Cette année, plus de la moitié des Français a décidé de faire attention à ses dépenses de fêtes de fin d’année. Selon l’étude de référence, ce sont soit les cadeaux, soit les courses alimentaires qui seront concernées, mais peu importe le poste : en réfléchissant un peu, on peut toujours faire des économies selon ses propres moyens, besoins et priorités. Et parfois, ça a même d’autres avantages…
Me trouvant cette année dans cette catégorie, je me suis mise à réfléchir sur les meilleures façon d’organiser un repas de Noël sans trop dépenser… Ce qui finalement peut être utile à tous, car les économies réalisées peuvent tout aussi bien être utilisées dans des cadeaux ou dans un bon petit resto au mois de janvier !
Planification, substitution, diversion, limitation, imagination : voilà, selon moi, les 5 mots d’ordre à garder en tête en cette période de fêtes pour ne pas tomber dans les pièges des marketeurs trop se laisser emporter par ses élans de générosité –qui sont parfois, je le sais, bien difficiles à contrôler.
Commencer par fixer un budget repas à partir du nombre de convives et de ses moyens. Il va sans dire qu’il ne faudra dépasser ce chiffre sous aucun prétexte –pas de “super affaire”, “j’ai craqué”, “promo d’enfer” ou “j’ai pas pu m’en empêcher” qui vaille. Faire des listes, pour ne rien oublier et s’en tenir à ce dont on a réellement besoin.
Faire un maximum de choses soi-même. Foie gras, rillettes de poisson, amuse-bouche, blinis, pain et pâtisseries maison reviennent (presque) toujours moins cher que ceux proposés dans le commerce. En plus, on peut faire attention à ce qu’on met dedans et le résultat sera sans doute meilleur qu’un produit plein de conservateurs qui aura traîné plus de 72 heures dans les rayons traiteur.
S’y prendre bien à l’avance et faire un rétro-planning. Un, parce que même si on peut éventuellement s’entourer de sous-chefs et de petits commis, on n’a que 2 mains et pas que ça à faire. Il y a beaucoup de choses que l’on peut préparer des semaines à l’avance, et ranger dans le congélateur jusqu’au jour J. Et deux, parce que ça permet d’acheter au meilleur prix. Car plus Noël approche, plus les grandes surfaces auraient tendance à augmenter les prix des produits typiques… Si les achats de foie gras et terrines, marrons, chocolats et autres confiseries et conserves indispensables aux repas traditionnels sont faits dès le mois de novembre, il est apparemment possible d’économiser des sommes non négligeables.
Idem pour les produits surgelés. Qu’ils soient bruts ou préparés, c’est toujours pratique, souvent moins cher et pas forcément moins sain. Donc pas de honte à passer chez Picard de temps en temps, surtout s’il faut nourrir un régiment dans trois semaines. Comme ils doivent faire de la place pour les produits spécialement conçus pour les fêtes, ils font en octobre et novembre des promos très intéressantes. Soupes à -25%, homard cuit à -27%, queues de langouste crues à -33% et jusqu’à -15% pour les framboises, pour n’en citer que quelques-unes. Pour cette année il est peut-être un peu trop tard mais gardez-le à l’esprit pour Noël 2014 –ça arrive toujours plus vite qu’on ne le croit…
Utiliser aussi des produits locaux et de saison. Et c’est valable pour toute l’année. Concevoir le menu en fonction des produits proposés en ce moment dans sa région, ça donne des plats plus savoureux et ça signifie être une(e) citoyen(ne) solidaire et éco-responsble. Moins de frais et d’émissions nocives lors du transport, davantage de fraîcheur dans les assiettes et d’opportunités pour nos voisins producteurs, éleveurs/pêcheurs et artisans.
Solliciter ses invités. On met à disposition la cuisine et la salle à manger : peut-être que les convives peuvent, eux aussi, être mis à contribution ? On peut toujours répartir les tâches –et donc les frais– : Papa peut se charger des boissons et Maman du dessert ; pourquoi pas demander à sa (belle) soeur de faire une entrée et à son oncle d’apporter les fromages ? C’est participatif, plus égalitaire et convivial puisque ça permet d’échanger sur son super caviste ou fromager-affineur, sur sa recette fétiche, sur son ingrédient secret ou sur son primeur favori… Si les rôles ont bien été définis et que personne n’oublie, à priori ça doit fonctionner et chacun pourra être mis à l’honneur !
