Le jour du docteur / The day of the doctor
Episode spécial
Diffusions vo et vf: BBC1 et France 4 en simultanné – 23 novembre 2013
Le docteur reçoit une lettre et une mission de la part de la reine Elizabeth 1ère du nom et cela va le conduire à recontrer deux de ses précédentes incarnations, dont l’une doit prendre la pire décision de la très longue vie du docteur…
50 ans ! Heure pour heure, minute pour minute. Le docteur a 50 ans tout pile et en plus de continuer à exploser le record de la plus longue série de SF en cours, il se permet un nouveau record avec une diffusion simultannée de cet épisode dans 94 pays dont la France qui nous l’a, en plus, proposé en version multilingue. Bel exploit.
Et c’est à peu près la seule chose d’exceptionnel dans cet épisode. Pour un tel évènement, on était en droit de s’attendre à bien plus énorme, un truc qui en jette, qui pète à la figure. Et non. Même si BBC a fait un léger effort sur le budget, à l’image, c’est quand même rikiki et surtout, moins explosif qu’un final de saison de l’ère RTD.
Bon, dans les faits, il se passe un truc énorme vu que Gallifrey n’est plus disparue mais juste cachée et c’est vraiment un twist énorme. Sauf que le problème est que cela vient de façon ridicule et surtout, encore une fois, Moffat envoit chier toutes les règles établies jusque là parce que monsieur, ça l’arrange comme ça. Et prime, il se permet même de caser ce gros fuck à la continuité au détours d’un dialogue entre Ten et Eleven, Ten rappelant qu’on ne peut pas changer les points fixes dans le temps et Eleven « Mais si, on peut maintenant ». En gros, fuck le passé.
Et d’ailleurs, cet épisode, en plus de massacrer la continuité, fait abstraction du passé. A part le retour de Ten et Rose dénaturés, on a droit à Tom Baker dans un autre rôle ou pas, juste 2 minutes, histoire de lancer la prochaine quête du docteur. Mouais, mouais, mouais. Et Jack ? Et Donna ? Et Martha ? Et Mickey ? Bon, peut-être pas Mickey et peut-être pas tous les persos de Doctor Who (ça aurait été chiant un défilé des guests « coucou c’est moi ») mais Martha aurait été facile à caser, elle bosse quand même chez Unit maintenant, normalement. En fait, pour voir les acteurs qu’on aime, il faut se tourner vers The five(ish) doctors qui suit trois anciens interprètes du docteur qui tentent à tout prix d’apparaitre dans ce spécial et c’est juste très drôle et efficace, surtout quand le secret honteux de John Barrowman est révélé. Et au passage, le pitch pour le spécial par RTD pondu dans cette fiction semblait nettement plus fun, même avec des yeux tirant des lasers ^^
Bon, après, je suis sûr que les fans absolus de Doctor Who ont dû s’éclater avec les multiples clins d’oeil mais bon, ils étaient parfois lourds, comme l’écharpe du disco docteur que l’assistante de Unit n’a pas retiré, même à l’intérieur, que j’imagine pourtant chauffé. Enfin bref… De même, pourquoi tout le fandom s’excite sur la demi seconde du demi visage de Twelve ? Cela semble logique qu’il soit là. En plus, j’avais pas capté le truc, je m’étais juste dis : « Super, les timelords ne savent pas compter, ils sont que 12″. Au final, on voit quand même plus Nine dont l’acteur ne veut plus rien avoir à faire avec la série, même de lloin, plutôt que Twelve qui a voulu ce job. Classe.
Et donc, l’épisode en lui-même ? Le war doctor, le 8.5, va tout faire péter parce qu’il en a assez de voir ses concitoyens se comporter comme des lopettes à courir en pleurant leur race de poules mouillées face à des salières volantes. Ouais enfin, c’est juste que la guerre, ça le gonfle, il a l’âge de la retraite et voudrait pécher tranquillou. Donc, il va tout faire péter grâce au Moment, l’arme absolu, qui a développé une conscience et qui s’inquiète du sort des poussins mouillés (bah oui, les enfants des poules mouillés quoi). Bwahaha, trop triste. Du coup, zou, hop, ça fez à tout va, les docteurs se rencontrent, se font des blagues de cul de primaires, n’arrivent pas à ouvrir une porte ouverte et attendent que Clara débarque pour sauver le monde en ayant la super idée, comme d’hab’. Voili, voilou. C’était passionant dites-moi. Merci Steven Moffat pour cet épisode sans explosion, sans main coupée ou sans titanic spatial frôlant Buckingham Palace. Ouais, c’est nettement plus marquant 4 timelords qui courrent en hurlant de terreur dans un décor en papier maché. Ça en jette nettement plus.
Et c’est là que j’ai un problème avec ce Gallifrey version Moffat. On ne savait rien de la guerre et c’était très bien, on pouvait ainsi tous s’imaginer l’horreur que cela avait dû être entre ces deux espèces ultra puissantes se foutant sur la gueule, toutes deux ayant à la fois tort et raison, aucune n’étant moralement meilleure que l’autre. Or là, Moffat fait des Timelords des toutes gentilles victimes innocentes oppressé par les méchants, très méchants Daleks. Non, non, non ! Les timelords sont tout autant des enfoirés que les Daleks ! Ils ne méritent pas non plus de survivre.
Et j’aurais pû encore pardonné l’écriture maladroite des quelques figurants Timelords, en me disant que bon, c’est juste qu’ils ne sont pas tous des guerriers assoiffés de Daleks. Mais pour cela, les trois docteurs auraient dû aller au bout de leur geste et activer le moment. On aurait une très belle scène où les trois incarnations, celle qui a fait, celle qui a regretté, celle qui a oublié pour ne pas assumer, se seraient partagées la responsabilité. Mais non, on va les sauver.
Certes, sauver les gens fait partir de l’ADN même du docteur, mais si il se comporte ainsi, c’est avant tout parce qu’il a subi le drame d’avoir dû provoquer l’extinction de deux espèces. Du coup, en les sauvant, ça tombe à l’eau. Ah mais non, Moffat a la solution ! L’amnésie pour tout le monde sauf Eleven ! Woué, youpi ! Même Smallville trouvait des justifications aux amnésies qui arrangent le scénariste feignasse…
Bref, 6/10
Cet épisode anniversaire comporte des bons moments, principalement dans les interactions entre les trois docteurs et leurs comparaisons continues (et non, je n’évoque pas là le coup des tournevis soniques). Le problème est que l’histoire développée manque cruellement d’ampleur et en prime, va niquer toute la continuité de la série parce que bon, Moffat, il emmerde tout ce qu’il y a eu avant lui et qu’il n’est pas assez doué en écriture pour écrire l’histoire qu’il veut en jonglant avec les contraintes des règles préétablies. Vivement qu’il lâche enfin l’affaire…