ses prises de vues soit ainsi récompensée au travers de ce Prix des Blogueurs et Amateurs de Cuisine.Le Prix des Jeunes Talents a été remis conjointement par Mathilde de l'Ecotais qui en fut la première lauréate en 2009. Ce sont 18 binômes de cuisinier et de photographes qui concourraient. Et ce sont Esteban Wautier et Clémence Le Rouzic qui ont été élus.Les grains de raisin de la robe "tribu maisaï" ont été placés un par un, pour un rendu magnifique. Les épaulettes et le bas de la robe sont en caramel filé. Le Prix des Parrains a été décerné au normand Patrick Rougereau pour son humour ... ... la Chantilly sur le blaireau c'était inattendu. Et l'idée a séduit aussi bien Guy Savoy, Alain Passard, Thierry Marx, Pierre Gagnaire que Frédéric Anton.
Le Prix du Public a résulté des votes enregistré sur Internet. Il couronne une oeuvre où les enfants sont très présents réalisé par la canadienne Karyne Gagné sous le nom d'Abstraction sucrée. On peut penser que le grand public n'a pas les mêmes critères que les professionnels et juge davantage en fonction de sa sensibilité.Le Grand Prix de la Photographie du Tourisme Gastronomique a été décerné à Hubert Taillard qui réalisa un hommage au homard breton et cet autre cliché dont il fut malheureusement incapable de se souvenir des poissons photographiés ...Le Grand Prix de la Photographie du Patrimoine Gastronomique a été décerné à Thomas Dhellemmes après qu'on nous ait rappelé cette phrase d'André Malraux : le passé est un présent que nous fait l'avenir.Le Grand Prix de l'Alimentation a été décerné à Roseline Bigi pour la parenthèse gourmande; mais décalée, qu'elle nous offre avec ce pique-nique dans les blés lorrains. Pour l'occasion une "jeune" mariée de 70 ans a ressorti sa robe de mariée et cette photo restera à jamais un souvenir à la fois public et privé. Ce sont des spécialités locales qui ont été apportées spécialement.Une autre prise de vue célèbre Bacchus sur une table de grès rose et pour la dernière il a fallu attendre une grande marée afin de savourer des fruits de mer les pieds dans l'eau.Le Prix Spécial Grande Tablée 2013 a été décerné à la photographe australienne Margaret Skinner qui s'est amusée de concourir avec 5 autres confrères sur ce challenge "amusant" avec un Polaroid.Elle avait proposé notamment cette robe bustier chocolatée dans le cadre de la compétition officielle.Francesco Majo a remporté Le Grand Prix du Festival. La conceptualité de ses clichés est exemplaire. Il n'y a rien de plus simple que ce bracelet de groseilles et pourtant l'illusion est parfaite.C'est le rémois, Laurent Rodriguez, mais c'est un hasard, qui a reçu le Grand Prix Champagne Nicolas Feuillatte pour cette photo intitulée Effervescence de la bouteille palme d'or, une réédition d'un ancien flacon de champagne de la marque.Il avait participé à la compétition officielle avec des clichés dans le même esprit, comme celui ci-dessous.Deux intermèdes artistiques nous ont été offerts par le Président fondateur du festival Jean-Pierre PJ Stephan. D'abord avec Adrien Frasse-Sombet qui est un violoncelliste hors pair qui se trouve être aussi passionné de gastronomie. S'il joue un violoncelle d'exception de 1710 de Matteo Goffriller il ne sacralise pas son art. Les 5 morceaux, assez courts, qu'il avait choisi furent très appréciés pour leur évocation du luxe, du calme et de la volupté.Et puis, pour clôturer la remise des lentilles d'or avec le sourire il avait sollicité la danseuse qui avait servi de modèle à la photographe Marie Chavarot et qui avait fait la couverture du catalogue.Beaucoup furent récompensés. Mais pas tous et non des moins talentueux, je devrais dire talentueuses, car il m'a semblé que les jurés ont plutôt favorisés des hommes. Peut-être est-ce une impression ... En tout cas les femmes ne manquaient pas de talent comme Julie Mechali et son envolée bucholique en écrin de verdure ...... Pauline Daniel et son filet de rouget frétillant dans sa sauce champagne.
Ou encore Maud Argaïbi (stylisme Soizic Chomel) et ses maquereaux en goguette. et ce ne sont que quelques exemples.Le festival est aussi un lieu où se font des rencontres. Ainsi Clémence Le Rouzic a-t-elle sympathisé avec Roseline Bigi. Qui sait si nous ne les retrouverons pas associées pour une nouvelle prise de vues ?Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont les clichés originaux des photographes festivaliers.