Jouer sur une PS Vita n’est pas l’expérience la plus jouissive du dernier lustre. La console, bien qu’élégante et sexy, manque de titres phares qui décident le gamer à passer le cap. Néanmoins, pour tous les gourmands qui ont sauté sur la portable longiligne day one, ou ceux comme moi qui se sont empressés d’acquérir la belle en vue d’une compatibilité avec la PS4, gageons qu’il est dommage de la laisser roupiller dans le fond de votre tiroir. C’est ici qu’intervient WRC 4. Titre ambigu, pas totalement synchro avec les attentes des intéressés potentiels tels qu’ils s’imposent aujourd’hui, il se pourrait qu’avec ce 4ème épisode rallye-stique, Cendrillon ait trouvé chaussure à son pied.
WRC 4 souffre de deux symptômes incurables. D’une part, l’ombre de son ainé maladroit et désenchanteur, WRC 3, plane au dessus de son statut raté de référence en la matière. L’année passée, WRC 3 avait annoncé du lourd. Malheureusement, ce fût en effet bien trop lourd à digérer. Approximation des trajectoires, manque de finesse dans les contacts entre le véhicule et le sol, manque de punch, interface préhistorique et manque d’intuition générale ont fait de WRC une franchise bénéficiant de toutes les licences, et basta. D’autre part, la presse s’est déjà emparée de ce titre pour en faire le clone de son prédécesseur, et le symbole de la maison Big Ben qui investit dans des licences mais ne les sublime jamais. Dès lors, même si les moins crédules s’offriront la galette sur 360 ou sur PS3 pour confirmer ce qu’ils ont lu, acceptons l’hypothèse que WRC 4 n’a pas passé son examen avec brio sur les consoles de salon.
Par contre, malgré ce florilège d’aprioris négatifs et cette condamnation anticipée, croyez-moi, sur Vita, je m’éclate. Certes, le support rend beaucoup d’imperfections plus digestes, de par le format portable de l’écran et les conditions de jeu souvent moins propices à la concentration optimale; mais toujours est-il que cela fonctionne. Sur Vita, les graphismes ne proposent pas des sprites lisses et luisants mais les voitures et les décors font leur job sans choquer. Les effets de lumières n’inondent pas l’expérience mais ils apparaissent à bon escient et contribuent à une forme d’immersion. L’interface, pourrie l’année passée, a été simplifiée et retravaillée. En effet, les fresques peintes à la main de WRC 3 ont laissé place à des vidéos authentiques de paysages percés par les véhicules déferlant agressivement sur l’asphalte, dans des slow motions du plus bel effet. Esthétiquement, votre rétine ne risque pas de côtoyer votre slip d’émotion mais rien de rédhibitoire n’est à signaler. Dommage pour le manque d’effets d’éclaboussures de boue sous la pluie, et de projections de neige mais bon, vu que c’est sur portable, cela peut encore se concevoir. Concernant les effets sonores, tout y est et tout peut être réglé dans les paramètres. La voix de votre copilote peut être ajustée par rapport au délai avant les obstacles annoncés, les musiques sont parfaitement dans le ton, à l’instar des mélodies de Hans Zimmer dans les grands blockbusters américains, elle dope les sensations entre les courses, j’aime. Les bruits de moteur sont quant à eux criards et ne rendent pas super bien sur la Vita, dommage.En termes d’expérience de courses, les sensation me rappellent les premiers Colin McRae Rally sur PlayStation. Pour survivre aux difficultés des courses, il s’agira de suivre à la lettre les conseils du copilote tout en gérant les accélérations avec parcimonie, ainsi que le frein à main. J’adore, sur Vita je le rappelle, la vision à ras de sol, qui accentue le coté arcade de la simulation. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, cet épisode affirme plus que jamais la direction arcade de la série. Les accidents ne sont pas dramatiques, mais vous devez tout de même gérer votre quota de minutes dédiées aux réparation. Le freinage est important mais il existe souvent un moyen de rattraper une mauvaise manœuvre, même dans le décor. L’option permettant de rembobiner un mouvement mal négocié a été conservée et peut s’avérer utile, toujours dans cet esprit arcade.Bref, sans rivaliser avec ce qu’on est en droit d’attendre d’un jeu de rallye en 2013, ce WRC 4 propose un compromis arcade/simulation qui ne rime jamais avec prise de tête. Cette combinaison des tendances rend le gameplay presque casual et s’adapte terriblement bien à la réalité d’une console portable. Les différentes touches de la Vita sont pour moi trop rapprochées, mais avec ce titre, vu que les manipulations concernent la croix, les deux gâchettes de frein et d’accélération, et le frein à main, les inconforts du pavé de boutons trop petits disparaissent. Le fait de jouer dans des conditions qui vous obligent à rapidement écourter vos parties sur portable s’insère aussi très bien dans la logique d’une aventure qui se vit à coup de courses relativement courtes, de moins de dix minutes chacune.Pour ce qui est des modes de jeu, le service minimum est assuré et rien ne vient bousculer les habitudes des plus anciens. Rallye, courses simples, et les différentes déclinaisons des championnats officiels, tout y est pour varier les décors, les niveaux et les challenges. La difficulté est beaucoup mieux dosée que dans l’opus précédent et au fur et à mesure de votre avancée, les défis et adversaires évoluent en même temps que vous. Concernant les modes en ligne, vous pouvez comparer les classements, classique mais sympa. Des courses en multi-joueurs sont également au menu mais je n’ai pas pu en faire une seule faute de participants…
En ayant fait le tour de la question, je me rends compte que j’espérais des graphismes plus léchés, que le bruit du moteur manque de quelque chose, que j’ai l’impression d’avoir déjà joué à ces courses de rallye en 1998 sur PlayStation mais malgré ces petites déceptions, je tiens ici un jeu de rallye emballant, avec une interface claire et pêchue, une prise en main accessible et dynamique, une possibilité de défier des concurrents en ligne (faut les chopper à temps), une belle durée de vie à travers les différentes compétitions et une sensation de jouer à l’ancienne, tout cela, sur ma console portable qui n’a de toute façon pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent. Certes, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, mais ainsi va la Vita…
Vega
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Conclusion : Un jeu de rallye en manque d'inspiration, trop proche de son aïeul du défunt millésime, qui parvient malgré tout à se faire une place dans la ludothèque maigrichonne de la PS Vita qui se voit toute heureuse de trouver un jeu sympa qui passe le temps correctement.