Bonne nouvelle, en sciences comme en football, la France fait toujours partie des 32 plus grandes nations. Certes, dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas très glorieux: passée par les barrages pour obtenir son ticket aller pour le Mondial 2014, notre équipe national ne fait plus peur à beaucoup d’équipes; et la 25e place obtenue en mathématiques doit faire de la peine à quelques amateurs de topologie. Mais est-ce si grave que cela?
Lancé en 2000 par l’OCDE, le programme PISA (Program for International Student Assessment ) a pour but de mesurer les performances des systèmes éducatifs de ses payes membres. Pour cela, PISA s’appuie sur une évaluation commune les connaissances en mathématiques, en sciences et en lecture d’une population d’élèves de 15 ans: plus d’un million d’élèves seraient ainsi mis à contribution. Ce que reflète donc le résultat de l’étude PISA menée en 2012 et qui vient de paraître, c’est une mesure du niveau moyen des dits élèves. Et absolument pas le niveau de ses meilleurs ou de ses plus mauvais représentants.
Que reflètent donc ces résultats? Que notre pays, lancé depuis plus de vingt ans dans une politique visant à mener le plus grand nombre d’élèves au bac, permet probablement à ce plus grand nombre de poursuivre des études, quand bien même leur niveau ne serait pas totalement satisfaisant: et de fait, des élèves qui auparavant seraient probablement sortis du système scolaire, se retrouvent, de nos jours, toujours scolarisés à 15 ans, quand bien même leur niveau aurait stagné.
Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir? Je considère que la vocation d’un système éducatif consiste à mener le plus grand nombre d’élèves au bout de sa scolarité, et idéalement jusqu’au bac. Mais cela ne doit pas se faire en trichant, c’est à dire en abaissant le niveau des examens tels que le baccalauréat, comme c’es le cas depuis quelques années. Peut-on dignement comparer l’épreuve de maths du bac C 1978 avec son équivalent de 2013? Certainement pas.
Ce que montre PISA, c’est que certes nous poussons de plus en plus d’élèves à poursuivre leurs études, mais nous le faisons au détriment du niveau général. Pour remédier à cette situation, et flirter avec les « champions de PISA », comme la Chine, Singapour ou la Corée, il n’y a qu’un moyen – mais je doute qu’aucun gouvernement ne se risque sur cette voie: c’est de revaloriser le statut des enseignants du primaire et du secondaire. Et quand je dis revaloriser, je pense non seulement au statut social, mais aussi aux finances. Combien de professeurs encore plus talentueux aurions-nous si les salaires de l’enseignement n’étaient pas aussi bas?
La seule mauvaise nouvelle de ce classement 2012, c’est la lente dégringolade va se poursuivre, inexorablement. Et peut-être flirterons-nous avec l’Islande ou la Grèce d’ici quelques années. A noter, au passage, le rang d’Israël, encore plus faible que celui de la France: la startup nation connaît les mêmes affres d’un système éducatif en déréliction pour la grande masse de ses élèves, pour ne privilégier que la petite fraction de ceux qui vont pousser leurs études un peu plus loin.
Note: vous pouvez vous faire une idée du type de problème de maths posé aux élèves dans le cadre de PISA. Merci de ne pas donner la réponse en commentaire …