Le bonheur de jouer, de créer chaque jour le spectacle ne s’émousse pas.
Nous voici au milieu de notre troisième étape, après la place Flagey à Ixelles et le parvis Sainte-Alix à Woluwe-Saint-Pierre, nous sommes depuis une semaine et de mercredi à dimanche prochain encore devant la gare des Guillemins de Liège.
Nous prenons nos marques, certes, et les rites d’un tel jeu se sont mis en place : essais de l’accord des voix dans les loges, essais du piano, du sax de mon fils Stéphane (à l’origine de la création, puisque je voulais qu’il puisse exprimer son très grand talent), placement des micros par Aurélie, mise des vêtements, le sourire de la blonde Caroline, de l’équipe de production, les boissons préparées derrière le "vrai" bar par Christian, la présence rassurante de Cédric, le boss, etc.
Mais c’est toujours la délicieuse tension avec le brouhaha du public, nos derniers encouragements entre nous, les sourires et les rires complices, l’émerveillement de pouvoir vivre une telle aventure (et les remerciements à la fin du spectacle sont sincères !)
Les personnes que nous connaissons ou pas dans la salle de la Boîte nous font part de l’évolution de leurs émotions : de l’étonnement devant la superbe reconstitution du décor, de l’intérêt des informations sur ces cent ans d’histoire pittoresque, drôle ou tragique, de l’engouement à l’écoute de toutes ces musiques qui accompagnent notre vie, du grand talent des artistes jusqu’à la joie souriante, enthousiaste et collective de la finale.
Pierre Kroll et sa femme, Dominique Demoulin, nous disaient hier "qu’ils avaient tout oublié de l’actualité, du quotidien pour vivre hors du temps, emportés dans cette création magnifique" !
Le bonheur d’une telle tournée ne s’émousse pas non plus.
Pour ma part, loger sur place ajoute au dépaysement. Voir et bavarder, écouter. Imaginer aussi que je pose mes pieds dans les traces des autres artistes nomades. Ceux que j’ai interviewés durant tant d’années. Je vis donc à mon tour ce plaisir qu’ils décrivaient à mon micro : celui de rencontrer les publics, d’aller de ville en ville, de partager…
Quel cadeau la Vie me fait-elle là !
(Sur la photo juste avant le spectacle : Aurélie Remy, Stéphane Mercier, François Makanga, Casimir Liberski et Mercedes Gomez)