Selon l’intensité de la pluie, le conducteur choisit de réguler la vitesse de ses essuie-glaces de manière plus rapide sous une pluie battante ou au contraire plus lente en cas de pluie légère. C’est à partir de cette observation élémentaire que des chercheurs de l’Université de Hanovre ont lancé le projet “Rain Cars”. L’initiative vise à utiliser les voitures équipées de GPS et en mouvement comme des dispositifs de mesure des précipitations. En effet, dans des territoires au sein desquels les précipitations peuvent être très variables entre les régions comme en Allemagne du Nord, les données de pluviomètres classiques sont exactes mais les dispositifs placés à trop peu d’endroits. En conséquence, trop peu de variations sont captées et des données manquent quant à la prévision des crues par exemple. Le projet Rain Cars répond donc à cette lacune. Les plus récents résultats du projet sont désormais publiés en hydrologie et des sciences de la Terre, et accessible en open data via l’union européenne des géosciences (EGU).
Différents types de mesures
Avec plus de 40 millions de véhicules en circulation sur le territoire germanique et l’augmentation du trafic à travers le monde entier, la densité des résultats semble être assurée. “Si toutes les voitures pouvaient être utilisées pour mesurer les précipitations, la densité du réseau pourrait être améliorée de façon spectaculaire”, explique le responsable du projet Uwe Haberlandt. Plusieurs séries d’expériences ont été effectuées. La première mesurait les ajustements manuels de la vitesse des essuie-glaces selon la visibilité sur le pare brise en laboratoire. "Les expériences ont montré que la visibilité est un bon indicateur de l'intensité des précipitations”, explique Ehsan Rabiei, auteur principal du rapport. Cependant, la perception étant subjective, les mesures dépendent également du conducteur. C’est pourquoi dans une seconde série de tests, ce sont les capteurs optiques disposés sur les voitures pour régler automatiquement la vitesse des essuie-glaces qui ont été utilisés. Chaque lecture permet alors d’obtenir la quantité spécifique d’eau et ce de manière plus fréquente. En plaçant d’autres capteurs comme un dispositif de rotation, les chercheurs pourraient également mesurer l’impact de la vitesse sur les mesures.
Un concept à valider “grandeur nature” dont le nombre de résultats atteste la fiabilité
En extérieur, la vitesse n’est bien évidemment pas la seule cause pouvant altérer les mesures de pluie. "Nos expériences ont été effectuées dans un environnement idéal et contrôlé. Dans la nature, il ya des effets externes comme le vent, la pulvérisation provenant d'autres voitures ou les arbres qui peuvent affecter les mesures”, déclare Ehsan Rabiei. Les chercheurs travaillent donc sur des expériences de terrain pour mesurer de réelles précipitations dans et autour de la ville de Hanovre. Si les chercheurs admettent que la fiabilité d’une mesure est moindre par rapport à un pluviomètre, c’est le nombre bien plus élevé de points de mesure qui améliorerait celle-ci. "Dans une étude des sciences de la Terre et de l'hydrologie publiée en 2010 deux des membres de l'équipe ont montré qu'un grand nombre de pluviomètres moins précis donne des mesures de précipitations plus fiables qu’un faible nombre d'appareils très précis”, conclut Ehsan Rabiei.