Au lendemain de l'évacuation d'un des plus grand camp de Roms du pays, à Saint-Ouen,
en Seine-Saint-Denis, Manuel Valls reconnaît que certaines familles ont de vrais projets d'intégration.
Nous aimerions comprendre le sens de cette déclaration après que cette expulsion, qui ruine les efforts
d'intégration de familles, notamment la scolarisation des enfants, n'ait encore été suivie à minima d'aucune solution d'hébergement...
Il nous est en effet de plus en plus difficile de comprendre qu'au pretexte de protéger les gens de conditions de vie insalubres ou évaluées comme dangereuse on les jette sur les trottoirs, dans le froid, sans-abri, sans aucune autre solution...
19 11 2013
La voix des rroms
Demain mercredi 20 novembre à 9 heures le Tribunal de grande instance de Bobigny jugera la demande d’expulsion formulée par l’aménageur public Séquano contre les familles rroms du village d’insertion à Saint-Ouen. Les familles ont assigné la ville de Saint-Ouen à ce procès. Elles estiment devoir être relogées par la ville en cas d’expulsion. Entre autres, ces familles vivent sans électricité depuis le 26 juillet, lorsque le courant a été coupé par l’ALJ 93, ancien gestionnaire du « village ». Sollicitée pour le rétablir, la ville a toujours fait la sourde oreille et semble attendre impatiemment leur expulsion.
Récemment, Mme. Jacqueline Rouillan, maire Front de Gauche de la ville de Saint-Ouen, s’est illustrée en interpellant le ministre de l’Intérieur afin qu’il expulse rapidement un grand bidonville des Rroms installés sur sa ville. Entre autres, la ville de Saint-Ouen se prévalait de son « village d’insertion », comme un exemple positif incarnant sa volonté politique et son effort pour l’intégration des Rroms, volonté et effort pas assez partagés par d’autres communes.
Or, le 15 juillet dernier, la police municipale demandait aux 8 familles restantes sur le « village d’insertion » abandonné par l’ALJ 93 de partir d’eux-mêmes avant que le lendemain elles ne soient expulsées par la force. Les familles sont restées. Les associations La voix des Rroms et Rromeurope ont proposé aux représentants de la ville de continuer et de mener à bien le travail qui avait été mal fait par les gestionnaires depuis cinq ans. La mairie n’a pas donné suite à cette proposition.
Le 26 juillet, l’électricité sur le site a été coupée, puisque le gestionnaire du village (ALJ93) avait résilié le contrat EDF. Les familles ont souhaité la rétablir et régler les factures, mais s’agissant d’un réseau spécial (en pleine zone industrielle), les gestionnaires du réseau électrique ont exigé l’intervention de la mairie. Sollicitée régulièrement, celle-ci continue à faire la sourde oreille. Depuis presque quatre mois, ces huit familles vivent donc sans électricité.
Assignées en justice par le nouveau propriétaire du site, l’aménageur public Séquano, les familles ont à leur tour assigné la mairie, qui en vertu d’une convention passée avec le gestionnaire du défunt village d’insertion, ALJ 93, doit prendre le relais dans leur accompagnement vers l’insertion. L’audience aura lieu ce mercredi 20 novembre au Tribunal de Grande Instance de Bobigny.
Il est loin le temps de la tromperie et de la naïveté, le temps de ce reportage vidéo: http://www.dailymotion.com/video/x9em4p_apres-le-bidonville_news
France24
FOCUS - Polémique autour d’un campement de Roms... par france24
27 11 2013
La Voix des rroms sur Facebook
Ce matin rue des Docks, à Saint-Ouen, une opération administrative et policière, d’une
très grande brutalité, tant sur le plan juridique, que sur le plan des opérations de police, a abîmé encore un peu plus la vie de près de 800 hommes, femmes et
enfants. Ceux-ci s’étaient rassemblés sur ce site par vagues successives issues de précédentes expulsions dans le département du 93. A moins que la mort ne les emporte ils n’en disparaîtront
pas.
Au regard de la brutalité des événements d’aujourd’hui La Voix des Rroms n’a plus qu’une seule demande à faire aux hommes et femmes dont la fonction est de gouverner nos vies, nos villes
et notre Pays. Cette demande s’adresse tout particulièrement à Mme Rouillon, Maire Front de Gauche de Saint-Ouen, Mr Valls, Ministre de l’Intérieur, et Mr Galli, préfet de Seine-saint-Denis : «
Donnez-nous des pioches et des pelles afin que nous creusions les fosses où disparaîtront les hommes, les femmes et les enfants que de partout vous chassez, mais ayez au moins le courage de
les tuer vous-même et d’avouer ainsi que c’est une guerre que vous livrez ! »
Car comment qualifier la mise au trottoir à l’entrée de l’hiver de plusieurs centaines de personnes, dont la moitié d’enfants ? Et au prétexte aussi mensonger que cynique que c’est afin que les
parisiens puissent se chauffer !