Lorsque l’on a un budget serré, on peut toujours ruser. C’est bien connu, il y a plein de choses que l’on peut remplacer : du poulet au lieu de la dinde, la truite à la place du saumon fumé, les oeufs de lompe pour le caviar, une terrine plutôt qu’un bloc 100% foie gras, un mousseux –ou même du cidre– à la place du Champagne… Certains pourront voir ces produits comme de vulgaires ersatz, mais personnellement, je préfère une équivalence de bonne qualité à un produit au nom plus prestigieux mais de provenance ou composition douteuses (poulet fermier labellisé vs. dinde aux hormones pré-farcie surgelée, cidre brut artisanal vs. Champagne médiocre de marque auxiliaire, …).
Après, à chacun d’adapter son discours aux invités : soit ils s’attendent à manger des produits chers sans même pouvoir les reconnaître et donc réellement les apprécier ; soit il y a autour de la table de fins connaisseurs qui ne pourront pas être dupés. Dans le premier cas, on peut choisir d’annoncer ce qu’ils attendent, pour leur faire plaisir et éviter des commentaires malvenus. Mais si on préfère être transparent ou qu’on se trouve dans le deuxième cas de figure, le mieux, c’est d’assumer entièrement et de valoriser ces produits tout à fait légitimes qui, s’ils sont bons et bien préparés, n’ont rien à envier aux autres.
Quant à la bûche, elle n’est pas une fatalité. En fin de repas –surtout s’il est très riche– rien ne vaut un fruit frais et bon thé/café accompagné d’un biscuit, d’une madeleine, d’un macaron ou d’un financier fait maison. C’est moins cher, plus léger et garanti de qualité. Mais si on veut quand même marquer le coup avec quelque chose de moins quotidien, on peut toujours opter pour des poires pochées au vin, une bonne mousse aux deux chocolats ou encore une percutante pavlova !
C’est bien connu, un plat se déguste d’abord avec les yeux. Donc séduire le jury les convives à la simple vue du plat, c’est déjà faire la moitié du chemin. Même si l’on sert des choses simples, on peut sublimer la préparation en soignant sa présentation. Jouer sur les volumes, les formes et les couleurs –des récipients ou des aliments– ça fait tout de suite plus raffiné. Et prendre le temps de bien dresser, décorer, saupoudrer, c’est montrer sa volonté de bien faire et la considération que l’on a pour ses invités, qui ne pourront que remercier leur hôte.
La musique, la décoration de la table et du sapin sont aussi des éléments importants –tout comme les cadeaux, les réalisations et projets personnels ou professionnels de chacun, d’ailleurs. Ils sont autant de sujets de discussion utiles pour détourner l’attention ou absorber les commentaires des éventuelles fines bouches qui ont l’habitude de tout critiquer.
Enfin, on peut toujours tirer profit d’une bouteille de Champagne de qualité insuffisante. En préparant un cocktail, 1- on se distingue et on lance la discussion, 2- on masque le goût moyen et 3- on sert davantage de coupes. Excuse imparable : “Je voulais changer, pour une fois –et pour ça je n’allais sûrement pas sacrifier une cuvée millésimée !” Vous connaissez le Kir Royal ou le Mimosa, mais il n’y a pas que ça…
Outre celle de la vitesse sur la route –qui est toujours de mise– je veux l’appliquer à la boisson, justement. Limiter les quantités d’alcool, c’est bon pour le porte-monnaie, pour la ligne, pour le foie… et sans doute pour l’ambiance, car elle peut se dégrader au long de la soirée si l’un décide de lancer un sujet politique ou l’autre commence à laver le linge sale de la famille !
Inutile de multiplier les plats et de trop garnir les assiettes. Le grand plateau de fromages est-il vraiment nécessaire ? Ne peut-on pas éviter les fruits de mer s’il y a déjà un peu de saumon ? Les excès alimentaires, c’est tout aussi mauvais pour le compte bancaire, le sommeil et l’estomac. Et franchement, personne n’a envie de voir les gloutons déboutonner leur pantalon au milieu du repas –ni à la fin, d’ailleurs. Eviter que chacun se serve permet de mieux distribuer la nourriture, d’avoir une déco au centre de la table et tout le monde est servi comme au restaurant. En plus, les petites portions, ça fait peut-être radin pour certains, mais c’est quand même plus élégant.
