One woman show écrit par Ariane Brodier, Yannick Vabre, Clément Charton
Présentation : Telle une funambule, Ariane Brodier avance sur le fil et jongle avec des personnages tout droit issus de l’Olympe. Elle revisite les grandes figures mythologiques… « Ariane fait sa mytho » répond à toutes les questions que l’on ne s’était jamais posées.
Mon avis : Je m’étais toujours demandé pourquoi il y avait des demi-dieux et pas de demi-déesses, d’autant que les femmes sont sensées être des moitiés. Je suis allé au Bout, à Pigalle, et là j’ai eu l’explication. J’ai vu sur scène une authentique déesse et, qui plus est, ne fait pas les choses à moitié : Ariane Brodier !
Sur son affiche, elle annonce la couleur : « Ariane fait sa mytho ». Mais nous, évidemment, béotiens que nous sommes, vu que c’est une jeune femme, on pense tout de suite à la mythomanie. Normal, ce mot qui vient du grec signifie « mensonge pathologique » ; un truc bien féminin quoi. Eh ben pas du tout. On a tout faux. Et elle nous l’explique tout de go : on reste néanmoins chez les grecs car la « mytho » dont il est question est tout bonnement la… mythologie. Le fil (rouge) d’Ariane, c’est donc la mythologie grecque… Inattendu, non ?
Ariane Brodier réussit le tour de force de nous faire rire (énormément) avec un texte intelligent et une vraie culture. Elle sait de quoi elle parle. Si bien qu’elle peut se permettre, à partir d’une base didactique solide, de déraper et de nous embarquer dans un univers complètement louftingue… Bénie des dieux, Ariane possède un bagage incroyable : elle est très belle à regarder mais, visiblement, elle s’en contrefout car elle n’a aucun scrupule à se ridiculiser. Elle se livre à des cascades improbables, prend (judicieusement) toutes sortes d’accents, s’autorise des imitations, flirte avec la ventriloquie. Visiblement, ce n’est pas à l’hydromel qu’elle a été abreuvée, mais au cartoon. Ses gags sont très visuels. Elle imprime à son spectacle une cadence de dessin animé avec, en prime s’il vous plaît, une bande son particulièrement élaborée.
Elle se mélange un peu les crayons entre les mythologies grecque et latine. Mais il est vrai qu’apostropher le dieu de l’amour « Cucu » (pour Cupidon) c’est bien plus trognon que « Eh-Eh » (pour Eros). Elle réussit même à remonter le temps et à quitter l’Olympe pour l’Eden afin de camper notre maman à tous, madame Eve. En cinq minutes, elle nous offre un condensé implacable de l’éternel féminin. L’Autre Eternel (celui qui a la barbe) en prend pour son grade ! On comprend mieux pourquoi la femme est responsable de notre punition perpétuelle à tous…
Bref, le one woman show d’Ariane Brodier vaut autant pour son fond que pour sa forme. C’est gonflé, c’est coquin, c’est farfelu ; c’est inventif. On passe au Bout un moment quasi divin en compagnie d’une Aphrodite complètement déjantée qui déborde d’énergie et de bonne humeur. Elle est franchement olympienne.
Gilbert "Critikator" Jouin