Faut il d’abord rappeler que si la loi ne protège plus les plus précaires des dangers mortels de l’hiver, c’est grâce à une modification apportée par la loi sous Nicolas Sarkozy ? Vous avez
choisi votre bord, et engagé votre parti, Mme Rouillon, Maire Front de Gauche de la ville !
Voici les faits : 800 hommes, femmes et
enfants, en grande précarité, avaient trouvé, depuis quelques temps une place isolée et calme où construire des habitats provisoires au fond de la rue des Docks, sur la commune de Saint-Ouen.
Assignés en justice par le propriétaire du terrain, ils se sont défendus avec un avocat, comme tout justiciable en a le droit.
Est-il intolérable aux autorités publiques que des pauvres gens, et de surcroît Rroms, sachent qu’ils ont des droits et sachent les défendre ?
Sans même attendre le rendu de la décision, alors que Préfet, Propriétaire et Maire assuraient aux habitants qu’ils étaient en sécurité jusqu’au 12 Décembre, une seconde procédure rapide a été
lancée par une coalition rassemblant propriétaire, Préfecture et Ville de Saint-Ouen, en prenant soin de ne pas en informer les premiers intéressés, afin qu’ils ne puissent plus se défendre.
Enfin, pour couper court à toute discussion raisonnable, et comme pour bien faire comprendre aux pauvres que pareils aux chiens, leur voix ne compte pas, et qu’ils n’ont qu’à dégager parce qu’ils
dérangent, Mme le Maire a émis, dans le plus grand arbitraire, un arrêté d’expulsion fondé sur une liste de motivations mensongères.
Lundi 27 Novembre, afin de se conformer en apparence à l’esprit de la circulaire interministérielle d’Août 2012, la préfecture a fait envoyer un prestataire privé pour réaliser un «
diagnostic social ». Le habitants se sont vus chanter l’hypocrite ritournelle qu’ils connaissent : « les plus braves d’entre vous auront droit à trois nuits d’hôtel à l’autre bout de
la région ».
Ainsi ce matin, Mr le Préfet, devant plusieurs centaines de policiers et militaires qui venaient de détruire encore un peu plus la vie des gens, souriait devant les caméras de télévision,
conscient qu’il aurait le bonheur de rapporter au Ministère qu’il a réussi son opération de fabrique de mort-vivants.
CONTACT : 06 68 10 72 27 / +40(756)777311 / 06 99 40 32 22
29 11 2013
Le matin du 27 novembre, l’un des plus grands campements roms de France a été évacué à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. La grande majorité des occupants se retrouvent aujourd’hui à la rue. L’expulsion a anéanti tout le processus de scolarisation et d’accès aux soins mis en place auprès des familles.
Des familles sans abri
Les habitants d’un quartier informel de Saint-Ouen (en Seine-Saint-Denis), décrit par les médias comme l’un des campements roms les plus importants de France – on estime que 800 personnes y vivaient à un moment donné –, ont été expulsés de force le matin du mercredi 27 novembre 2013.
Selon les médias, environ 70 mineurs figuraient parmi les quelque 250 personnes évacuées. La grande majorité des résidents expulsés se sont retrouvés à la rue, sans nulle part où vivre, par une température de 7°C qui annonce le début de l’hiver.
Une expulsion illégale
Amnesty International déplore que les autorités françaises – à l'échelon national et local – continuent à bafouer le droit international relatif aux droits humains en procédant à des expulsions forcées de ce type.
L’expulsion de Saint-Ouen a été effectuée à la suite d’une décision rendue par le tribunal de grande instance de Bobigny le 2 octobre 2013. Le tribunal s’est prononcé à la demande des propriétaires des parcelles occupées, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et Réseau ferré de France (RFF), qui demandaient la restitution de ces terrains, et du maire de Saint-Ouen, qui affirmait que les habitations situées sur ou à proximité des rails de chemins de fer posaient un véritable risque de sécurité.
Cette expulsion a été exécutée en dépit des orientations données aux préfets dans la circulaire interministérielle du 26 août 2012, qui les encouragent à mettre en place des mesures d’accompagnement des familles en vue d’une insertion.
Aujourd’hui ces dizaines de familles se retrouvent sans domicile, exposées à des conditions climatiques difficiles et privées de suivi médical et scolaire.
Une politique qui doit cesser
L’expulsion forcée du campement de Saint-Ouen démontre une fois de plus que la circulaire interministérielle publiée il y a un an est insuffisante pour protéger les Roms migrants contre les expulsions forcées.
Amnesty International renouvelle son appel au gouvernement français à prendre des mesures explicites et contraignantes contre cette pratique qui enfreint ses engagements internationaux en matière de droits humains.
Il est primordial d’interdire tout recours aux expulsions forcées car :
- Elles sont illégales au regard des normes du droit européen et international.
- Elles aggravent les conditions de vie des personnes et les condamnent à l’errance.
- Elles entraînent des ruptures de parcours scolaire et de parcours de soin.
- Elles sont traumatisantes pour les enfants notamment.Elles mettent en échec tout processus d’intégration.
- Elles sont contraires à la dignité humaine.