Pour en revenir aux produits de luxe, on n’est pas forcé de tirer un trait dessus pour contrôler son budget. On peut choisir de se faire plaisir avec un seul produit, à servir –brut mais en portions raisonnables– soit en entrée, soit en plat principal, soit au dessert. On peut aussi utiliser les produits les plus chers en tant qu’ingrédients spéciaux dans des préparations plus originales et travaillées –mélangés à d’autres aliments, même une petite quantité sera suffisante pour nourrir une grande tablée. Les huîtres peuvent se présenter sous forme d’espuma, le foie gras peut servir de base pour une farce ou une sauce, la truffe peut se retrouver dans une huile… Les possibilités sont nombreuses !
Et sinon, il y a des jokers pour étouffer le chrétien ! Pour arriver à satisfaire les gros estomacs, il existe toujours des solutions relativement bon marché. Un pain surprise, des canapés à base de pâte feuilletée, des aumônières de crêpes ou galettes –le tout fait maison, bien sûr– avant de commencer, un velouté ou une crème en entrée, des féculents en grande quantité pour accompagner, de généreuses corbeilles de pain sur la table, et à la fin du repas, normalement tout le monde aura trop assez mangé –sans avoir ruiné l’hôte.
Nota Bene : Ce dernier point ne s’adresse qu’aux esprits un peu rebelles, qui n’hésitent pas à bousculer les traditions !
Pourquoi ne pas recevoir le 24 après-midi ou le 25 matin pour un goûter ou un brunch de Noël ? Chocolat et vin chauds, petits biscuits maison ou gros gâteau pour un tea time convivial, on passe un bon moment tous ensemble et hop ! tout le monde rentre chez soi ou passe la soirée chez l’autre côté de la famille. Quant au brunch, vu qu’il n’y a aucune règle, ça offre plus de possibilités et ça s’adapte vraiment à tous les budgets. Crêpes, croissants, pancakes ou blinis, confitures et pâtes à tartiner, quelques oeufs ou un peu de saumon fumé, plein de fruits, de thé, de café et le tour est joué ! Même si l’on trinque avec une coupe de Champagne ou un mimosa, une économie sera forcément réalisée sur l’alcool –et plein d’autres ingrédients, souvent jugés incongrus en pleine matinée.
Le plateau de fruits de mer, les vins chers, le foie gras, les marrons glacés ou le chocolat ne sont pas un passage obligé ! Les fêtes de fin d’année sont synonymes de générosité et de plaisir, certes, mais il y a beaucoup d’autres plats et ingrédients qui nous enchantent… Arrêtons de s’enfermer dans des stéréotypes ! L’essentiel est de s’écouter et de connaître les goûts de ceux que l’on invite. Un bon risotto bien présenté, par exemple, peut être parfait. Et si une partie du public a moins de 16 ans, peut-être qu’un burger, un bagel ou une pizza maison seraient plus appréciés qu’un plat cher et compliqué –il ne faut pas hésiter à demander ;)
Dernière idée un peu folle : changer le traditionnel réveillon de Noël en soirée à thème. Sarape, cactus et chili con carne pour un Noël tex-mex ; Union Jack, couronnes et fish & chips pour un Noël britannique ; cocotiers, zouk et colombo pour un Noël antillais ; kimonos, sakura et udon pour un Noël nippon ; tango, poncho et empanadas pour un Noël argentin ; Ganesh, saris et curry pour un Noël indien… Il y a dans toutes les cuisines traditionnelles des plats intéressants et abordables. C’est différent, rigolo et folklorique, une parfaite occasion pour les enfants de découvrir en famille une culture différente de la nôtre, un point de départ pour dépasser les clichés, élargir sa culture et s’évader –au lieu de rester scotchés devant Maman, j’ai raté l’avion. Changer chaque année, ça permet d’apprendre davantage, de ne pas s’ennuyer –et ça fera des souvenirs sympa, des repères dans le temps au moment de feuilleter visionner les albums photo… Encore faut-il oser !
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L’important, c’est de bien garder à l’esprit que même si Noël est devenu synonyme de consommation, c’est en réalité une célébration de la famille, du partage, de la solidarité, de la bienveillance… L’idée, c’est de traduire ces valeurs autour de la table, même si on n’a pas les moyens d’offrir un repas de luxe ;)
En attendant quelques recettes à venir, vous pouvez peut-être nous dire quelles sont vos astuces pour faire la fête sans vous ruiner ?