le Pic d'Adam à mi-chemin....
Le Pic d’Adam, quel drôle de nom ! Il y a vingt ans lors de ma première découverte du Sri Lanka, cette montagne m’avait intriguée. Et là, l’occasion se présente de mettre son ascension dans le circuit. Le pic d'Adam, appelé aussi Sri Pada, est un des sommets les plus importants de l'île du Sri Lanka. Conique et haut de 2 243 m, il est considéré comme un lieu saint par les hindous shivaïtes, les bouddhistes, les chrétiens et les musulmans. Les visiteurs les plus célèbres sont :
- Marco Polo qui voulut voir le Pied d’Adam lors de son voyage vers la Chine en 1292. Les chrétiens d’alors croyaient qu’Adam, après avoir mangé le fruit défendu, avait été jeté hors du paradis et était arrivé au sommet du pic où il serait resté mille ans sur un pied en pénitence.
- Ibn Batuta, pèlerin et voyageur arabe connu a atteint le sommet au milieu du 14e siècle. Les Arabes y voyaient la sépulture d’Adam, l’ancêtre de la race humaine.
- Bouddha serait venu sur ce sommet il y a 2580 ans et à sa troisième visite, sous la demande du dieu Saman la déité tutélaire de cette montagne sauvage, y aurait laissé l’empreinte de son pied gauche, vénérée maintenant en tant que relique.
- Shiva est supposé s’être installé au sommet de la montagne pour répandre sur l’humanité sa lumière divine. Cette montagne se nomme pour les Hindous shivaites : Sivanolipadam, « le pied de la lumière de Siva ».
La saison des pèlerinages dure six mois de la pleine lune (poya) de décembre à celle de mai. Ce qui fait que nous montons à trois, tranquillement à partir de Dalhousie sans voir de touristes, excepté une Barcelonaise qui redescend avec deux guides locaux. Par contre nous rencontrons des ouvriers qui réparent les boutiques, des électriciens qui remettent en circulation le système électrique pour éclairer le chemin, l’armée, employée pour réparer les kilomètres de marches d’escaliers, des porteurs qui amènent des balais et tout le matériel de nettoyage pour le temple.
Nous passons d’abord par les belles collines de thé puis le chemin est bordé par les boutiques habituelles pour les touristes, alimentation, boissons, bibelots mais là, tout est fermé, cadenassé, ficelé, il ne faudra compter que sur ce qu’il y a dans notre sac !
Les boutiques pour pélerins sont toutes fermées à cette époque.
Un bouddha couché qui inspire davantage au repos qu'à la marche à venir
Puis une caverne où nous reçoit un bouddha couché tranquillement, pas une grande aide pour nous donner du courage pour grimper mais le lieu est paisible.Nous faisons notre entrée très "officielle" sur le chemin.
Ensuite nous passons une majestueuse porte de pierre qui donne une certaine solennité à notre entrée sur ce chemin sacré.l'arrivée près du stupa blanc
Un stupa blanc sur notre droite entouré d’un beau jardin sera notre repère visuel lors de la montée."quand faut y aller, faut y aller" comme on dit à Lyon
Les marches pour l’instant sont espacées et nous profitons de la traversée d’un torrent pour faire un petit pique-nique avant d’aborder les longues volées de marches. Si on lève les yeux on voit encore le sommet, très loin tout là-haut derrière une immense forêt et il est difficile de croire qu'on va pouvoir atteindre le sommet dans quelques heures, il semble perdu dans la brume, qui ne va d’ailleurs pas tarder à nous envelopper avec un très léger crachin.Dis, c'est encore loin le pic d'Adam ? Tais toi et marche !
A mi-parcours, le soleil revient pour nous permettre d’admirer un paysage grandiose et exceptionnellement beau, on se croirait dans un film de fées et de jardins magiques, je suis prête à voir des elfes au milieu des papillons et des plantes tropicales. Mais le temps passe et nous voulons monter au plus vite pour redescendre la partie la plus difficile avant la nuit !
notre petit stupa blanc repère
ça grimpe de plus en plus et les marches ne s'arrangent pas !
La dernière partie s’annonce, avec trois rangées de rampes métalliques. Il faut prendre la montée de droite. Même s’il n’y a pas un chat nous obéissons à la consigne.prendre la montée de droite...
et toujours dans le bas notre stupa blanc !
Quand il y a du monde ce doit être terrible car on ne peut pas monter deux de front, les rampes sont faites pour aider les personnes à monter en se tenant à droite et à gauche. Auparavant il n’y avait que des rochers abrupts et des cordes pour pouvoir grimper par ce côté et il est arrivé que la corde casse, envoyant tout le monde en bas…le sanctuaire est fermé et le sommet dans le brouillard
la pancarte au sommet
Nous arrivons à 17 heures, trempés de trois heures d’efforts mais nous ne verrons pas le pied, que ce soit celui d’Adam ou du Bouddha, le sanctuaire est fermé, les peintres passent des couches de peinture argentée partout, seuls deux ou trois touristes bouddhistes et une petite communauté sont montés pour passer la nuit et voir le lever du soleil. A 17 h 30 nous reprenons la voie non pas du milieu mais de la descente pour bénéficier encore d’une heure de jour pour la partie la plus raide.près du sommet la descente est vraiment raide, mais notre stupa blanc est là,
tout là-bas au fond
la moitié du chemin près de notre lieu de pique-nique
Nous repassons sur notre lieu de pique-nique avant de traverser la rivière et nous savons que nous sommes là à la moitié du chemin, les genoux en vrac et les jambes en flanelle… nous n’arrivons plus à marcher correctement quand il y a une petite partie plate ! La seconde partie nous paraît très longue car nous percevons au loin les lumières du petit village d’arrivée. Il nous faudra attendre encore une heure et demie notre chauffeur qui s’est perdu en route dans les lacets des collines de thé et nous sentons le froid dans le dos malgré la température ambiante agréable. Nous mangeons une soupe aux légumes bien chaude avant de récupérer la voiture qui va encore prendre une heure pour faire les 24 km pour rejoindre notre hôtel de charme dans les collines de thé. La douche chaude est appréciée, un rêve ! ainsi que le lit confortable. Ce n’est que deux jours après que nous allons voir les effets de cette descente sur nos muscles des jambes…