Un ami me disait il y a quelques temps que l'opinion que j'exprimais sur une question ne reflétait pas celle de la majorité. Je lui ai répondu que je ne cherchais pas l'approbation de la majorité.
En effet, la majorité a généralement tort. C'est même un des "grands théorèmes" de la conduite du changement. L'espèce humaine tend à s'organiser en "systèmes" (au sens systémique du terme). De ce fait, chacun y a un rôle bien défini. Le changement consiste à modifier le système, parce qu'il n'est plus adapté. On passe d'un système à un autre système. Mais, le premier système étant la substance même de notre vie, nous devons le défendre. Ce qui est un tort, si l'adoption du second système est nécessaire à la survie de l'espèce. La majorité est une sorte d'horloge arrêtée. Elle marque l'heure par hasard.
J'ai vécu cette situation lors de la bulle Internet. J'avais lu quelques auteurs (dont un a reçu le prix Nobel, depuis), qui expliquaient que nous vivions un grand moment spéculatif. La démonstration semblait imparable. Mais les gens que je fréquentais n'étaient pas d'accord. Ou, plus exactement, la pression sociale ne leur permettait pas de faire grand chose d'autre que de gonfler la dite bulle. C'est la crise qui a permis un changement de système. Mais les changements ne se font pas toujours ainsi. Le débat démocratique peut aussi les provoquer.