Sur le fond, ces grâces sont sans doute quelque peu désuètes. Il n’y a pas de raison qu’un chef d’État – qu’il soit roi, président ou ministre d’ailleurs – se substitue au pouvoir judiciaire. Que diable, la séparation des pouvoirs ne remonte-t-elle pas à la Rome antique ? N’est-il pas temps d’appliquer réellement ce principe de base ? L’idée qu’il faut permettre de résoudre certaines situations qui ont évolué est cependant assez pertinente. Faut-il pour autant que la « grâce » soit accordée par le pouvoir politique ? Il y a certainement d’autres pistes à mettre en place, ou simplement à exploiter.
Une des difficultés mises en avant dans le cas présent est que les grâces sont liées pour l’essentiel à des infractions au code de la route et que celles-ci seraient donc banalisées. Les grâces seraient même - s’il faut en croire ce qu’on en dit – une atteinte aux victimes ! D’abord, il convient de constater que les grâces accordées concernent des faits n’ayant entraîné ni blessé ni tué. Ensuite, sans connaître les détails des dossiers, il est évident que toutes les infractions au code de la route ne sont pas absoutes par le simple effet de quelques grâces. Enfin, il serait vain de croire qu’on est moins victime parce que le coupable est puni. Cette évidence quand on y pense est cependant loin de faire l’unanimité… mais c’est une autre histoire !
Au bout du compte, tout cela ne serait rien si la Belgique n’était pas entrée en période pré-électorale. Où – par définition ? – tous les coups sont permis. Il est surprenant quand même de voir comment tous les partis – et bien d’autres – montent au sommet de leur petite échelle pour essayer de poursuivre dans son ascension nauséabonde un parti qui ne cherche qu’à faire parler de lui-même, le reste – le fond du discours – n’étant qu’accessoire.
Voilà des grâces bien mâtinées de stratégie politico-politicienne !