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Interview de Virginie Bégaudeau: Amadeus

Par Ric01a

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   Virginie Bégaudeau âgé de vingt quatre ans, comme beaucoup de jeunes auteures et auteurs, a toujours rêvé de faire partie du monde de l’écriture. C’est chose faite depuis l’année 2008 avec Mademoiselle Élisabeth auto-édité. Rapidement suivie par le tome deux d’Élisabeth, également en auto-édition en 2011, puis par Adieu Blanche neige et l’intégrale d’Élisabeth en maison d’édition au courant de l’année 2013. Elle vient aujourd’hui répondre aux questions implacables de votre serviteur Hympthypeuhmëpah Troll sur son prochain roman qui s’intitule Amadeus.

   Commençons par des questions d’ordres générales:

  • Comment as-tu découvert ta passion pour l’écriture ?

   Au moment où j’ai su écrire, je crois. J’adorais écrire à partir d’une image. Je ne sais pas dessiner mais mes parents m’offraient des pochoirs. A partir de là, je créais des histoires qui ressemblaient plus à des bandes-dessinées qu’autre chose. Il paraît qu’il reste des traces de mes premières histoires, j’espère qu’on ne les retrouvera pas !
J’ai toujours voulu être écrivain, c’est la seule certitude que j’ai depuis que je suis capable d’en avoir.

  • Quel support d’écriture utilises-tu? Numérique, papier…

   Mes doigts dans le sable. J’aime l’idée d’être en contact avec la nature.
J’ai commencé mon premier livre sur un cahier car à l’époque je n’avais pas d’ordinateur portable ce n’était pas aussi démocratisé, bien que j’ai fait mes débuts à l’âge de huit ou neuf ans sur  un Windows 95 pour écrire des histoires à ma grand-mère. Le jour où j’ai goûté à mon clavier personnel, je n’ai pas cessé de travailler dessus. Je prends peu de notes sauf sur les impressions !

  • Quels sont tes lieux de travail préférés ?

   PARIS. Il n’y a pas d’endroit spécifique, je dirais la ville dans tous ses états. Bon, il y a aussi mon lit. J’aime travailler au lit en pyjama.

  • Quelles difficultés as-tu rencontré pour l’écriture et la publication de ton premier livre?

   J’ai choisi l’auto-édition pour mon premier roman « Mademoiselle Elisabeth ». J’avais 19 ans. Un choix sérieux après avoir pris connaissance du monde de l’édition. Et puis, je voulais faire un essai, voir si j’étais capable d’avoir des lecteurs. J’ai été bluffée par l’expérience et du soutien que j’ai reçu de mon entourage. Au niveau de l’écriture, je n’ai pas eu de difficultés particulières au contraire, ce roman demeure un de mes plus beaux souvenirs. J’ai eu envie d’écrire cette histoire mais aujourd’hui encore je suis toujours émue lorsqu’on en parle et sachant qu’il ressort en début d’année, je suis fière de son parcours.
Après deux ans en auto-édition, j’ai voulu franchir le pas et trouver un éditeur. J’ai eu la chance d’avoir eu peu de refus. Ma seule désillusion est la liquidation de la maison qui a publié « Amadeus » pour la première fois. Un choc mais la meilleure chose qui soit arrivée. J’ai pu retravailler le roman, l’améliorer et lui donner une seconde vie. Aujourd’hui, je suis heureuse de ma collaboration avec Bookstory et Guillaume qui est un éditeur attentif et passionné. C’est rare.
En parallèle, je laisse vivre mes autres ouvrages qui ont trouvé leur maison. Je vise toujours plus haut pour la suite. Je me bats constamment pour trouver ma place.

   On peut sentir chez cette jeune femme une passion dévorante pour l’écriture. Chose que j’ai pu vérifier au cours de mes nombreuses discutions avec elle.
Nous entrons enfin dans le vif du sujet, parlons donc d’Amadeus.

  • D’où te vient cette idée de traiter du fanatisme dans ce roman et pourquoi dans le domaine artistique ?

   Je n’ai pas directement décidé de traiter du fanatisme. La genèse d’ « Amadeus » est un peu plus complexe. J’avais envie d’écrire un roman noir, fin 19ème et parisien. C’était la première de mes motivations mais pas une de mes priorités. Puis, un jour à la sortie d’un spectacle relativement célèbre, j’ai assisté à tout ça. J’ai eu la révélation que beaucoup d’auteurs ont la chance de rencontrer à un moment donné. Des groupies, des hystériques, se battaient pour une place contre des barrières glacées dans l’espoir d’approcher, à peine d’apercevoir, l’Artiste. Et le pire dans tout cela, c’est que ce n’était certainement pas la première fois. Je n’ai pas compris alors j’ai tenté de le coucher sur papier afin d’analyser. Évidemment, ce n’est pas un nouveau phénomène. Le fanatisme, pour une cause, une croyance ou un nom, est effrayant.

  • Combien de temps as-tu passé sur ce livre? ( recherches, écriture)

   J’ai commencé « Amadeus » le 16 janvier 2011 à 21h06, j’ai posé le dernier point le 9 juin de la même année à 4h58. A peine 5 mois pour retracer l’envers du décor. C’est un de mes plus gros travail et le plus enrichissant. Je dois avouer que j’ai été très loin dans l’écriture, rencontres dangereuses, déviances, épuisement au point d’en tomber malade. Une amie qui était proche du roman au moment de l’élaboration m’a demandée :  « Qui fait vivre qui ? Est-ce toi qui donne vie à Amadeus ou bien n’est-ce pas l’inverse qui a fini par arriver? ». J’ai eu une réelle prise de conscience à ce moment-là. J’ai approché des personnes, et vice-versa, qui n’étaient pas saines, absolument hors de la réalité et prêtes à tout pour défendre, à tort, quelque chose qu’elles ne maîtriseront jamais. (cf : interview Bistory sur le scandale Amadeus). J’ai fait un « Book-Blues ». Oui, les femmes font bien des « baby-blues » pourquoi les artistes ne pourraient-ils pas être malheureux après avoir donné vie à leurs œuvres. Je suis partie vivre hors des frontières françaises pour oublier. Cela n’a évidemment pas fonctionné. J’ai dû attendre la publication du livre pour accepter que c’était terminé, que je pouvais passer à autre chose. Alors si l’on compte le temps d’écriture je dirais 5 mois, pour tout le reste il m’aura fallu plus de deux ans pour tourner la page. Ce n’est pas seulement un livre, « Amadeus », c’était aussi l’espoir de réussir là où beaucoup n’y ont pas cru.

  • Quels ont été tes inspirations pour les personnages?

   En premier lieu, je me suis inspirée de ce que j’ai vu hors de la scène. Principalement des fanatiques mais sans nom en particulier. Il y avait aussi le rôle principal du spectacle auquel j’ai assisté. J’ai surtout gardé en tête son apparence pour mon personnage, quelques traits de sa personnalité, c’est tout, le reste ne le concerne pas. Je voulais un héros intemporel.
Pour les fanatiques, c’est malheureusement peu exhaustif. Bien qu’elles aient le même objectif à tenir, elles ont des comportements relativement différents. J’ai pourtant rencontré deux types très marqués.
Les fanatiques dangereuses pour l’artiste, celles qui sont prêtes à toutes les folies pour obtenir l’exclusivité, et les fanatiques dangereuses pour elles-mêmes. C’est une forme de frustration. Dans tous les cas, il n’y a aucune prise de conscience.

  • Quels auteurs t’ont inspiré pour ce livre ?

 En temps normal, je suis inspirée par les auteurs du 19ème, Maupassant, Baudelaire…Ou bien mon auteure préférée Margaret Mitchell (ndlr : Autant en emporte le vent ). Pour « Amadeus », je n’ai pas eu l’impression d’avoir été guidée. J’ai eu besoin d’écrire ce que je voyais, c’est tout.

  • A qui s’adresse « Amadeus »? Que peuvent en retirer les lecteurs ? (Morale)

   Je mentirais si je ne répondais pas « aux fanatiques ». C’est la première chose que j’ai voulu faire en écrivant. J’espérais qu’elles prendraient conscience de ce qui se passait sous leur nez. Bon évidemment, on est naïve à 21 ans et on a parfois la prétention d’avoir découvert le Saint Graal lorsque l’on est convaincue de quelque chose.
Au fur et à mesure, j’ai compris que c’était un roman qui pouvait plaire à un plus large public, ce qui s’est confirmé par la suite. Ironie ; aucune des fanatiques n’a lu ! C’est avant tout une histoire qui parle d’adulation à tous les sens du terme, j’imagine que cela touche plus d’une personne.
Ce que je désirais par dessus tout c’était qu’en refermant « Amadeus », l’on se dise que ce n’était pas un livre banal, que l’on se sente mal à l’aise et que l’on prenne du recul sur cette vie par procuration. Un monsieur pour qui j’ai une très grande admiration a d’ailleurs déjà écrit sur le sujet une chanson au titre explicite : « La vie par procuration ». Ce n’est pas un sujet isolé, au contraire. Nous sommes confrontés au fanatisme tous les jours et à tous les niveaux.

  • Il arrive parfois que certaines relations entre les personnages manquent de maturité (de mon point de vue) est-ce voulu ? Est-ce ta vision des choses où mon côté macho qui fait des siennes ?

   Il n’y a pas que les hommes qui ont eu cette réaction ! Les personnages exposés dans « Amadeus » sont la plupart dénués de bon sens ou de caractère. Cela leur permet d’être plus facilement influencés par ce qui les entoure. En général, nous tombons dans le monde fanatique lors d’un moment de faiblesse, passager ou non. Il est plus facile de fuir la réalité en espérant vivre à travers quelqu’un d’autre. Le personnage d’Amadeus, par exemple, est un peu la caricature de la jeune fille naïve qui n’a pas encore assez vécu et qui chute. Prune Munier, l’archétype de la petite peste gâtée qui grandira, principale opposante. Elle cherche à plaire à n’importe quelle prix et pour le simple plaisir d’assurer sa place. Et puis, il ne faut pas oublier que nous sommes au 19ème siècle et que l’éducation était bien différente. Les rebellions ou les prises de position étaient en général faîtes pour les romans.

  • Comment expliquer ce mouvement de fans hystériques après la publication d’Amadeus ? Serait-ce de la colère devant à une image qui les met face à leur comportement ? Ou un désir de se faire respecter dans leur choix ?

   Le mouvement de « fans hystériques » ne se résume en fait qu’à une seule personne que j’ai eu le déplaisir de rencontrer au cours de l’élaboration du livre. Une personne qui représente particulièrement bien la catégorie des fanatiques intimement persuadées d’être indispensables à l’artiste. Ayant très peu côtoyée cette personne, je peux seulement dire qu’elle a essayé de me faire du tort par jalousie et par peur d’être prise à son propre jeu. Les fanatiques ont peur d’être catalogué comme telles et elles n’assument ni leurs actes ni leur comportement. Elles se rejettent la faute sans arrêt. C’est un ballon prisonnier où personne ne s’échappe.
Ensuite, il faut savoir que les fanatiques ont besoin d’une raison pour exister. C’est au delà du besoin de vivre. Avoir la reconnaissance de leurs pairs dans une petite société à laquelle elles  appartiennent. Et comme dans toute société, il faut briller. A ce moment là il n’y a plus beaucoup de limite. On pourrait penser que les adolescents sont le plus touchés par ce phénomène d’identification. Ce n’est malheureusement pas vrai…J’ai rencontré des mères de familles, des femmes d’âge mûr qui abandonnent mari, enfants, le temps de quelques heures près de l’artiste. Une fois rentrées à la maison, elles ne songent qu’à la fois suivante.
C’est un scandale qui n’a pas lieu d’être et qui porte atteinte à la crédibilité des personnes concernées. Se vanter d’être une fanatique n’est, à mon sens, pas très glorieux.

L’interview se termine là. J’invite tout le monde à lire ce livre, disponible chez Bookstory pour la modique somme de quatre euros. Le livre se laisse lire et l’histoire est très intéressante pour ma part. Je remercie donc Virginie Bégaudau de s’être prêtée au jeu de l’interview. J’espère que ses réponses auront aidé ses lecteurs à éclaircir certains points du roman. Pour les autres, qu’elles vous auront donné envie de le lire et de découvrir son univers.

"Que l’on me serve un gigot de gobelin farcie!!"


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